Je fais partie des personnes qui ont pensé qu’il était attendu des parties prenantes de cette affaire de 94 milliards, des sorties destinées à éclairer notre lanterne. Dans ce cadre, il faut noter à la faveur du candidat à l’élection présidentielle Ousmane Sonko, qu’une version nous a été servie. Il a quand même eu le courage d’affronter l’opinion publique sur cette question et de donner des informations qui apportent des éléments d’information que chacun peut analyser pour se faire sa propre idée de la chose. Je trouve que le candidat Sonko a joué sa partition, reste aux autres parties prenantes citées dans cette affaire, de s’expliquer devant l’opinion publique.
Du côté de la déontologie journalistique, je crois que le journaliste Madiambal Diagne qui, on l’espère, s’est intéressé à l’affaire seulement pour des raisons journalistiques et de bonne gouvernance - ce qui doit être la posture d’un homme de média qui se respecte - se doit de tenir compte de cette sortie pour non pas répondre au candidat Sonko mais pour reprendre l’affaire sous toutes ses coutures. Le candidat Sonko n’étant pas la seule partie prenante dans cette affaire, pourquoi un journaliste qui veut respecter sa déontologie professionnelle mettrait-il la focale juste sur une des parties prenantes ? Même si des propos agressifs et insultants ont été proférés à son encontre par certains, un journaliste vraiment respectueux de sa déontologie professionnelle ne devrait pas verser dans une sorte de vengeance « fayyou » contre qui que ce soit.
De plus, ce journaliste qui a cité des textes importants sur les « incompatibilités » entre les fonctions et les statuts des uns et des autres, devrait aussi le faire pour sa propre activité professionnelle. Or, un journaliste qui est impliqué dans des dossiers très sensibles de toute nature, comme cela ressort de ses propres écrits – genre « tel m’a contacté pour intervenir dans telle affaire auprès des autorités…» - peut-il être neutre et crédible dans le traitement de l’information publique ?
Sur cette affaire des 94 milliards, je retiens de la sortie du candidat Sonko qu’il se pose des questions de fond qui dépassent cette affaire : la transparence des procédures internes dans le service public et le contrôle externe de ces mêmes procédures car il faut que l’Etat contrôle l’Etat. Et à cette fin, il y a des institutions classiques comme le procureur, l’IGE, la Cour de comptes, l’OFNAC, mais aussi l’Assemblée nationale. Ce sont toutes ces institutions qui sont face à leur responsabilité éthique et historique sur toutes ces questions relatives aux « incompatibilités », à la transparence, etc. Ce magistrat qui vient de créer son mouvement de soutien au candidat Macky Sall illustre bien cette problématique.
Un journaliste vraiment respectueux de sa déontologie se doit d’analyser « froidement » ces questions en toute rigueur. Pour y arriver, le journaliste scrupuleux ne doit pas être lui-même impliqué dans les cas qu’il traite. Car Sa déontologie professionnelle exige de lui qu’il ne cherche à faire plaisir à personne ni à faire mal à personne mais à proposer une analyse rigoureuse sur la base de faits avérés.
Imam Ahmadou Makhtar Kanté