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Ukraine - La défense antiaérienne mobile ne pourra plus repousser que « quelques » attaques

Jeudi 4 Janvier 2024

Photo AFP
Photo AFP

La défense antiaérienne mobile ukrainienne a assez de munitions pour faire face à « quelques » nouvelles frappes russes de grande ampleur, mais ses stocks ne pourront être reconstitués qu’avec l’aide des Occidentaux, alerte un général ukrainien.  

 

Si l’armée ukrainienne dit actuellement parvenir à abattre la plupart des missiles et des drones lancés par la Russie, ces attaques se multiplient ces derniers jours et continuent de faire de nombreuses victimes : une cinquantaine de morts dans celle de vendredi dont 30 à Kyiv, cinq dans celle de mardi et des centaines de civils blessés.

 

« Dans la situation actuelle, en ce qui concerne les systèmes mobiles de défense antiaérienne, les munitions […] sont suffisantes pour résister aux prochaines puissantes attaques », souligne le général Serguiï Naïev, le commandant des forces conjointes ukrainiennes, interrogé mercredi par l’AFP au cours d’une réunion avec d’autres militaires près de Kyiv.

 

« Mais à moyen et long termes, nous avons bien sûr besoin de l’aide des pays occidentaux pour reconstituer le stock de missiles », ajoute celui qui a sous sa charge ces unités chargées notamment de défendre le ciel de la capitale.

 

Pour lui, la priorité est donc d’« obtenir davantage de munitions » face à une armée russe qui « veut vraiment épuiser le système de défense antiaérienne ».

 

Selon le président Volodymyr Zelensky, la Russie a envoyé depuis le 29 décembre 2023 près de 300 missiles et plus de 200 drones explosifs Shahed contre l’Ukraine.

 

Les unités du général Naïev sont quant à elles équipées de systèmes mobiles et non d’équipements plus avancés comme les Patriot américains, capables d’abattre les missiles hypersoniques russes Kinjal. « Bien sûr, nous aimerions plus de missiles pour les Patriot et de systèmes eux-mêmes », poursuit cet officier de haut rang ukrainien.

 

Les deux dernières vagues de frappes russes massives ont été l’occasion pour les responsables ukrainiens d’exhorter les Occidentaux à renforcer leur aide, après presque deux ans d’invasion russe.

 

Fusées leurres

 

Le général Naïev a remis des médailles aux soldats protégeant le ciel, se félicitant d’un « taux d’efficacité d’environ 90 % » au cours de l’attaque aérienne russe de mardi.

 

« Aucun autre système de défense antiaérienne au monde n’est capable d’afficher de tels résultats, surtout lorsqu’il s’agit de combattre la Russie », estime-t-il.

 

Des habitants d’un immeuble éventré par les dernières frappes russes à Kyiv avaient toutefois fait part mardi à l’AFP de leur colère après que la défense ukrainienne n’était pas parvenue à sauver leurs logements.

 

Le général Naïev promet, quant à lui, que « l’amélioration de l’efficacité du système de défense antiaérienne est notre tâche et nous y travaillons 24 heures sur 24, sept jours sur sept ».

 

« Chaque citoyen ukrainien doit être convaincu que les autorités militaires font tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer sa tranquillité », a-t-il encore affirmé.

 

Roman, un soldat qui utilise un lance-missile portatif américain Stinger, raconte comment lui et son équipe ont abattu deux missiles de croisière mardi, avec l’aide d’un canon antiaérien ZU-23.

 

« Nous travaillons désormais plus souvent » et la journée de mardi a été « difficile », admet-il, d’autant que sa famille se trouve toujours dans la capitale ukrainienne.

 

« Ma femme et mon enfant dorment chez eux à Kyiv. Je comprends […] que je dois travailler », dit-il.

 

Mardi, il a d’abord abattu un premier missile avec son Stinger, puis, « six minutes plus tard, le second missile est passé au-dessus de nous ». « Les gars de notre unité ont travaillé avec le ZU-23 sur le second missile, également avec précision », assure ce militaire.

 

Mais la Russie, selon lui, a commencé à recourir à de nouvelles tactiques ces derniers temps.

 

« Les Russes tirent maintenant des missiles qui libèrent des fusées leurres en vol, comme celles des avions ou des hélicoptères. 
 

Cela ne s’était jamais produit auparavant… et c’est un problème pour les Stinger » et leur système de visée infrarouge, explique Roman.

 

Ces leurres sont beaucoup plus chauds que les gaz d’échappement du missile et peuvent ainsi tromper ces systèmes de défense.
 

« Il y a environ un mois, nous en avons entendu parler pour la première fois et, maintenant, nous l’avons vu de nos yeux », poursuit le militaire.

 

Heureusement pour son unité, pendant l’attaque de mardi, les leurres n’ont pas fonctionné, dit-il. [AFP]

 

 

 

 

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