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Accusé de fuites, le ministre britannique de la Défense est limogé

Jeudi 2 Mai 2019

La Première ministre Theresa May a limogé mercredi son ministre de la Défense en raison de son implication dans les fuites concernant la décision britannique d'autoriser une participation de l'équipementier chinois Huawei au réseau 5G.
 
"La Première ministre a demandé ce soir à Gavin Williamson (photo) de quitter le gouvernement, après avoir perdu confiance dans sa capacité à assumer les fonctions de ministre de la Défense et de membre de son cabinet", a indiqué dans un communiqué Downing Street, précisant que la cheffe du gouvernement avait été "informée de (la) conduite" du ministre à l'issue d'une enquête sur ces fuites.
 
"Des preuves irréfutables"
 
Dans une lettre envoyée à son ministre, Theresa May écrit avoir des "preuves irréfutables" de sa responsabilité, ajoutant qu'il n'y a "aucune autre version crédible des événements pour expliquer cette fuite". La dirigeante conservatrice a qualifié l'affaire d'"extrêmement grave et de profondément décevante".
 
Dans une lettre à Theresa May publiée sur son compte Twitter, M. Williamson "nie vigoureusement" toute responsabilité. Il a affirmé à SkyNews que son limogeage était une "décision prise pour des raisons politiques".
 
M. Williamson, 42 ans, est remplacé par la ministre au Développement international, l'eurosceptique Penny Mordaunt, a également annoncé Downing Street. Mme Mordaunt, 46 ans, devient la première femme à obtenir ce poste stratégique.
 
Le scandale lié aux fuites dans la presse concernant la décision d'autoriser une participation de l'équipementier chinois Huawei au réseau 5G au Royaume-Uni ébranle depuis plus d'une semaine le gouvernement britannique.
 
Tout avait commencé avec l'annonce, dans le quotidien The Telegraph, de la décision prise par Theresa May d'autoriser le groupe chinois à participer de manière limitée au déploiement de la 5G, malgré les avertissements des États-Unis qui soupçonnent le fabricant d'espionnage pour le compte de Pékin.
 
Huawei ne serait pas impliqué dans le cœur du réseau mais sur des infrastructures moins sensibles, comme les antennes, selon le choix qu'aurait fait Mme May, en dépit des réserves de plusieurs poids lourds du gouvernement.
 
Ce feu vert aurait été donné lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale (National Security Council, NSC), composé de ministres et de hauts responsables de la sécurité, et présidé par Theresa May. Les participants de cette réunion sont tenus à un devoir de confidentialité selon le "Official Secrets Act".
 
La fuite, alors que la décision officielle du gouvernement est attendue d'ici le mois de juin, a conduit le secrétaire du cabinet Mark Sedwill, le plus haut fonctionnaire du Royaume-Uni, à écrire aux personnes présentes à la réunion pour leur demander si elles en étaient ou non responsables.
 
Il a étendu sa requête à l'ensemble des conseillers des ministres et à tous les fonctionnaires ayant eu accès à l'information.
 
La course à la succession de Theresa May est ouverte
 
Cette affaire survient alors que les membres du gouvernement britannique soignent leur image pour se positionner en tant que successeur potentiel à Theresa May, très affaiblie dans son camp par sa gestion du dossier du Brexit, et qui a d'ores et déjà annoncé qu'elle démissionnerait dès qu'un accord de divorce avec l'UE serait approuvé au parlement.
 
Le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt, considéré comme l'un des favoris dans la course pour remplacer Theresa May, avait été le premier à nier toute responsabilité dans cette affaire qu'il a qualifiée d'"épouvantable".
 
Il avait rapidement été imité par plusieurs de ses collègues, dont Gavin Williamson lui-même.
M. Williamson avait été nommé en novembre 2017 à la Défense, remplaçant à ce poste Michael Fallon, lui-même emporté par un scandale de harcèlement sexuel.
 
Son arrivée à l'un des postes les plus stratégiques du gouvernement avait fait grincer des dents jusque dans les rangs de son parti, certains élus doutant de son expertise sur les questions militaires.
 
En février, sa volonté affichée de déployer un porte-avion dans le Pacifique avait provoqué la colère de Pékin, contraignant son homologue des Finances à annuler une visite en Chine. (Euronews avec AFP)
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