Qu’un ancien chef d’Etat, largement battu à sa dernière élection présidentielle, ait cinq ans plus tard cette capacité de faire bouger les lignes de l’autoritarisme politique qui a été exercé sur le processus électoral en cours par son successeur doit faire réfléchir, et à plusieurs niveaux.
Assis sur une intransigeance surannée en ces périodes d’éveil et d’ébullition des consciences citoyennes, le pouvoir avait jusqu’ici choisi de s’arc-bouter sur ses propres certitudes, celles qui semblent en phase avec sa volonté d’encadrer et de neutraliser un vote populaire potentiellement ravageur contre sa posture.
De fait et de droit, le processus électoral a fini par devenir illisible, empêtré dans le galimatias explicatif des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Même si une certaine opposition a traîné les pieds pour collaborer dans une perspective moins politicienne qui aurait débouché sur un compromis salutaire, le pouvoir s’est résolu à se suffire du statu quo selon la stratégie du fait accompli.
D’un coup annoncé de plus de 50 milliards de francs Cfa, le marché des cartes d’identité biométriques et d’électeur sombre dans le non sens. Des documents se retrouvent ainsi dans des poubelles de villes et de villages, derrière des bâtiments banalisés, sur certaines artères, victimes de sabotage et/ou de négligence et/ou de laxisme d’une certaine élite politico-administrative qui donne l’impression de devoir respecter un cahier de charges avec des contenus contraires aux intérêts de la démocratie et de la République.
Globalement faibles, inaudibles et peu tentés par le rapport de forces, la plupart des opposants semblait attendre le salut…du ciel quand réapparaît un certain Abdoulaye Wade. Le «vieux» est éternel, clament ses partisans. Absent du pays depuis trois ans, l’ancien président de la République insuffle, depuis Versailles puis sur le terrain, un grain de folie dans une campagne électorale sans relief, ronronnant, aseptisée par les coups de boutoir distillés de…l’intérieur.
Les causes de sa défaite de 2012 restent gravées dans la mémoire des militants démocratiques de notre pays, mais Abdoulaye Wade a prouvé en un tour de main qu’il reste un élément central de la politique au Sénégal. Une sentinelle, d’une certaine manière.
A Dagana, sa déclaration solennelle sur l’urgence à assurer une distribution efficace et transparente des cartes d’identité biométriques et d’électeurs a brutalement réveillé les responsables du chaos pré-électoral qui avaient pris le parti de dormir sur les lauriers de la carence.
En deux mots et trois menaces, l’opinion assiste, abasourdie, à la mobilisation soudaine des services compétents de la place Washington. Les menaces de Me Wade font mouche. Le préfet du département de Dakar entre en lice pour indiquer aux électeurs «qu’ils peuvent désormais retirer leurs cartes auprès des commissions installées au niveau des différents centres abritant leur bureau de vote.» A sa suite, c’est le ministre de l’Intérieur qui annonce «d’importantes mesures nouvelles» visant à «faciliter le retrait des cartes d’électeur.»
La République obtempère, comme au garde-à-vous, pliée en quatre face aux sommations d’un revenant intrépide, opposant éternel qui n’a plus rien à perdre après un demi-siècle de présence sur le terrain politique. Le scandale des deux jeunes gens arrêtés par des responsables proches de Khalifa Sall ne vient que confirmer le chaos ambiant qui a structuré le processus électoral depuis son lancement.
Abdoulaye Wade, phénomène politique ou «mal» nécessaire ? Les deux sans doute. Dans un passé récent, il a bien failli transformer le Sénégal en une propriété familiale aux antipodes de la démocratie et de la république, avec l’aide active et non désintéressée de juristes devenus des conseillers de son successeur. Il en a payé les conséquences au prix fort.
Aujourd’hui, il se révèle comme un «sauveur» : d’un processus électoral inédit, d’un PDS moribond pour lequel le temps de la refondation est vraiment venue. A moins qu’il ait prévu d’emporter avec lui ce qui reste de cette machine électorale qu’il manipule depuis 1974 pour ses propres objectifs.
La victoire de sa coalition à dans cette ville compliquée et symbolique qu’est Touba dans les conditions plus que précaires que l’on sait et en dépit du soutien public apporté à la coalition Benno Bokk Yaakaar par le porte-parole de la confrérie mouride Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké, témoigne de la grande attraction qu’il exerce encore sur une frange significative du vote mouride.
Ici et maintenant, Abdoulaye Wade se révèle plus utile à la démocratie que Macky Sall. Et ça, c’était plutôt inattendu. Et ça, c’est un vrai problème pour le président actuel !
Assis sur une intransigeance surannée en ces périodes d’éveil et d’ébullition des consciences citoyennes, le pouvoir avait jusqu’ici choisi de s’arc-bouter sur ses propres certitudes, celles qui semblent en phase avec sa volonté d’encadrer et de neutraliser un vote populaire potentiellement ravageur contre sa posture.
De fait et de droit, le processus électoral a fini par devenir illisible, empêtré dans le galimatias explicatif des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Même si une certaine opposition a traîné les pieds pour collaborer dans une perspective moins politicienne qui aurait débouché sur un compromis salutaire, le pouvoir s’est résolu à se suffire du statu quo selon la stratégie du fait accompli.
D’un coup annoncé de plus de 50 milliards de francs Cfa, le marché des cartes d’identité biométriques et d’électeur sombre dans le non sens. Des documents se retrouvent ainsi dans des poubelles de villes et de villages, derrière des bâtiments banalisés, sur certaines artères, victimes de sabotage et/ou de négligence et/ou de laxisme d’une certaine élite politico-administrative qui donne l’impression de devoir respecter un cahier de charges avec des contenus contraires aux intérêts de la démocratie et de la République.
Globalement faibles, inaudibles et peu tentés par le rapport de forces, la plupart des opposants semblait attendre le salut…du ciel quand réapparaît un certain Abdoulaye Wade. Le «vieux» est éternel, clament ses partisans. Absent du pays depuis trois ans, l’ancien président de la République insuffle, depuis Versailles puis sur le terrain, un grain de folie dans une campagne électorale sans relief, ronronnant, aseptisée par les coups de boutoir distillés de…l’intérieur.
Les causes de sa défaite de 2012 restent gravées dans la mémoire des militants démocratiques de notre pays, mais Abdoulaye Wade a prouvé en un tour de main qu’il reste un élément central de la politique au Sénégal. Une sentinelle, d’une certaine manière.
A Dagana, sa déclaration solennelle sur l’urgence à assurer une distribution efficace et transparente des cartes d’identité biométriques et d’électeurs a brutalement réveillé les responsables du chaos pré-électoral qui avaient pris le parti de dormir sur les lauriers de la carence.
En deux mots et trois menaces, l’opinion assiste, abasourdie, à la mobilisation soudaine des services compétents de la place Washington. Les menaces de Me Wade font mouche. Le préfet du département de Dakar entre en lice pour indiquer aux électeurs «qu’ils peuvent désormais retirer leurs cartes auprès des commissions installées au niveau des différents centres abritant leur bureau de vote.» A sa suite, c’est le ministre de l’Intérieur qui annonce «d’importantes mesures nouvelles» visant à «faciliter le retrait des cartes d’électeur.»
La République obtempère, comme au garde-à-vous, pliée en quatre face aux sommations d’un revenant intrépide, opposant éternel qui n’a plus rien à perdre après un demi-siècle de présence sur le terrain politique. Le scandale des deux jeunes gens arrêtés par des responsables proches de Khalifa Sall ne vient que confirmer le chaos ambiant qui a structuré le processus électoral depuis son lancement.
Abdoulaye Wade, phénomène politique ou «mal» nécessaire ? Les deux sans doute. Dans un passé récent, il a bien failli transformer le Sénégal en une propriété familiale aux antipodes de la démocratie et de la république, avec l’aide active et non désintéressée de juristes devenus des conseillers de son successeur. Il en a payé les conséquences au prix fort.
Aujourd’hui, il se révèle comme un «sauveur» : d’un processus électoral inédit, d’un PDS moribond pour lequel le temps de la refondation est vraiment venue. A moins qu’il ait prévu d’emporter avec lui ce qui reste de cette machine électorale qu’il manipule depuis 1974 pour ses propres objectifs.
La victoire de sa coalition à dans cette ville compliquée et symbolique qu’est Touba dans les conditions plus que précaires que l’on sait et en dépit du soutien public apporté à la coalition Benno Bokk Yaakaar par le porte-parole de la confrérie mouride Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké, témoigne de la grande attraction qu’il exerce encore sur une frange significative du vote mouride.
Ici et maintenant, Abdoulaye Wade se révèle plus utile à la démocratie que Macky Sall. Et ça, c’était plutôt inattendu. Et ça, c’est un vrai problème pour le président actuel !