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Alternance démocratique en Sierra Leone: le candidat de l'opposition remporte la présidentielle (officiel)

Mercredi 4 Avril 2018

Freetown - Le candidat du principal parti de l'opposition en Sierra Leone, Julius Maada Bio, a été déclaré officiellement vainqueur de l'élection présidentielle et retrouve le pouvoir, 22 ans après l'avoir brièvement exercé après un coup d'Etat.

M. Bio, un ancien militaire de 53 ans, l'a emporté lors du second tour du 31 mars avec 51,81% des voix, contre 48,19% pour le candidat du parti au pouvoir, Samura Kamara, a annoncé en milieu de soirée le président de la Commission électorale nationale (NEC), Mohamed Conteh.

Des cris de joie ont immédiatement éclaté dans le centre de la capitale Freetown, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Au premier tour, le 7 mars, "Maada" Bio avait déjà devancé de 15.000 voix M. Kamara, un ancien ministre des Finances et des Affaires étrangères âgé de 66 ans personnellement choisi par M. Koroma pour défendre les couleurs du Congrès de tout le peuple (APC).

Le chef de file du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP) devait prêter serment dans le courant de la nuit, succédant à Ernest Bai Koroma, qui l'avait battu en 2012 mais ne pouvait plus se représenter après deux mandats de cinq ans.

En début de soirée, des centaines de partisans en colère du parti au pouvoir avaient envahi les rues du centre de Freetown, sans attendre l'annonce des résultats officiels.

Criant au "vol" de l'élection, dénonçant "l'influence étrangère" et arrachant les pancartes de M. Bio, les supporters de M. Kamara ont cherché la provocation avec les sympathisants du SLPP, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les membres des forces de l'ordre, armés de fusils et de matraques, ont établi un cordon de sécurité pour protéger le quartier général du SLPP, où des centaines de personnes avaient commencé à célébrer en musique la "victoire" de M. Bio dès la fin de l'après-midi, selon la même source.

Cet homme de taille moyenne et aux épaules larges, à la démarche militaire, avait pris le pouvoir en janvier 1996 dans ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, en évinçant le chef de la junte, le capitaine Valentine Strasser, dont il était le numéro deux.

Mais il avait rétabli rapidement le multipartisme et accepté de remettre le pouvoir en mars 1996 au président fraîchement élu, Ahmad Tejan Kabbah.

Pendant la campagne, il s'est engagé à réviser les concessions minières et les avantages fiscaux accordés aux compagnies étrangères et à instaurer une éducation primaire et secondaire gratuite pour tous les enfants sierra-léonais, alors que le pays demeure l'un des plus pauvres au monde.

Connu pour son franc-parler, il a aussi qualifié d'"arnaques" les projets d'infrastructures financés par la Chine que privilégie l'administration du président Koroma.

Celle-ci a un bilan mitigé: si elle a réussi à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays, dévasté par la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts, l'économie reste fragile après les chocs de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières.

Attendue en début de semaine, l'annonce du vainqueur a pris plusieurs jours de retard, l'APC ayant insisté pour qu'une compilation manuelle des résultats soit effectuée, en plus du comptage électronique, afin de parer à toute tentative de piratage dans une atmosphère de défiance entre les partis, les forces de sécurité et la NEC.
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