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A Monsieur Moussa Sène Absa : la page blanche est déjà sombre...

Dimanche 21 Février 2021

Mon cher compatriote,
 
J’ai lu et relu à ne plus en finir votre correspondance si touchante, pleine d’humanisme,  adressée à monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal. Vos mots m’ont frappée, m’ont ébloui et ont été même sur le point de me convaincre de la possibilité d’un sursaut titanesque du chef en vue de redonner de l’espoir à ce peuple meurtri et empêtré dans des difficultés existentielles terribles jusqu’à la lie d’une mélancolie délirante. Un tableau cauchemardesque. Un horizon qui s’obscurcit. Un peuple lassé d’attendre le changement longtemps promis, jamais réalisé ni même effleuré et qui scrute le ciel à la quête d’un miracle comme si le désespoir avait fini par gagner tous les esprits et comme si  le pire est notre seul choix, notre seule possibilité.
 
Mon cher compatriote, j’aurai bien aimé avoir votre optimisme et j’aurai même souhaité que le tableau hideux de la gouvernance du régime Benno Bokk Yakaar ne soit qu’une simple vue de l’esprit, une chimère pour une opposition nihiliste et réactionnaire, qui voit le mal partout et qui est incapable de reconnaître la grandeur, le talent et l’ingéniosité de monsieur Macky Sall. J’aurai également voulu, mon cher compatriote que tout ce vacarme se dissipe et qu’enfin monsieur Macky Sall comprenne que ce pays, pourtant si vaillant, mérite un meilleur sort et qu’il est plus que temps que la raison prenne le dessus sur la déraison, sur les tractations et autres manœuvres politiciennes. Je comprends votre inquiétude et je la partage, surtout davantage depuis l’éclatement de l’affaire Sonko-Adji Sarr, qui accentue les clivages et offre une image de théâtralisation de l’espace public avec des germes de politisation à outrance, d’invectives, de  tensions sociales, de violence, de menaces de mort, d’insultes et il suffit juste de regarder en simple spectateur l’émission de Ndoumbélane du 19 février 2021 dans un piètre combat de coqs entre deux gladiateurs, pour avoir en miniature l’état de délabrement de notre société : un avocat maitre El Hadji Diouf et un enseignant Dame Mbodji, pour avoir une idée de l’insolence et de la médiocrité d’une certaine élite à mille lieux de ce terreau fertile de nos valeurs ancestrales, aujourd’hui enfouies ou à tout le moins dévalorisées. Partout, c’est la débandade.
 
Mon cher compatriote, en ces temps certains avec le risque bien  réel d’un face à face aux conséquences incalculables sur le devenir du pays entre les forces de l'ordre aux mains du régime de Macky Sall et une certaine frange de la population plus radicale dans ses revendications et qui tient fermement à ses droits et  libertés, et qui par ailleurs, ne compte plus les laisser au bon vouloir d'un régime aux abois, réfractaire à un exercice libre et sans entraves des droits et libertés de nos concitoyens garantis par la constitution,  qui piétine allègrement et sans coup férir les lois et  règlements, je crains que votre ode pleine d’engagement, de juste mesure, de sagesse, ne tombe dans les oreilles d’un sourd, qui n’a que faire de nos légitimes récriminations.
 
Mon cher compatriote, l’heure est plus que grave. Le Sénégal est aujourd’hui à la croisée des chemins. Le destin d’un avenir meilleur est en jeu, mais également un conflit ouvert, pas entièrement assumé et revendiqué entre les partisans du système d’accaparement systématique de nos ressources publiques avec son corollaire la servitude de pans entiers de la population à un ordre aristocratique d’un autre âge à leur tête un certain chef de clan, Macky Sall et les forces progressistes qui militent pour la rupture et l’émergence d’une alternative crédible en vue de faire aux enjeux de l’heure, liés à la mondialisation, au dérèglement climatique, aux crises sanitaires, au phénomène migratoire etc.
 
Mon cher compatriote, certes le pays a peur et la belle terre de nos ancêtres gronde de ses entrailles, mais également, le jugement de l’Histoire n’est pas loin. Le pays a peur, non pas parce qu’il a faim ou parce qu'il a peur des ravages de la pandémie de la Covid-19, ou de la crise économique qui frappe de plein fouet les plus vulnérables d’entre nous,  mais il a peur à cause non seulement d’une certaine indifférence, d’une certaine désinvolture qui planent par dessus nos têtes de la part même de voix autorisées, très enclines au silence, mais de sa justice ou de la représentation que nos concitoyens ont de la magistrature. Depuis quelques années, le pacte de confiance est presque rompu entre la justice et le peuple. Le rôle d’arbitre neutre de la justice est remis en question et beaucoup de nos concitoyens doutent de son impartialité. Nous en sommes même arrivés au point que la justice, sous le magistère du chef de clan Macky Sall, soit considérée, aujourd'hui comme l'incarnation d’une forme d'injustice institutionnalisée au profit du pouvoir, d’un clan et  de ses alliés.
 
Mon cher compatriote, les fronts n’ont jamais cessé de gronder depuis que le chef de clan Macky Sall est à la tête de ce pays. Sa magnanimité ou si je peux l’appeler autrement et en toute objectivité, sa complaisance s’est maintes fois manifestée pour voler au secours d'amis, de connaissances, de parents en maille avec la justice alors qu'il devait faire preuve d'intransigeance et de responsabilité devant des pilleurs chevronnés de nos maigres deniers publics. Mon cher compatriote, ce n’est pas cet homme là, en ces moments troubles de notre jeune nation, qui aura conscience de sa lourde responsabilité. J'ai le coeur meurtri de vous dire qu’avec lui, les dés sont pipés parce qu’ en réalité ses troubadours,  ses autres dames de compagnie, ses mercenaires de la plume, par cupidité, ont largement contribué à le couvrir du manteau démesuré de tyran,  et qui est en porte à faux à ce qu’il vaut réellement. C’est uniquement pour cette raison qu'il prend des largesses par rapport à la chose publique, pour en faire sa propriété privée. Au demeurant, Macky Sall n’est pas un inconnu de la troupe. Hier, c'était lui en personne qui portait en bandoulière les combats douteux de maître Abdoulaye Wade. Il reproduit à merveille les tares de son ex- mentor en particulier la suffisance et le culte de la personnalité..
 
Mon cher compatriote, c’est la mégalomanie de cet homme qui va être fatale à la nation sénégalaise. Il se croit très puissant et d'ailleurs, au soir du 31 décembre 2020, le chef de clan,  Macky Sall, avait laissé entendre à qui souhaitait prêter l’oreille, qu’il n’avait pas peur. Et ce, à quelle fin ? Si ce n’est de dire au peuple avec froideur qu'il était prêt à l’affrontement.. Macky Sall avance lentement, tête basse et de façon sournoise vers un seul objectif : la domestication du pouvoir.
 
Mon cher compatriote, je serai grandement surpris s’il arrivait que Macky Sall écoute et suit vos conseils avisés. Pour la simple raison, qu'il a été trop loin dans sa gestion
 despotique du pouvoir. En vérité, dans la pratique, Macky Sall ne considère pas le pouvoir. comme une délégation émanant du peuple, mais son bien personnel, ce qui explique en partie toutes ses dérives. Puisque le pouvoir, c’est lui, il s'affranchit à toutes formes de limites et s'installe dans une certaine psychose au moindre mouvement  de contestation.
 
Mon cher compatriote, toute opposition, tout refus  de l’arbitraire, signifient pour Macky Sall, une révolte à son autorité voire une atteinte à son honorabilité. C’est pour cela, pardonnez-moi d’avance de mon sourire presque agacé par le ton solennel de monsieur le président et que je peux comprendre parfaitement de par votre posture et sans doute de l’idée que vous avez de l’institution. Mais, il n’a en lui la moindre idée de ce que te représente la fonction présidentielle. Combien de fois, depuis 2012, il a tronqué son costume de président de la République au profit de celui d’un chef de clan à chaque fois qu’il a été question du pays, des intérêts de l’ensemble du corps social sénégalais, de l’avenir des futures générations ? Et que dire, mon cher compatriote de la République et de ses valeurs ? Après l’euphorie de sa victoire en 2012 et après seulement le lancement de la traque des biens mal acquis avec la condamnation et l’arrestation de monsieur Karim Meissa Wade avec son lot de couacs et de mise en abîme de l’institution judiciaire, Macky Sall  a cessé de se comporter en président de la République pour arborer la posture d’un politicien professionnel sans foi ni loi, à la seule poursuite de ses gains et profits politiques d’où sa promotion infecte et scandaleuse de la transhumance politique.
 
Mon cher compatriote, * Quand le Sénégal regorge de richesses tant convoitées et qu’ au même moment nos concitoyens réclamaient partout sur le territoire national leur part du butin à hauteur de 400 000 francs CFA sur une nébuleuse affaire de corruption et de détournement en matière de transactions pétrolières d’une valeur estimée à 6000 milliards de francs CFA impliquant son frère Aliou Sall, l’ancien ministre de l'Energie Aly Ngouille Ndiaye, le président en exercice Macky Sall et l’homme d'affaires roumano-australien Frank Timis. A ce jour,  et ce malgré le scandale, le juge a classé le dossier sans suite.
 
Mon cher compatriote, cet homme Macky Sall, un petit garçon de Fatick devenu Président de la République, et qui a tout oublié de son passé dans le dénuement voire dans la précarité, s’accroche à son joyau qu’il a su acquérir à force de compromissions et de reniements et pour rien au monde et je vous dis pour rien au monde, ce petit garçon métamorphosé par les fastes du pouvoir ne va rien céder. En vérité, c’est son avenir d’homme libre et celui de son  clan Faye- Sall qui sont en jeu et qui déterminent par voie de conséquence sa conduite irrationnelle dans le champ politique : moi ou le chaos.
 
Mon cher compatriote, le chef de clan Macky Sall a bousillé ses cartes et il craint le pire après 2024, son départ de la présidence de la République du Sénégal comme un petit garçon incrédule qui tâte l’eau plusieurs  fois et qui demande à sa femme, est - elle chaude avant de prendre son bain. Telle est la situation du chef de clan Macky Sall et ce à juste raison parce qu’il a été beaucoup trop loin dans l’intimidation, dans l’humiliation d'adversaires politiques, dans la terreur et dans une certaine forme d’instrumentalisation cynique des autres pouvoirs constitués :  en somme une vassalisation de la République.
 
Mon cher compatriote, je peux me tromper, mais je continue à penser que tant qu’une soumission totale ou un abandon en bonne et due forme de ses adversaires politiques les plus irréductibles ne seront pas actés dans le champ politique sénégalais, le chef de clan Macky Sall ne va jamais desserrer son rouleau compresseur sur l’opposition ou sur nos droits et libertés publiques Et, il est conscient que si le pouvoir lui échappe par le biais d’une très forte mobilisation des différentes composantes de la société, il n’aura pas la quiétude d’un Abdoulaye Wade et il sera contraint de rendre compte de sa gestion patrimoniale et clanique du pouvoir. C’est cette peur bleue bien réelle qui l'habite et qui dicte son agenda politique.  Et qui sait, si ce ne sont pas des palefreniers qui murmurent à son oreille en vue de se saisir de l’affaire Sonko-Adji Sarr comme du pain béni pour matérialiser sa conception étriquée de la Démocratie : réduire l’opposition à sa plus simple expression.
 
Enfin mon cher compatriote, je ne puis terminer cette lettre déjà si longue sans évoquer vos prières de croyant, tourné vers la Face de Dieu pour le salut de notre si cher pays :  * Je ne sais plus à qui prier d’autre que le Seigneur ! Qu’il fasse que ses Bienfaits vous ouvrent l’esprit mais surtout le cœur. Qu’il vous éloigne des vautours qui rôdent autour de vous. Qu’il vous aide à bien réfléchir sur les Récits du futur *.
 
Mon cher compatriote, je crains que le futur ne soit maintenant et que le chef de clan Macky Sall, qui se plaît à raconter l’histoire de Moïse et de Pharaon, n'ait pas encore compris la plénitude de ses enseignements. Parce que le pouvoir corrompt toujours et surtout lorsqu’on est entouré de gens qui pour rien au monde ne voudront la fin de leurs jouissances illimitées et qui usent inlassablement de leurs prérogatives pour sauvegarder leurs acquis même en s’engouffrant dans le chemin sinueux et tortueux de l’injustice, de l'infamie et de l’oppression.
 
Mon cher compatriote, que vos prières depuis Popenguine soient exaucées par le Seigneur pour que la paix dans la justice puisse continuer à régner au Sénégal parce que de l’autre côté des voix fusent de partout pour dire simplement que combattre Macky Sall et sa bande est un acte de dévotion. Il ne fait tard et le régime tient la flamme qui risque d’embrasser le pays.. Il faut savoir raison garder !
 
Recevez, mon cher compatriote Moussa Sène Absa ,l’assurance de ma haute considération. L’histoire retiendra à jamais votre partition dans ces moments de folie qui traversent le pays de la Teranga et vous comptera parmi ceux et celles qui n’ont pas tremblé ni failli à leur mission citoyenne.
massambandiaye2012@gmail.com
 
 
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