Le projet était en germe depuis des mois. Dès les débuts de la campagne présidentielle, en fait. Européen convaincu -et proclamé-, Emmanuel Macron a dessiné jeudi 7 septembre, les grandes lignes de son projet pour rebooster le Vieux Continent.
Lui qui ne laisse rien au hasard l'a fait au coucher du soleil, en Grèce, berceau de notre civilisation, depuis une colline -oh combien symbolique !-, la Pnyx, juste en face de l'Acropole, là où se tenait l'Assemblée des citoyens dans l'antiquité.
Lors de ce discours, comme pendant la conférence de presse qu'il avait donnée peu auparavant avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le président de la République a dit son ambition de " sortir d'une décennie de tâtonnements ". Il veut revenir aux sources de l'Europe, en faire un objet de désir et de rêves pour les jeunes.
Le projet est ambitieux. " Aujourd'hui la souveraineté, la démocratie, la confiance sont en danger ", a-t-il prévenu, évoquant le populisme, l'euroscepticisme, le souverainisme. Il propose donc d'impliquer les citoyens, de leur donner la parole, d'organiser dès le premier semestre de l'année prochaine des " conventions démocratiques ", pour que chacun puisse s'exprimer. Il s'agit, selon lui, de " parler à tout le monde ".
Mais avant cela, il entend faire, " dès les prochaines semaines ", des propositions concrètes. Présenter une " feuille de route ". Hier il avançait l'idée " d'établir des listes transnationales aux prochaines élections européennes ".
On connaît quelques autres de ses projets: l'instauration d'un Parlement de la zone euro, d'un ministre des finances commun. Reste à en connaître les modalités concrètes. Pas sûr qu'une fois arrivé dans le cœur de la question budgétaire, l'Allemagne applaudisse à deux mains, surtout si elle est en pleine négociation pour sa nouvelle coalition… " On ne va attendre passivement que le gouvernement soit formé. Au contraire, on va garder la main et faire pression ", espère un diplomate français.
« Retrouver le sel de la zone euro »
Lyrique, le président de la république a également enjoint les Européens à porter haut les couleurs de leur culture. Il en a appelé aux mânes de Périclès, Mme de Staël, Benjamin Constant, à la chouette de Minerve, chère Hegel, à Malraux. Dans l'après midi, il avait évoqué Costa Gavras et Castoriadis. Ne manquait plus, dans la liste, que Kostas Axelos, le plus français des philosophes grecs…
Pris par l'ivresse des lieux, Emmanuel Macron a souvent vécu son texte intensément. Il veut retrouver " le sel de la démocratie européenne ", -une envie tentante !-, il a aussi parlé de " retrouver le sel de la zone euro ", ce qui fait moins rêver…
Soucieux de " renouer avec la souveraineté et la démocratie européenne " -il l'a plusieurs fois martelé-, le chef de l'Etat entend également débarrasser l'Europe de sa gangue technocratique, qui n'a cessé de grossir et s'est plus encore épaissie au cours de la dernière décennie, avec l'entrée en lice du Fonds Monétaire International. " Sur le principe, ce n'était pas une bonne méthode que le FMI soit en position de superviser des affaires européennes ", a-t-il lancé.
" En effet, a-t-il poursuivi, avec la crise grecque, l'Europe a abandonné un peu de sa souveraineté ". Jamais aussi explicitement critique vis-à-vis de la maison de Christine Lagarde, il a expliqué que l'arrivée des hommes en noir de Washington avait été le " symptôme d'un manque de confiance entre pays européens, et des pays européens vis à vis de ses institutions ".
On se souvient qu'à l'époque Jean-Claude Trichet, alors patron de la BCE, était bien seul à refuser que des non-Européens entrent dans ce qui allait être la Troïka, quand l‘Allemagne le réclamait, pas peur de perdre son bas de laine…
« L’Europe c’est une odeur, une couleur, une lecture »
" Le FMI doit faire preuve de bonne foi " dans la dernière phase du plan d'aide à la Grèce, a intimé Emmanuel Macron. Il a fustigé des " méthodes technocratiques parfois lunaires ", et " les sacrifices consentis " par la République Hellène. Il est temps, a souligné le chef de l'Etat de " revenir à un peu de confiance et d'esprit pratique ".
Le projet de refondation qu'Emmanuel Macron propose à l'Europe est beau, ambitieux, séduisant. Il a du souffle. Il parle au cœur, aux tripes et à l'âme des élites. Pas évident, en revanche, que les eurosceptiques seront convaincus…
Il n'empêche, le locataire de l'Elysée a évoqué avec justesse la façon dont on peut ressentir l'Europe, lorsque l'on est sur d'autres continents : " L'Europe c'est une odeur, une couleur, une lecture, (…) c'est la convivialité, civilité, une culture (…) C'est un imaginaire commun ".
Avec flamme, il a promis : " la souveraineté, la démocratie, la culture, ce sont les trois espérances que je souhaite offrir à la jeunesse européenne ". Beaucoup de jeunes, surtout au Sud, rêvent aussi très concrètement d'un job…
Sur le Pnyx il y avait très peu de jeunes, hier soir... Ceux qui étaient là ont peu applaudi. Et pour cause: beaucoup d'entre eux apprenaient le français et n'ont pas pu goûter la saveur du discours –très littéraire – du président. Les adultes, eux, ont aimé. Ils ont acclamé avec chaleur à l'appel final du Président. "Ayez l'ambition folle à nouveau de vouloir une Europe plus forte." (AFP)
Lui qui ne laisse rien au hasard l'a fait au coucher du soleil, en Grèce, berceau de notre civilisation, depuis une colline -oh combien symbolique !-, la Pnyx, juste en face de l'Acropole, là où se tenait l'Assemblée des citoyens dans l'antiquité.
Lors de ce discours, comme pendant la conférence de presse qu'il avait donnée peu auparavant avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le président de la République a dit son ambition de " sortir d'une décennie de tâtonnements ". Il veut revenir aux sources de l'Europe, en faire un objet de désir et de rêves pour les jeunes.
Le projet est ambitieux. " Aujourd'hui la souveraineté, la démocratie, la confiance sont en danger ", a-t-il prévenu, évoquant le populisme, l'euroscepticisme, le souverainisme. Il propose donc d'impliquer les citoyens, de leur donner la parole, d'organiser dès le premier semestre de l'année prochaine des " conventions démocratiques ", pour que chacun puisse s'exprimer. Il s'agit, selon lui, de " parler à tout le monde ".
Mais avant cela, il entend faire, " dès les prochaines semaines ", des propositions concrètes. Présenter une " feuille de route ". Hier il avançait l'idée " d'établir des listes transnationales aux prochaines élections européennes ".
On connaît quelques autres de ses projets: l'instauration d'un Parlement de la zone euro, d'un ministre des finances commun. Reste à en connaître les modalités concrètes. Pas sûr qu'une fois arrivé dans le cœur de la question budgétaire, l'Allemagne applaudisse à deux mains, surtout si elle est en pleine négociation pour sa nouvelle coalition… " On ne va attendre passivement que le gouvernement soit formé. Au contraire, on va garder la main et faire pression ", espère un diplomate français.
« Retrouver le sel de la zone euro »
Lyrique, le président de la république a également enjoint les Européens à porter haut les couleurs de leur culture. Il en a appelé aux mânes de Périclès, Mme de Staël, Benjamin Constant, à la chouette de Minerve, chère Hegel, à Malraux. Dans l'après midi, il avait évoqué Costa Gavras et Castoriadis. Ne manquait plus, dans la liste, que Kostas Axelos, le plus français des philosophes grecs…
Pris par l'ivresse des lieux, Emmanuel Macron a souvent vécu son texte intensément. Il veut retrouver " le sel de la démocratie européenne ", -une envie tentante !-, il a aussi parlé de " retrouver le sel de la zone euro ", ce qui fait moins rêver…
Soucieux de " renouer avec la souveraineté et la démocratie européenne " -il l'a plusieurs fois martelé-, le chef de l'Etat entend également débarrasser l'Europe de sa gangue technocratique, qui n'a cessé de grossir et s'est plus encore épaissie au cours de la dernière décennie, avec l'entrée en lice du Fonds Monétaire International. " Sur le principe, ce n'était pas une bonne méthode que le FMI soit en position de superviser des affaires européennes ", a-t-il lancé.
" En effet, a-t-il poursuivi, avec la crise grecque, l'Europe a abandonné un peu de sa souveraineté ". Jamais aussi explicitement critique vis-à-vis de la maison de Christine Lagarde, il a expliqué que l'arrivée des hommes en noir de Washington avait été le " symptôme d'un manque de confiance entre pays européens, et des pays européens vis à vis de ses institutions ".
On se souvient qu'à l'époque Jean-Claude Trichet, alors patron de la BCE, était bien seul à refuser que des non-Européens entrent dans ce qui allait être la Troïka, quand l‘Allemagne le réclamait, pas peur de perdre son bas de laine…
« L’Europe c’est une odeur, une couleur, une lecture »
" Le FMI doit faire preuve de bonne foi " dans la dernière phase du plan d'aide à la Grèce, a intimé Emmanuel Macron. Il a fustigé des " méthodes technocratiques parfois lunaires ", et " les sacrifices consentis " par la République Hellène. Il est temps, a souligné le chef de l'Etat de " revenir à un peu de confiance et d'esprit pratique ".
Le projet de refondation qu'Emmanuel Macron propose à l'Europe est beau, ambitieux, séduisant. Il a du souffle. Il parle au cœur, aux tripes et à l'âme des élites. Pas évident, en revanche, que les eurosceptiques seront convaincus…
Il n'empêche, le locataire de l'Elysée a évoqué avec justesse la façon dont on peut ressentir l'Europe, lorsque l'on est sur d'autres continents : " L'Europe c'est une odeur, une couleur, une lecture, (…) c'est la convivialité, civilité, une culture (…) C'est un imaginaire commun ".
Avec flamme, il a promis : " la souveraineté, la démocratie, la culture, ce sont les trois espérances que je souhaite offrir à la jeunesse européenne ". Beaucoup de jeunes, surtout au Sud, rêvent aussi très concrètement d'un job…
Sur le Pnyx il y avait très peu de jeunes, hier soir... Ceux qui étaient là ont peu applaudi. Et pour cause: beaucoup d'entre eux apprenaient le français et n'ont pas pu goûter la saveur du discours –très littéraire – du président. Les adultes, eux, ont aimé. Ils ont acclamé avec chaleur à l'appel final du Président. "Ayez l'ambition folle à nouveau de vouloir une Europe plus forte." (AFP)