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À Tel-Aviv, une « Place des otages » pour soutenir et informer

Mercredi 14 Février 2024

L’Israélienne Mandy Hoyland ne connaît aucun des 130 otages retenus dans la bande de Gaza. Mais elle déambule avec émotion sur la « Place des otages » à Tel-Aviv, au milieu des installations qui leur sont dédiées, et attirent chaque jour des centaines de visiteurs.

 

Venue de Beit Shemesh, à quelque 60 km de Tel-Aviv, la sexagénaire ne cache pas sa peine en regardant les photos des otages disposées un peu partout sur la place.

 

« Je ressens beaucoup de peine et de tristesse […] Je n’en connais aucun, mais ce sont comme nos frères et sœurs », confie-t-elle.  

 

Depuis le lendemain des attaques sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre, la place, point de ralliement des familles d’otages, est aussi devenue un lieu de pèlerinage.

 

Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 29 seraient morts, sur 253 personnes enlevées ce jour-là.

 

Le « Forum des otages », un collectif créé le 8 octobre, gère les activités de la place, rebaptisée « Place des otages » par la mairie de la ville dès le 24 octobre.

 

Entre les tentes des familles d’otages et les stands du Forum qui vendent des objets en tout genre, des bénévoles guident les groupes et leur font rencontrer des proches d’otages.

 

Deux classes d’une école de Beersheva (sud) entrent dans un étroit tunnel construit par le Forum pour faire comprendre aux visiteurs dans quelles conditions survivent les otages, alors que l’armée israélienne pense que nombre d’entre eux sont détenus dans des galeries souterraines.

 

Sur quelques dizaines de mètres, le long des murs tapissés de photos d’otages, les visiteurs marchent lentement dans l’obscurité, où de discrètes enceintes crachent des bruits d’explosions.

 

Vivre « au jour le jour »

 

À la sortie, une tente accueille les groupes. Ce jour-là, Avivit Yablonka, 48 ans, y raconte l’histoire de son frère Chanan, 42 ans, enlevé alors qu’il était avec des amis au festival de musique Nova, près de la bande de Gaza, où plus de 360 personnes ont été tuées.  

 

« Être sœur d’otage c’est espérer le meilleur, mais se préparer au pire », dit Mme Yablonka, qui avec sa famille a attendu 90 jours avant d’avoir la confirmation officielle que son frère, un ancien footballeur, était otage. « On n’a pas de preuves de vie, mais on nous a dit qu’il est à Gaza ».  

 

Tenant son portrait, elle répond patiemment aux questions des élèves dont certains, émus, la serrent dans leurs bras.

 

Comment peut-elle continuer à vivre normalement ? lui demande une jeune fille. « Nous vivons dans l’instant présent, au jour le jour. Je suis triste, mais je dois continuer de vivre pour ma famille et pour les enfants de mon frère », explique-t-elle, sourire aux lèvres, refusant de se laisser gagner par la colère.

 

« C’est important que des jeunes viennent sur cette place, car ils peuvent poser des questions et pas seulement nous voir sur leur écran de télévision », puis « raconter » à d’autres, dit-elle.

 

Tous les samedis soirs sur la place, des milliers de gens manifestent pour demander le retour des otages. Mais durant la semaine, des diplomates, des touristes, des parents avec leurs enfants, des étudiants… y défilent de manière ininterrompue.

 

« Toujours de l’espoir »

 

« Des bus remplis de gens viennent de tout le pays pour s’identifier aux otages et à leurs familles », explique Noa Haviv, une bénévole du Forum, dont elle porte le T-shirt noir barré du slogan rouge et blanc : « Ramenez-les à la maison maintenant », en hébreu.

 

« Notre objectif, c’est d’être aux côtés des familles d’otages, et que ça reste dans l’esprit et le cœur de tous », ajoute-t-elle.

 

Derrière elle, s’étire une longue table, censée accueillir les otages à leur retour pour un repas festif et en partie couverte de bouteilles d’eau sale et gamelles en aluminium, symboles de la dureté de leur quotidien présumé à Gaza.

 

Les visiteurs peuvent emporter des portraits d’otages ainsi que des rubans jaunes que de nombreux Israéliens portent au poignet en signe de solidarité. Des T-shirts, des chapeaux, des sacs ou encore des parapluies avec le slogan appelant au retour des otages sont en vente, les bénéfices allant au Forum des otages.  

 

Les groupes se succèdent et se prennent en photos devant le sablier géant ou l’horloge murale indiquant le nombre de jours, heures, minutes et secondes écoulées depuis le 7 octobre.

 

Et il y a ceux qui viennent chaque jour montrer leur soutien aux otages, comme les militantes pacifistes du mouvement Women Wage Peace (WWP). « Nous devons être là pour rappeler que leurs souffrances ne sont pas oubliées », affirme l’une d’elles, Ofra Perel-Dekel.  

 

La nuit tombe sur la place et on peut entendre un groupe entonner une chanson populaire : « N’oublie pas qu’il y a toujours de l’espoir ». [AFP]

 
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