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Ukraine - Joe Biden confronté au renforcement de l’alliance Poutine-Xi Jinping

Vendredi 4 Février 2022

Le premier défie les États-Unis en Ukraine et réclame un nouvel équilibre géopolitique en Europe, le second conteste sa suprématie mondiale : Vladimir Poutine et Xi Jinping défient ouvertement le président Joe Biden en affichant des convergences stratégiques parties pour durer.
 
Les chefs d’État russe et chinois ont profité vendredi de l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin pour parader face à leur rival commun, imposant à Washington la gestion d’un double front, estiment les experts consultés par l’AFP.
 
Les médias officiels chinois ont insisté sur la relation « personnelle » qui les unit. Depuis 2013, ils « se sont rencontrés à environ trente reprises dans diverses occasions, ce qui est rare dans la diplomatie mondiale », écrivait jeudi le média d’État chinois Global Times. « Les deux ont vécu quelques moments intimes avec de la vodka, du caviar et de la glace russe, en célébrant leurs anniversaires respectifs ».
 
De fait, « Xi et Poutine ont une relation plus forte qu’entre Poutine et les deux prédécesseurs de Xi », rappelle à l’AFP Steve Tsang, professeur au SOAS China Institute à l’université de Londres.  
 
Outre une conception solitaire du pouvoir — quand ses prédécesseurs adoptaient une approche plus collégiale — Xi a pour volonté, selon l’expert, « de rendre le monde sûr pour l’autoritarisme ». Et tous deux se retrouvent dans leurs ambitions de « défier l’ordre mondial dominé par les États-Unis ».
 
« Les risques » de Moscou
 
Cela leur impose de mettre de côté — au moins temporairement — leurs différends bilatéraux, notamment les désaccords territoriaux dans l’Extrême-Orient russe et l’expansion de l’influence chinoise dans les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale.  
 
En revanche, « ils s’aideront mutuellement sur des principes généraux plutôt que des objectifs précis », assure Steve Tsang, selon lequel Poutine pourrait demander de l’aide à Pékin en cas de sanctions occidentales. Ce que Xi pourrait lui fournir pourvu que son allié ne gâche pas ses JO d’Hiver en attaquant l’Ukraine immédiatement.  
 
Côté russe, le voyage de Poutine, qui n’avait plus rencontré son allié asiatique depuis le début de la crise de la COVID-19, et alors que Biden a sciemment boycotté les JO, lui permet d’assoir une stature renforcée par les tensions avec l’Ukraine.
 
« La crise ukrainienne a permis d’accroître l’importance relative de la Russie vis-à-vis de la Chine. Xi ne pourrait pas provoquer Biden ni l’Europe de cette façon », explique l’amiral Pascal Ausseur, directeur de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES).  
 
« Et Poutine a montré à Xi qu’il savait prendre des risques géopolitiques et militaires. Pékin a dû apprécier la démonstration ».
 
Moscou valide donc son retour au cœur des priorités de Washington, qui répète pourtant que son défi majeur consistera à limiter l’expansionnisme chinois. Et il démontre qu’il dispose d’un allié des plus solides.
 
« Plus d’actions concertées »
 
« N’oublions pas qu’Obama avait dit à Poutine que la Russie n’était qu’une puissance régionale. Il veut montrer que la Russie joue un rôle central et il y parvient », rappelle Pascal Ausseur à l’AFP.  
 
« C’est dans l’intérêt stratégique de Poutine aujourd’hui de rendre le partenariat Russie-Chine bien plus beau qu’il ne l’est, leurs actions mieux coordonnées et leurs objectifs soigneusement alignés », confirme pour sa part Anton Barbashin, expert de la Russie du groupe de réflexion Riddle, à Glasgow.  
 
« La Russie et la Chine placent la souveraineté au-dessus de tout, donc une alliance serait un mot trop fort », précise-t-il à l’AFP. « Mais nous allons voir plus d’actions concertées dans les relations internationales », ajoute-t-il, insistant sur le fait que cet affichage bilatéral ne vaut essentiellement que face au rival américain.
 
L’administration Biden va pour autant devoir faire preuve d’une grande vigilance.  
« Une stratégie (américaine) de renforcement maritime face à la Russie pourrait prélever des ressources de la région Asie-Pacifique, où elles sont nécessaires dans la compétition avec la Chine », écrivait en janvier la politologue Stephanie Pezard pour le centre d’études américain RAND corporation.
 
Chine et Russie sont par ailleurs pareillement accusées par l’Occident d’exceller dans la guerre informationnelle, en particulier sur les réseaux sociaux, et de disposer d’importantes capacités de cyberattaques.
 
Et tous deux tentent d’imposer de nouvelles règles du jeu géopolitiques. « Il est important pour les États-Unis d’empêcher la Russie et la Chine de tenter de reformater les organisations internationales en fonction de leurs visions du monde et idéologies respectives », estimait Stephanie Pezard.
 
Et si Washington devait être tentée par le repli sur elle-même, « la Russie et la Chine pourraient être tentées de combler le vide », soulignait-elle. (AFP)
 
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