Tunisie : appels du pied pour sortir Kaïs Saïed de son (dangereux) isolement
30/09/2021
Plusieurs organisations, députés et partis appellent le chef de l’État à sortir de sa tour d’ivoire et à ouvrir des canaux de concertation afin que le coup de force constitutionnel du 25 juillet ne soit pas contre-productif. Kaïs Saïed a fait de son intransigeance affichée et de l’indépendance qu’elle est censée révéler une marque de fabrique pour gagner la confiance des électeurs.
Se tenant à distance des partis, des médias et longtemps de la diplomatie, le président tunisien a toujours avancé en solitaire. Jusqu’à surprendre aussi bien ses concitoyens – détracteurs comme sympathisants – que la communauté internationale avec son coup de force du 25 juillet dernier, qui a vu le limogeage du Premier ministre, le gel des travaux de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), la levée de l’immunité des députés, la dissolution de l’instance de lutte contre la corruption et la multiplication des mesures d’interdiction de quitter le territoire frappant le monde économique et politique. …
La peur d’un retour à une répression aveugle a conduit la classe politique et la société civile à lancer à Carthage une mise en garde. Plusieurs partis, dont Afek Tounes, Ettakatol et le Courant démocrate, ont déclaré que le décret 117 n’était pas conforme à la loi. Les risques de dérive autoritaire inquiètent au-delà des frontières, tant et si bien que le ministre tunisien des Affaires étrangères, Othman Jerandi s’est senti obligé, le 14 septembre, d’assurer devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU que la démocratie était un « choix irréversible ». Un élément de langage martelé depuis. (Jeune Afrique)