TAORMINE, Italie (Reuters) - Au sommet du G7, en Sicile, Donald Trump a écouté attentivement les débats complexes sur le commerce et le changement climatique, s'est montré tout sourire devant les caméras et s'est quasiment abstenu d'envoyer des tweets provocateurs.
A Bruxelles, au sommet de l'Otan, il a dénigré ses alliés pour leurs budgets militaires insuffisants à ses yeux, a bousculé le Premier ministre du Montenegro et renouvelé ses attaques à l'encontre d'une Allemagne aux excédents commerciaux jugés trop élevés avec les Etats-Unis.
C'est ainsi que les alliés de la première puissance mondiale ont fait connaissance en direct avec les deux faces du promoteur immobilier devenu président des Etats-Unis à la fin de sa tournée diplomatique inaugurale. Ce périple de neuf jours a commencé avec la danse de l'épée et la signature de gros contrats d'armements en Arabie saoudite pour se terminer par un G7 sans grandes avancées concrètes à Taormine en Sicile.
Alors que Donald Trump reprenait l'avion, dans les délégations européennes, les responsables, un peu déboussolés, faisaient part de sentiments mitigés: soulagement qu'il ait fait preuve d'assez de patience pour écouter ce qu'ils avaient à dire et déstabilisés par une double personnalité, un dieu Janus impénétrable ou à un docteur Jekyll se transformant inopinément en M. Hyde, tergiversant encore sur un nombre de dossiers politiques importants.
AMBIGUÏTÉ STRATÉGIQUE
"Tout cela correspond à sa démarche d'ambiguïté stratégique envers la vie", commente Julianne Smith du Centre for a New American Security, cercle de réflexion basé à Washington. "Il peut faire des miracles quand il traite avec ses adversaires. Mais cela ne marche pas quand il traite avec ses alliés."
Certains dirigeants du Groupe des sept avaient abordé ce sommet avec appréhension : quatre missions préparatoires n'avaient pas permis de clarifier les divergences avec l'administration Trump sur le commerce, sur l'attitude à adopter avec la Russie ni sur le changement climatique.
Mais, in fine, explique-t-on, les choses se sont déroulées moins mal que prévu. Le communiqué final du G7 prend acte des divergences entre les Etats-Unis et ses six partenaires relativement aux engagements découlant de l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris sur le climat.
Ce désaccord officialisé avait été précédé d'un débat entre les dirigeants du G7 que la chancelière allemande a d'abord qualifié de "polémique" puis de "très insatisfaisant".
Toutefois, sur le commerce, Donald Trump s'est rendu aux pressions de ses alliés et a accepté d'inscrire une promesse de lutte contre le protectionnisme. Et sur la Russie, à la différence de ce que craignaient certains alliés, il n'a pas insisté pour que l'on supprime la menace de sanctions supplémentaires pour l'intervention de Moscou en Ukraine.
"Je l'ai trouvé très désireux de s'impliquer, très curieux, avec une capacité et un désir de poser des questions et d'apprendre de tous ses interlocuteurs", a déclaré le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, qui organisait le sommet.
Pour le président français Emmanuel Macron Pour Emmanuel Macron, Donald Trump est un "pragmatique" qui est venu au G7 pour "écouter" et "apprendre".
A l'inverse, le refus de Donald Trump de dire qu'il restait dans l'Accord de Paris sur le climat a suscité des grincements de dents. Vers la fin du sommet, le chef de la Maison blanche a fait savoir par un tweet qu'il prendrait sa décision la semaine prochaine. Dans les délégations, on disait ne pas comprendre pourquoi il ne pouvait pas s'engager dès Taormine.
"BONS À RIEN"
Les commentaires les plus critiques sont toutefois allés à la prestation de Donald Trump au siège de l'Otan à Bruxelles, décrite comme "une catastrophe" par plus d'un responsable européen.
En présence des dirigeants des pays de l'Otan debout derrière lui comme des enfants à l'école, Donald Trump les a réprimandés pour ne pas dépenser davantage pour la défense commune et a redit qu'à ses yeux, certains membres devaient des "quantités énormes d'argent" depuis plusieurs années, alors même que les contributions se font sur une base volontaire.
Plus perturbant encore pour ses alliés, Donald Trump n'a pas personnellement affirmé son engagement à l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord qui résume la doctrine de défense réciproque entre les membres, et alors même qu'avant son arrivée, la Maison blanche avait envoyé des signaux montrant qu'il le ferait.
Donald Trump n'a pas non plus mentionné la Russie, qui reste la raison d'être principale de l'Otan aux yeux de la plupart des pays européens.
Ce fut un discours qui a rappelé celui de son investiture le 20 janvier dernier, apparemment à usage interne. Et cela a semblé satisfaire les plus durs de ses partisans. "Fier de (Donald Trump) pour avoir dit aux bons à rien de l'Otan de payer ou de la fermer", a tweeté en réponse Mike Huckabee, l'ex-gouverneur républicain de l'Arkansas et deux fois candidat à l'investiture républicaine aux élections présidentielles.
La prestation de Trump à Bruxelles a été particulièrement exaspérante pour la délégation allemande qui a consacré de gros efforts pour construire une relation avec le président américain. Angela Merkel a par exemple invité sa fille Ivanka pour un sommet des femmes du G20 à Berlin.
Or, avant de se rendre à l'Otan, Donald Trump aurait critiqué l'excédent commercial lors d'une réunion privé avec de hauts responsables de l'Union européenne.
"Si Trump veut vraiment emprunter le chemin de l'isolement, cela ne fera qu'accélérer la montée de la Chine au sommet", grommelle un haut responsable allemand.
Au-delà des mots, le langage corporel du président des Etats-Unis a également perturbé ses interlocuteurs. Il a poussé de côté en le bousculant le Premier ministre du Montenegro Dusko Markovic alors que les dirigeants de l'Otan entraient au nouveau siège de l'alliance pour une séance de photos.
Et il s'est engagé par deux fois dans des poignées de mains particulièrement viriles avec son homologue français qui a semblé avoir le dessus dans les deux cas.
Selon Daniela Schwarzer, directrice d'études au Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (Conseil allemand des relations étrangères) à Berlin, ce voyage a confirmé la vision du monde de Trump comme étant "un jeu à somme nulle" dans lequel l'on gagne ou l'on perd et où les relations sont avant tout commerciales.
"Par ses propos et ses actes, il laisse entendre qu'il ne considère pas comme une priorité de construire de bonnes (...) relations avec des alliés que les Etats-Unis considéraient jusqu'ici comme étant les plus importants", dit-elle.
A Bruxelles, au sommet de l'Otan, il a dénigré ses alliés pour leurs budgets militaires insuffisants à ses yeux, a bousculé le Premier ministre du Montenegro et renouvelé ses attaques à l'encontre d'une Allemagne aux excédents commerciaux jugés trop élevés avec les Etats-Unis.
C'est ainsi que les alliés de la première puissance mondiale ont fait connaissance en direct avec les deux faces du promoteur immobilier devenu président des Etats-Unis à la fin de sa tournée diplomatique inaugurale. Ce périple de neuf jours a commencé avec la danse de l'épée et la signature de gros contrats d'armements en Arabie saoudite pour se terminer par un G7 sans grandes avancées concrètes à Taormine en Sicile.
Alors que Donald Trump reprenait l'avion, dans les délégations européennes, les responsables, un peu déboussolés, faisaient part de sentiments mitigés: soulagement qu'il ait fait preuve d'assez de patience pour écouter ce qu'ils avaient à dire et déstabilisés par une double personnalité, un dieu Janus impénétrable ou à un docteur Jekyll se transformant inopinément en M. Hyde, tergiversant encore sur un nombre de dossiers politiques importants.
AMBIGUÏTÉ STRATÉGIQUE
"Tout cela correspond à sa démarche d'ambiguïté stratégique envers la vie", commente Julianne Smith du Centre for a New American Security, cercle de réflexion basé à Washington. "Il peut faire des miracles quand il traite avec ses adversaires. Mais cela ne marche pas quand il traite avec ses alliés."
Certains dirigeants du Groupe des sept avaient abordé ce sommet avec appréhension : quatre missions préparatoires n'avaient pas permis de clarifier les divergences avec l'administration Trump sur le commerce, sur l'attitude à adopter avec la Russie ni sur le changement climatique.
Mais, in fine, explique-t-on, les choses se sont déroulées moins mal que prévu. Le communiqué final du G7 prend acte des divergences entre les Etats-Unis et ses six partenaires relativement aux engagements découlant de l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris sur le climat.
Ce désaccord officialisé avait été précédé d'un débat entre les dirigeants du G7 que la chancelière allemande a d'abord qualifié de "polémique" puis de "très insatisfaisant".
Toutefois, sur le commerce, Donald Trump s'est rendu aux pressions de ses alliés et a accepté d'inscrire une promesse de lutte contre le protectionnisme. Et sur la Russie, à la différence de ce que craignaient certains alliés, il n'a pas insisté pour que l'on supprime la menace de sanctions supplémentaires pour l'intervention de Moscou en Ukraine.
"Je l'ai trouvé très désireux de s'impliquer, très curieux, avec une capacité et un désir de poser des questions et d'apprendre de tous ses interlocuteurs", a déclaré le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, qui organisait le sommet.
Pour le président français Emmanuel Macron Pour Emmanuel Macron, Donald Trump est un "pragmatique" qui est venu au G7 pour "écouter" et "apprendre".
A l'inverse, le refus de Donald Trump de dire qu'il restait dans l'Accord de Paris sur le climat a suscité des grincements de dents. Vers la fin du sommet, le chef de la Maison blanche a fait savoir par un tweet qu'il prendrait sa décision la semaine prochaine. Dans les délégations, on disait ne pas comprendre pourquoi il ne pouvait pas s'engager dès Taormine.
"BONS À RIEN"
Les commentaires les plus critiques sont toutefois allés à la prestation de Donald Trump au siège de l'Otan à Bruxelles, décrite comme "une catastrophe" par plus d'un responsable européen.
En présence des dirigeants des pays de l'Otan debout derrière lui comme des enfants à l'école, Donald Trump les a réprimandés pour ne pas dépenser davantage pour la défense commune et a redit qu'à ses yeux, certains membres devaient des "quantités énormes d'argent" depuis plusieurs années, alors même que les contributions se font sur une base volontaire.
Plus perturbant encore pour ses alliés, Donald Trump n'a pas personnellement affirmé son engagement à l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord qui résume la doctrine de défense réciproque entre les membres, et alors même qu'avant son arrivée, la Maison blanche avait envoyé des signaux montrant qu'il le ferait.
Donald Trump n'a pas non plus mentionné la Russie, qui reste la raison d'être principale de l'Otan aux yeux de la plupart des pays européens.
Ce fut un discours qui a rappelé celui de son investiture le 20 janvier dernier, apparemment à usage interne. Et cela a semblé satisfaire les plus durs de ses partisans. "Fier de (Donald Trump) pour avoir dit aux bons à rien de l'Otan de payer ou de la fermer", a tweeté en réponse Mike Huckabee, l'ex-gouverneur républicain de l'Arkansas et deux fois candidat à l'investiture républicaine aux élections présidentielles.
La prestation de Trump à Bruxelles a été particulièrement exaspérante pour la délégation allemande qui a consacré de gros efforts pour construire une relation avec le président américain. Angela Merkel a par exemple invité sa fille Ivanka pour un sommet des femmes du G20 à Berlin.
Or, avant de se rendre à l'Otan, Donald Trump aurait critiqué l'excédent commercial lors d'une réunion privé avec de hauts responsables de l'Union européenne.
"Si Trump veut vraiment emprunter le chemin de l'isolement, cela ne fera qu'accélérer la montée de la Chine au sommet", grommelle un haut responsable allemand.
Au-delà des mots, le langage corporel du président des Etats-Unis a également perturbé ses interlocuteurs. Il a poussé de côté en le bousculant le Premier ministre du Montenegro Dusko Markovic alors que les dirigeants de l'Otan entraient au nouveau siège de l'alliance pour une séance de photos.
Et il s'est engagé par deux fois dans des poignées de mains particulièrement viriles avec son homologue français qui a semblé avoir le dessus dans les deux cas.
Selon Daniela Schwarzer, directrice d'études au Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (Conseil allemand des relations étrangères) à Berlin, ce voyage a confirmé la vision du monde de Trump comme étant "un jeu à somme nulle" dans lequel l'on gagne ou l'on perd et où les relations sont avant tout commerciales.
"Par ses propos et ses actes, il laisse entendre qu'il ne considère pas comme une priorité de construire de bonnes (...) relations avec des alliés que les Etats-Unis considéraient jusqu'ici comme étant les plus importants", dit-elle.