Le 20 juillet, au moins une centaine de djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida) ont attaqué le poste avancé de l’armée togolaise à Kpinkankandi, dans le nord du pays, près de la frontière avec le Burkina Faso...Trois jours après l’assaut contre le poste de Kpinkankandi, où huit soldats avaient déjà été tués en mai 2022, ni le gouvernement ni l’état-major n’avaient officiellement réagi...
Dans ce pays dirigé depuis près de vingt ans par le fils de Gnassingbé Eyadema, qui fut lui-même au pouvoir de 1967 à 2005, le silence est la règle à tous les étages. Encore plus qu’ailleurs, l’armée y mérite son surnom de grande muette. L’omerta règne sur la situation sécuritaire dans le nord du pays, sous pression constante de groupes djihadistes venus du Burkina Faso depuis une première attaque, en novembre 2021, dans la région septentrionale des Savanes.
Les autorités ne communiquent jamais sur leurs pertes hormis quelques rares déclarations, comme celle du président qui avait reconnu lors d’une interview, en avril 2023, qu’une quarantaine de membres de forces de défense et de sécurité et « à peu près une centaine » de civils avaient été tués.
Pour tenter de contenir cette menace croissante le long de ses 120 kilomètres de frontière avec le Burkina Faso, Lomé a rapidement déployé un important dispositif militaire, l’opération « Koundjoaré » forte de quelque 2 000 hommes.
Malgré cet effort important, le Togo pâtit de la déliquescence de l’Etat burkinabé, incapable d’enrayer la progression des groupes djihadistes sur son territoire. En conséquence, les incursions djihadistes se poursuivent sur le sol togolais, endeuillant l’armée et parfois les populations. Au grand dam de M. Gnassingbé qui a, assure son entourage, fait de ce péril extérieur sa priorité. [Le Monde]