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Un faux chaos sciemment entretenu, une rallonge présidentielle qui cache d’autres ambitions (Par Ndukur Kacc Ndao)

Mercredi 7 Février 2024

L'anthropologue Ndukur Ndao
L'anthropologue Ndukur Ndao

Le bateau BBY vit sa crise par le haut avec la démission de certains ministres et anciens ministres et militants en désaccord avec le processus électoral illégalement suspendu. Ce processus n'est pas nouveau. Bien au contraire. Il est le résultat des contradictions et antagonismes politiques internes. Ils vont se poursuivre. Certes tous les partis politiques subissent cette forme naturelle de contradictions qui se règle selon leurs profondeurs. On peut d'ailleurs se demander pourquoi certains choisissent ce momentum pour quitter le navire. Ce n'est pas simplement des désaccords politiques et idéologiques. C'est sans doute pour des raisons de réajustements stratégiques et d'opportunisme politiques. 

 

On peut d'ailleurs se demander pourquoi certains choisissent ce momentum pour quitter le navire.
 

Le Sénégal devient comme les autres pays africains. En réalité, nous avons la classe politique que nous méritons. Nous savions tous que notre société est en situation d'anomie généralisée (au sens propre du terme c'est-à-dire, absence de normes, de règles ou de lois). Mais puisque nous sommes à l’ère des nafekh (NDLR: mot wolof signifiant hypocrites), une large  fange de personnes "averties" fait semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes. Ils se sont tus sur toutes les dérives du pouvoir. Certains ont même cyniquement pensé que cela allait leur profiter pour assouvir leur propre ambition ‘’Présidentielle’’. 

 

« Macky ne prendrait pas le risque de se salir autant pour une dramatique rallonge de 9 mois. Dans les semaines à venir, on va toucher le fond du fond. »

 

Maintenant le loup est dans la bergerie. La pieuvre de la famille dite "libérale" va installer un bordel terrible sur le pays. Si les gens ne se rebiffent pas, le rouleau compresseur de Macky va niquer ce pays pendant les 10 prochaines années. Macky ne prendrait pas le risque de se salir autant pour une dramatique rallonge de 9 mois. Dans les semaines à venir, on va toucher le fond du fond. Les mises à  mort (au propre comme un figuré) vont se poursuivre, ainsi que les alliances. Un large front de prévaricateurs se mettra en place autour de Macky (sûrement une junte élargie incluant le PDS et autres renégats). Amadou Ba sera bien sûr écarté et Macky aura le destin de Paul Biya. Il va rempiler et s'enkyster ici. J'espère me tromper. 

 

« Ne comptons sur pas sur les vautours de la communauté internationale prêts à dépecer le Sénégal, comme ils le font si bien en Afrique Centrale, au Sahel, etc. La stratégie du chaos profite toujours. Maintenant la seule inconnue c'est la capacité des Sénégalais à refuser d'être conduits à l'abattoir. »

 

Évidemment, on sait historiquement que tous les tyrans s'adossent à une police politique capable d'abus et d'usages disproportionnés de la force y compris dans les contextes extra judiciaires (nous y sommes depuis longtemps). On sait que que partout ailleurs les FDS esquivent tout examen de conscience sur leur rôle durant les dictatures. Ne comptons sur pas sur les vautours de la communauté internationale prêts à dépecer le Sénégal, comme ils le font si bien en Afrique Centrale, au Sahel, etc. La stratégie du chaos profite toujours. Maintenant la seule inconnue c'est la capacité des Sénégalais à refuser d'être conduits à l'abattoir. Mais, il faut nuancer l'incapacité de ce qui reste de l'opposition à faire face comme le ferait Wade à l'époque. Aujourd'hui la féroce répression empêche toute velléité de confrontations directes. Cela doit aussi nous interpeller. Le manque de courage "physique ' n'explique pas ce qui se passe. Mais d'autres formes de luttes émergentes porteront un coup fatal à Macky mais aussi à ce pays qui ne travaille plus depuis plusieurs années. La vraie raison du chaos est à rechercher dans la boulimie personnelle du président. Quel gâchis pour ce pays qui a tout pour émerger des soubresauts de politiciens qui ne voient que l'orteil de leurs jambes. 

Ndukur 

 
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1.Posté par Me François JURAIN le 07/02/2024 15:36
Oui, sauf que les Sénégalais, et on peut les comprendre, n'ont pas trop envie d'aller se faire tuer pour des idées, vu ce qu'ils ont en face d'eux: un dictateur devenu fou, prêt à tout pour sauver sa peau et ne pas rendre de comptes sur ses exactions, qui a depuis quatre ans, patiemment sur-armé sa police et sa gendarmerie à qui n'est donné qu'un seul mot d'ordre:" tuez, tuez et tuez encore, tuez en le plus possible, les autres comprendront!"

Dans ces conditions, vous, iriez-vous, manifester? Désolé, mais moi, pas: tout simplement parce ma mort par balles ne servirait à rien, au contraire, elle légitimerait la dictature en place. (de plus, de par mon statut, je n'en ai pas le droit.) Le dictateur n'en a rien à faire, il a déjà les mains couvertes de sang, car tous les manifestants qui ont péri sous les balles de la gendarmerie ou des FDS sont de sa propre responsabilité et tous les morts à venir ne serviront qu'à terminer le job, à savoir instaurer "l'état d'urgence", car j'espère quand même que personne ne croit que des élections "libres et transparentes", auront lieu en décembre 2024! Là où nous en sommes, on ne peut même pas garantir celle de 2034!

Le seul espoir de sauver le pays réside dans le comportement du Conseil Constitutionnel: aura-t-il le courage de stopper, dans sa folie meurtrière, ce dictateur fou? A eux de sauver le pays, si ils ne veulent pas, pour la postérité, porter la tâche indélébile de la responsabilité d'un naufrage proclamé.

Pas facile...Mais n'est-il pas un peu tard pour réagir? Les signes précurseurs étaient pourtant tangibles et visibles, ces dernières années.
Me François JURAIN

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