Toute « pause » dans la défense de l’Ukraine contre l’invasion russe ne ferait qu’aider Moscou à se réarmer et lui permettrait « d’écraser » ce pays, a averti jeudi le président Volodymyr Zelensky à Tallinn, au deuxième jour de sa tournée dans les pays baltes.
« Donnez à la Fédération de Russie deux ou trois ans, et elle nous écrasera. Nous ne prendrions pas ce risque […] Il n’y aura pas de pause en faveur de la Russie », a déclaré le président ukrainien, en réponse une question lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue estonien Alar Karis.
« Une pause sur le champ de bataille, sur le territoire de l’Ukraine, n’est pas une pause dans la guerre. Cela ne signifie pas que c’est la fin de la guerre. Et cela ne mène pas à un dialogue politique avec la Fédération de Russie ou avec qui que ce soit d’autre », a-t-il insisté.
La tournée du président Zelensky se déroule alors que Moscou et Kyiv s’accusent mutuellement de viser des civils dans leurs frappes de missiles dans un contexte d’escalade brutale des attaques.
Tallinn, capitale de l’Estonie, est la deuxième étape d’une tournée dans les pays baltes, fidèles alliés de l’Ukraine, qui s’inscrit dans le cadre des efforts visant à renforcer le soutien à Kyiv à l’approche du deuxième anniversaire de la guerre.
M. Zelensky a également souligné l’importance de l’aide internationale à son pays regrettant le blocage par la Hongrie d’une aide européenne de 50 milliards d’euros.
« Nous avons un retard et un blocage d’un important paquet financier sans lequel il est impossible de survivre. Disons que c’est difficile », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse commune avec la première ministre estonienne Kaja Kallas.
Celle-ci l’a assuré du soutien de l’Estonie à l’Ukraine « jusqu’à la victoire » soulignant que « la liberté devait être armée mieux que la tyrannie ».
Elle a également réitéré la promesse de son gouvernement de consacrer 0,25 % du produit intérieur brut (PIB) du pays à l’aide militaire à l’Ukraine au cours des quatre prochaines années.
« Nous espérons que cela servira d’exemple à tous les autres », a ajouté Mme Kallas.
Le président ukrainien a également répété que l’adhésion à l’OTAN constituerait la meilleure garantie de sécurité pour son pays et pour la région.
L’OTAN y gagnerait aussi « une armée dotée d’une expérience militaire, non pas théorique, mais pratique », a-t-il ajouté.
« Défi au monde démocratique »
« Dans cette guerre brutale, sur ce grand champ de bataille, nous sommes tous des alliés qui luttent pour la liberté », a déclaré M. Karis estimant que « la solution, qui consiste à faire reculer l’agresseur, nécessite un effort conjoint de tous les pays démocratiques ».
« Toutes les chances de la Russie dans cette guerre reposent sur l’espoir que le front uni des alliés se brise et que les Ukrainiens soient laissés seuls », a-t-il ajouté. « Je vous assure que nous ferons tout pour que cela n’arrive pas. La guerre doit se terminer par la victoire de l’Ukraine ».
Le président estonien a également estimé que les Occidentaux ne devraient pas « avoir de limites aux livraisons d’armes à l’Ukraine ».
« Lorsque nous apportons un soutien militaire, nous devons comprendre que dans une guerre, il est inévitable d’attaquer les objectifs militaires de l’agresseur, de ralentir et d’affaiblir les forces de l’ennemi et de défendre le peuple ukrainien », a-t-il ajouté.
Dans une déclaration sur X, le président estonien a averti que la Russie ne souhaitait pas seulement conquérir l’Ukraine.
« Avec d’autres dictateurs, elle a lancé un défi au monde démocratique. En utilisant des armes acquises auprès de la Corée du Nord et d’autres acteurs étatiques, Poutine mène également leur combat », a-t-il écrit appelant l’Europe à « devenir puissante sur le plan militaire ».
Lors de la première étape de sa tournée balte, mercredi en Lituanie, le président Zelensky a fustigé les hésitations des Occidentaux concernant l’aide financière et militaire à l’Ukraine, qui « ne font qu’accroître le courage et la force de la Russie ». [AFP]