Connectez-vous

Alliance Niasse-Macky : Le début de la fin d’un compagnonnage stratégique

Lundi 11 Mars 2019

Avec l’annonce - bien avant la formation du premier gouvernement de la séquence « Macky II » - d’une candidature progressiste à la présidentielle de février 2024, l’Afp de Moustapha Niasse pose les jalons d’une rupture d’alliance avec le camp présidentiel après sept ans de compagnonnage. Et comme le Parti socialiste ne devrait pas être en reste dans cette quête d’émancipation, c’est toute la dorsale social-démocrate significative de Benno Bokk Yaakaar qui risque de se transformer en adversaire précoce de…Macky Sall.


La reconfiguration de la vie politique sénégalaise après l’élection présidentielle du 24 février dernier semble devoir s’accélérer plus vite que prévu. Un des facteurs déterminants pourrait en être la sortie de Bouna Mohamed Seck, fidèle directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale et patron de l’Alliance des forces de progrès, Moustapha Niasse. Invité de l‘émission « Objection » sur la radio Sud-Fm, il a déclaré :
 
« Comme tous les partis politiques, l’Afp est créée pour la conquête du pouvoir. (C’est pourquoi) nous aurons un candidat en 2014. »
 
Ces propos, lourds et significatifs, ne sortent pas de nulle part : ils sont le reflet d’une ligne présumée majoritaire qui prévaut au sein des instances politiques de l’Afp quant au rapport nouveau qu’il faut désormais établir avec le président de la République après sa réélection. Désormais attributaire d’un quinquennat tant recherché, Macky Sall ne peut plus se présenter à un troisième mandat en février 2024. De fait, les cinq prochaines années dont le compte à rebours démarre bientôt s’inscrivent inéluctablement dans un agenda de recomposition des alliances. Dans cette perspective, c’est la coalition majoritaire Benno Bokk Yaakaar qui risque d’être l’agneau du sacrifice.
 
C’est pour ne pas être le dindon de cette phase nouvelle qui s’ouvre que les progressistes de l’Afp donnent très tôt ce qui sera le signal de leur démarche à venir : rester ou pas dans la mouvance présidentielle, décliner du dedans ou du dehors un projet pour l’après-midi 2024, assumer ou pas la rupture avec le chef de l’Etat.
 
De là, s’imposent des questionnements : Moustapha Niasse pourra-t-il rester à la tête de l’assemblée nationale en sachant que son parti a décidé de présenter un futur candidat contre un Macky Sall qui aurait lui-même un poulain pour assurer sa succession et son héritage ? Le président de la République reconduira-t-il l’Afp dans le premier gouvernement de « Macky II » en instance de formation en sachant qu’il cohabite avec un concurrent présidentiel potentiel dans cinq ans ? 
 
Au-delà de l’Afp, le Parti socialiste va également faire face à des velléités internes d’émancipation consécutives au contrat de fidélité qu’il estime avoir rempli à l’endroit du président de la République dont il a contribué, comme l’Afp, à la réélection.
 
C’est donc la coalition Benno Bokk Yaakaar qui est sous la menace d’une implosion quasi programmée. Solide et disciplinée durant tout le premier mandat du président Sall, Benno devrait difficilement survivre à la défection de la dorsale politique social-démocrate qui la soutient depuis l’entre deux tours du scrutin de 2012. Elle semble devoir passer à la postérité.
 
 
 
 
Nombre de lectures : 172 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter