Les escarmouches verbales entre Me Alioune Badara Cissé (ABC), Médiateur de la République, nommé pour un mandat de 6 ans et le Chef de l'Etat M. Macky Sall, par l'intermédiaire de son Premier ministre M. Dionne notamment, sont en passe de se muer, sinon en une affaire d'Etat, au moins en un mélodrame fratricide. L'affaire est quasiment un remake de la guerre de tranchées qui avait opposé l'ex-Président Abdoulaye Wade, d'abord à Mbaye Jacques Diop en 2006, puis, à Macky Sall en 2008 alors que ce dernier occupait le Perchoir de l'Assemblée nationale. L'affaire n'est pas simple pour Macky Sall lui-même.
Au plan de la légitimité d'abord, il ne serait pas très élégant - c'est une litote - de recourir à une "arme non conventionnelle; c'est-à-dire, une révision grossièrement personnalisée de la Constitution. Révision "déconsolidante", dirait son actuel ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall. Au plan de la légalité ensuite parce qu'il n'existe actuellement aucune disposition réglementaire permettant d'écourter le mandat en cours du Médiateur. Ne pouvant non plu entonner la même trompette que Me Wade par un "deloo ma lima la joxoon" (remets-moi le mandat que je t'ai confié), ce à quoi il avait lui-même opposé un niet catégorique.
La marge de manœuvre du président Sall est ainsi très étroite pour se débarrasser de cet ami-allier en passe de constituer un caillou dans chaussure.
Toutefois, il n'est pas exclu que le scientifique Macky Sall, doublé d'un politique très aguerri, formé à l'école de Njomboor et allaité aux méthodes manœuvrières du maoïsme, ait plus d'un tour dans son sac pour résoudre cette équation politique. Le président de la République, clé de voûte des institutions, selon la formule gaullienne, est aussi, selon le sacro-saint principe constitutionnel, "le garant du bon fonctionnement des institutions". Une base juridique, même rafistolée, qui pourrait lui servir "d'alibi" pour ravir à ABC son strapontin.
Au nom de la realpolitik, le Chef de l'État pourrait bien être tenté par ce jeu qui s'apparente quelque part à la roulette russe, si cette drôle de guerre perdure. Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, fier du sobriquet de tailleur constitutionnel qu'on l'affabule, a d'ailleurs déjà indiqué la voie de sortie à ABC dans sa dernière sortie médiatique. Dans un pays comme le Sénégal, doté d'une constitution modèle Vème République française, le monarque républicain pourrait s'en sortir avec peu de dommages collatéraux.
Cheikh Lamane DIOP, Journaliste, Analyste politique.
E-mail: lamanediop@gmail.com
Au plan de la légitimité d'abord, il ne serait pas très élégant - c'est une litote - de recourir à une "arme non conventionnelle; c'est-à-dire, une révision grossièrement personnalisée de la Constitution. Révision "déconsolidante", dirait son actuel ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall. Au plan de la légalité ensuite parce qu'il n'existe actuellement aucune disposition réglementaire permettant d'écourter le mandat en cours du Médiateur. Ne pouvant non plu entonner la même trompette que Me Wade par un "deloo ma lima la joxoon" (remets-moi le mandat que je t'ai confié), ce à quoi il avait lui-même opposé un niet catégorique.
La marge de manœuvre du président Sall est ainsi très étroite pour se débarrasser de cet ami-allier en passe de constituer un caillou dans chaussure.
Toutefois, il n'est pas exclu que le scientifique Macky Sall, doublé d'un politique très aguerri, formé à l'école de Njomboor et allaité aux méthodes manœuvrières du maoïsme, ait plus d'un tour dans son sac pour résoudre cette équation politique. Le président de la République, clé de voûte des institutions, selon la formule gaullienne, est aussi, selon le sacro-saint principe constitutionnel, "le garant du bon fonctionnement des institutions". Une base juridique, même rafistolée, qui pourrait lui servir "d'alibi" pour ravir à ABC son strapontin.
Au nom de la realpolitik, le Chef de l'État pourrait bien être tenté par ce jeu qui s'apparente quelque part à la roulette russe, si cette drôle de guerre perdure. Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, fier du sobriquet de tailleur constitutionnel qu'on l'affabule, a d'ailleurs déjà indiqué la voie de sortie à ABC dans sa dernière sortie médiatique. Dans un pays comme le Sénégal, doté d'une constitution modèle Vème République française, le monarque républicain pourrait s'en sortir avec peu de dommages collatéraux.
Cheikh Lamane DIOP, Journaliste, Analyste politique.
E-mail: lamanediop@gmail.com