Divisée, menacée de surveillance policière, peu audible en pleine pandémie: l’extrême droite met ce week-end le cap sur les élections de septembre lors d’un congrès à haut risque pour ses dirigeants.
L’entrée fracassante de députés en 2017 au Bundestag, faisant de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) la première force d’opposition à Angela Merkel, semble bien lointaine.
Le parti d’extrême droite, créé en 2013 sur un créneau anti-euro, traverse en effet une grave crise d’identité et de leadership qui risque d’apparaître au grand jour ce week-end à Dresde (Saxe), bastion d’ex-RDA du mouvement islamophobe Pegida et, plus récemment, des opposants aux restrictions anti-Covid. Cette réunion du parti est officiellement consacrée à la présentation du programme pour les élections législatives du 26 septembre, qui marqueront la fin de l’ère Merkel.
Menace de destitution
Peu de surprises sont à attendre, l’essentiel du programme de 2017 restant d’actualité, de la sortie de l’euro au rétablissement d’un service militaire obligatoire, en passant par une immigration réduite et à l’accueil de «chrétiens persécutés et fermiers blancs d’Afrique du Sud» ou un rapprochement avec la Russie.
Ce congrès doit «donner une première impulsion positive à la campagne électorale», espère Alice Weidel, co-présidente du groupe parlementaire. «Malheureusement, l’image d’un parti qui n’est pas uni sur la façon dont le ou les candidats principaux seront désignés prévaut dans le public», regrette la dirigeante, mêlée à des scandales de financement illégal présumé.
Une poignée des 600 délégués prévoit ainsi de déposer une motion pour destituer l’actuel leader du parti, Jörg Meuthen, en guerre contre la frange la plus extrémiste du parti, proche de la mouvance néonazie. Cette motion contre un dirigeant accusé de ne pas «relever le défi de sa fonction et de n’être «tout simplement pas à la hauteur», nécessite toutefois deux tiers des votes et a peu de chances d’être adoptée. Une autre motion limitant à deux le nombre de mandats de direction pourrait en revanche être votée et entraîner ainsi le départ de Jörg Meuthen en fin d’année.
Autre sujet de friction: quand désigner les futurs chefs de file parlementaires pour succéder à Alexander Gauland, 80 ans, et Alice Weidel? Là encore, les adversaires de Jörg Meuthen veulent avancer leurs pions dès ce week-end, quand le dirigeant de l’AfD souhaite reporter le choix des personnes à quelques semaines. La poire pourrait être finalement être coupée en deux, avec un candidat désigné ce week-end et un autre plus tard.
Il y a pourtant peu de surprises à attendre. Tino Chrupalla, ancien artisan de 45 ans devenu député de Saxe et co-président du parti, tient la corde pour incarner dans le futur binôme l’aile la plus dure de la formation au parlement. L’autre extrémité du spectre pourrait elle être représentée par Joana Cotar, élue de 48 ans en Hesse (ouest), qui a fait ses armes au sein du parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel.
Foyers d’infection
L’AfD stagne dans les sondages depuis des mois à environ 10% des intentions de vote, contre 12,6% il y a quatre ans. Sa position s’est certes renforcée dans les Länder d’ex-RDA mais le parti est en nette perte d’influence à l’ouest. Il n’est même pas parvenu à surfer sur le mouvement anti-masques, pourtant dynamique en Allemagne. Pire, ses bastions d’ex-RDA sont devenus fin 2020 les principaux foyers d’infection du pays.
Le parti reste de surcroît menacé par un placement officiel sous surveillance par la police qui l’accuse d’avoir contribué à la résurgence en Allemagne du terrorisme d’extrême droite. L’AfD s’est «énormément radicalisée» ces dernières années, ce qui «a divisé le parti en deux», relève auprès de l’AFP le politologue spécialiste de l’extrême droite Hajo Funke (Université libre de Berlin).
«Il n’est pas considéré actuellement comme un parti avec lequel former une coalition», ajoute Hajo Funke, pour qui l’AfD s’est «isolée» et a vu son étoile pâlir après les attentats xénophobes et antisémites commis depuis 2019 et une pandémie durant laquelle elle a proposé un «va-et-vient chaotique». (AFP)
L’entrée fracassante de députés en 2017 au Bundestag, faisant de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) la première force d’opposition à Angela Merkel, semble bien lointaine.
Le parti d’extrême droite, créé en 2013 sur un créneau anti-euro, traverse en effet une grave crise d’identité et de leadership qui risque d’apparaître au grand jour ce week-end à Dresde (Saxe), bastion d’ex-RDA du mouvement islamophobe Pegida et, plus récemment, des opposants aux restrictions anti-Covid. Cette réunion du parti est officiellement consacrée à la présentation du programme pour les élections législatives du 26 septembre, qui marqueront la fin de l’ère Merkel.
Menace de destitution
Peu de surprises sont à attendre, l’essentiel du programme de 2017 restant d’actualité, de la sortie de l’euro au rétablissement d’un service militaire obligatoire, en passant par une immigration réduite et à l’accueil de «chrétiens persécutés et fermiers blancs d’Afrique du Sud» ou un rapprochement avec la Russie.
Ce congrès doit «donner une première impulsion positive à la campagne électorale», espère Alice Weidel, co-présidente du groupe parlementaire. «Malheureusement, l’image d’un parti qui n’est pas uni sur la façon dont le ou les candidats principaux seront désignés prévaut dans le public», regrette la dirigeante, mêlée à des scandales de financement illégal présumé.
Une poignée des 600 délégués prévoit ainsi de déposer une motion pour destituer l’actuel leader du parti, Jörg Meuthen, en guerre contre la frange la plus extrémiste du parti, proche de la mouvance néonazie. Cette motion contre un dirigeant accusé de ne pas «relever le défi de sa fonction et de n’être «tout simplement pas à la hauteur», nécessite toutefois deux tiers des votes et a peu de chances d’être adoptée. Une autre motion limitant à deux le nombre de mandats de direction pourrait en revanche être votée et entraîner ainsi le départ de Jörg Meuthen en fin d’année.
Autre sujet de friction: quand désigner les futurs chefs de file parlementaires pour succéder à Alexander Gauland, 80 ans, et Alice Weidel? Là encore, les adversaires de Jörg Meuthen veulent avancer leurs pions dès ce week-end, quand le dirigeant de l’AfD souhaite reporter le choix des personnes à quelques semaines. La poire pourrait être finalement être coupée en deux, avec un candidat désigné ce week-end et un autre plus tard.
Il y a pourtant peu de surprises à attendre. Tino Chrupalla, ancien artisan de 45 ans devenu député de Saxe et co-président du parti, tient la corde pour incarner dans le futur binôme l’aile la plus dure de la formation au parlement. L’autre extrémité du spectre pourrait elle être représentée par Joana Cotar, élue de 48 ans en Hesse (ouest), qui a fait ses armes au sein du parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel.
Foyers d’infection
L’AfD stagne dans les sondages depuis des mois à environ 10% des intentions de vote, contre 12,6% il y a quatre ans. Sa position s’est certes renforcée dans les Länder d’ex-RDA mais le parti est en nette perte d’influence à l’ouest. Il n’est même pas parvenu à surfer sur le mouvement anti-masques, pourtant dynamique en Allemagne. Pire, ses bastions d’ex-RDA sont devenus fin 2020 les principaux foyers d’infection du pays.
Le parti reste de surcroît menacé par un placement officiel sous surveillance par la police qui l’accuse d’avoir contribué à la résurgence en Allemagne du terrorisme d’extrême droite. L’AfD s’est «énormément radicalisée» ces dernières années, ce qui «a divisé le parti en deux», relève auprès de l’AFP le politologue spécialiste de l’extrême droite Hajo Funke (Université libre de Berlin).
«Il n’est pas considéré actuellement comme un parti avec lequel former une coalition», ajoute Hajo Funke, pour qui l’AfD s’est «isolée» et a vu son étoile pâlir après les attentats xénophobes et antisémites commis depuis 2019 et une pandémie durant laquelle elle a proposé un «va-et-vient chaotique». (AFP)