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Algérie : Le témoignage d’un étudiant prodémocratie « torturé » soulève l’indignation

Dimanche 7 Février 2021

La prison d'El-Harrach (photo d'illustration)
La prison d'El-Harrach (photo d'illustration)
Le témoignage d’un jeune étudiant algérien prodémocratie qui affirme avoir été torturé par des membres des services de sécurité soulève depuis plusieurs jours l’indignation en Algérie. 
 
« J’ai vécu l’enfer », raconte samedi Walid Nekkiche, 25 ans, récemment libéré après avoir passé plus d’un an en détention préventive, dans le quotidien francophone Liberté.
 
« J’ai beaucoup enduré durant ces quatorze mois de prison et surtout les six jours passés à la caserne Ben Aknoun », connue sous le nom de « Centre Antar », à Alger, témoigne l’étudiant de l’Institut supérieur des sciences de la mer et de l’aménagement de territoire (Ismal).
 
« Il y avait beaucoup de pression sur moi.  Après ce long et angoissant passage dans ce lieu sinistre, j’ai été présenté au juge d’instruction du tribunal de Bab El-Oued (nord d’Alger) avant d’être incarcéré à la prison d’El Harrach », a-t-il ajouté.
 
Le jeune homme a recouvré la liberté mercredi après avoir été condamné à six mois de prison ferme pour « distribution et possession de tracts pour porter atteinte à l’intérêt du pays ».
 
Le procureur du tribunal de Dar El Beida à Alger avait requis lundi la réclusion à perpétuité contre l’étudiant, qui était poursuivi pour « complot contre l’État », « atteinte à l’intégrité du territoire national » et « incitation de la population à prendre les armes », des chefs d’accusation très graves au regard de la loi algérienne.
 
Originaire de Tizi Ouzou, en Kabylie, il était accusé d’appartenir au Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, une organisation séparatiste illégale, selon des médias algériens.
 
« Heureusement, je ne me suis pas effondré parce que j’étais confiant que les avocats étaient décidés et bien outillés pour faire tomber les accusations fallacieuses retenues à mon encontre. Pour mes parents, il fallait que je tienne le coup », a expliqué Walid Nekkiche à Liberté.
 
Demande d’enquête
 
Lors du procès lundi, l’étudiant a affirmé avoir été « agressé sexuellement, physiquement et verbalement par les services de sécurité lors de son interrogatoire ».
 
La révélation de ces sévices a suscité l’indignation et a été abondamment commentée dans certains médias et sur les réseaux sociaux, les appels à l’ouverture d’une enquête se multipliant.
Les autorités n’ont fait aucun commentaire.  
 
« Nous avons demandé une enquête indépendante et l’ouverture d’une information judiciaire pour déterminer les responsabilités », a déclaré à l’AFP Said Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme.
 
Cette demande fait « suite aux graves déclarations » de Walid Nekkiche lors de son procès dans lesquelles il affirme « avoir subi de la torture lors de sa garde à vue », a précisé M. Salhi.
 
Selon lui, l’avocate de l’étudiant avait déposé plainte en juillet, mais « il n’y a eu aucune suite ».
 
Dans une déclaration commune, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) et la Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement ont dénoncé la « torture » et « la normalisation de la violence qui tendent à prendre des proportions alarmantes » en Algérie.
 
Walid Nekkiche avait été arrêté le 26 novembre 2019 à Alger lors d’une marche hebdomadaire des étudiants du « Hirak », le mouvement de protestation antirégime né en février 2019.
Son co-accusé, Kamel Bensaad, âgé de 43 ans, a lui été acquitté.
 
Selon le CNLD, quelque 80 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec les protestations du « Hirak » et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées dans au moins 90 % des cas sur des publications critiques envers les autorités sur les réseaux sociaux. (AFP)
 
 
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