Le chancelier allemand Olaf Scholz se rend samedi à Magdebourg, ville meurtrie par un attentat à la voiture-bélier sur son marché de Noël dont les motivations restent troubles malgré l'arrestation de l'auteur présumé, d'origine saoudienne.
Troubles psychologiques dont souffrirait le médecin psychiatre de 50 ans interpellé sur les lieux ? Autre motivation ?
"En l'état actuel de l'enquête il n'est pas encore possible de catégoriser ce qui s'est passé sur le marché de Noël" vendredi soir, a indiqué la police locale.
Olaf Scholz se rend sur place dans la matinée, avec sa ministre de l'Intérieur, pour tenter d'en savoir plus et apporter son soutien à la population locale traumatisée par cette attaque survenue en pleine campagne électorale.
Plusieurs capitales ont fait part de leur "choc" vendredi, à l'image de Paris, Rome, Madrid et Washington, les Etats-Unis se disant prêts à "fournir de l'aide".
L'Arabie saoudite, pays d'origine du suspect, a condamné l'attaque et affirmé son "rejet de la violence".
Au petit matin, quelques personnes déposaient des cierges sur le porche de l'église Johanneskirche, juste en face du marché, et se recueillaient ou pleuraient, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Je suis triste, je suis choqué. Je n'aurais jamais cru que cela était possible", confie Michael Raarig, ingénieur à la retraite de 67 ans.
Vers 19H00 (18H00 GMT) vendredi, une voiture puissante s'est subitement engouffrée dans les allées du marché de Noël local en fauchant un à un les visiteurs sur son passage sur quelque 400 mètres.
Bilan encore provisoire: deux morts, dont un enfant, et plus de 60 blessés, dont une quinzaine grièvement.
- Profil atypique -
L'attaque est survenue huit ans presque jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël de Berlin, alors que l'Allemagne, en pleine campagne électorale, est en état d'alerte contre le risque d'attentats.
Pour les autorités, la date n'est pas une coïncidence et a été choisie à dessein. Mais personne n'en a tiré immédiatement la conclusion qu'il s'agit, comme à Berlin en 2016, d'un attentat islamiste.
Car le profil de l'auteur présumé, présenté dans les médias allemands comme Taleb A., arrêté à bord de la voiture-bélier, intrigue.
Installé en Allemagne depuis 2006, médecin exerçant dans la commune de Bernburg, proche de Magdebourg et disposant du statut de réfugié, il n'était pas du tout connu pour des sympathies avec la mouvance jihadiste.
Au contraire même, ses prises de positions fréquentes sur les réseaux sociaux dressent le portrait d'un homme se sentant persécuté, ayant rompu avec l'islam et dénonçant les "dangers" d'une islamisation de l'Allemagne.
Il était connu dans la communauté des émigrés saoudiens en Allemagne et aidait des demandeurs d'asile, des femmes notamment.
- Récupération politique -
Le responsable du parti-social démocrate, Dirk Wiese, a mis en garde samedi contre toute conclusion hâtive.
"Il semble que les choses soient ici différentes de ce que l'on supposait au départ", a-t-il déclaré au quotidien Rheinische Post, soulignant que le profil du suspect le désigne plutôt comme un sympathisant du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) ou d'Elon Musk.
L'extrême droite allemande ne s'en est pas moins saisie de cette affaire à l'approche des élections législatives allemandes anticipées du 23 février, où la question de l'immigration jouera un rôle important, après plusieurs attentats commis ces derniers mois par des étrangers.
"Quand cette folie prendra-t-elle fin ?", a écrit sur le réseau X la coprésidente de l'AfD Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20%.
La formation se place derrière les conservateurs, qui réclament eux aussi un tour de vis sur l'accueil des réfugiés, mais devant les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz.
"Quand tant de gens viennent chez nous, il faut aussi y regarder d'un peu plus près. On paye maintenant la facture", a jugé l'ingénieur à la retraite Michael Raarig, très critique vis-à-vis du gouvernement actuel. [AFP]