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Au Venezuela, l'ex-policier rebelle tombe sous les balles

Mardi 16 Janvier 2018

Au Venezuela, l'ex-policier rebelle tombe sous les balles
Son histoire était digne d'un film, elle a fini en drame: l'ex-policier rebelle vénézuélien Oscar Pérez, qui avait attaqué depuis un hélicoptère des bâtiments officiels en juin, a été tué lors d'une vaste opération pour le capturer.

Plus de 24 heures après l'intervention de la police, le ministre de l'Intérieur, le général Nestor Reverol a annoncé dans une allocution télévisée que Pérez, 36 ans, figurait parmi les "sept terroristes tués", dont une femme, au cours de l'intervention.

Le ministre, qui a montré des clichés des victimes, a ajouté que six autres membres du groupe, quatre hommes et deux femmes, avaient été arrêtés et étaient en cours de comparution devant la justice.

Oscar Pérez était jusque là l'homme le plus recherché du Venezuela depuis que, le 27 juin dernier, il avait survolé Caracas à bord d'un hélicoptère dérobé à la police. Avec d'autres hommes armés, ils avaient lancé quatre grenades sur le Tribunal suprême de justice (la Cour suprême vénézuélienne) et ouvert le feu sur le ministère de l'Intérieur, sans faire de victime.

L'attaque surprise survenait durant une vague de manifestations demandant la démission du président socialiste au cours desquelles 125 personnes ont été tuées entre avril et juillet.

Acteur amateur au physique de mannequin, teint mat et yeux azur, Oscar Pérez intriguait autant qu'il fascinait, multipliant les apparitions dans la rue ou via les réseaux sociaux et vivant dans une apparente clandestinité.

Sept mois plus tard, des commandos militaires et les forces spéciales de la police ont encerclé la cachette de Pérez et ses hommes, au nord-ouest de Caracas.

Lundi, lors de l"opération Gédéon", deux policiers ont été tués et huit autres "grièvement" blessés, a précisé le ministre, soulignant que tout avait été fait avant pour "trouver une solution pacifique".

"Les actes commis par cette bande criminelle relèvent (...) du terrorisme", a ajouté le général.

Pour l'analyste Rocio San Miguel, le groupe d'Oscar Pérez semblait isolé.

- "Pas un réseau terroriste" -

"La zone choisie pour se cacher, les quelques actions réalisées en sept mois et l'absence d'hommes montant la garde ou répliquant à l'assaut (de la police) semble indiquer qu'il n'existe pas de réseau articulé pour réaliser des actions terroristes ou faire chuter le gouvernement", souligne-t-elle.

La mort de Pérez, qui interprétait en 2015 le héros du film d'action vénézuélien "Mort suspendue", a néanmoins déclenché une polémique dans ce pays au bord du gouffre et secoué par une crise économique et politique.

Dans une série de vidéos diffusées sur Instagram au cours de l'assaut, Pérez, ancien membre de la police scientifique, a tenu les Vénézuéliens en haleine durant plusieurs heures. Le visage ensanglanté, il y accusait les autorités de vouloir le tuer malgré son intention de se rendre avec ses hommes.

"On est en train de nous tirer dessus avec des lance-grenades. On a prévenu qu'on allait se rendre mais ils ne veulent pas nous laisser nous rendre. Ils veulent nous tuer", déclarait-il.

"Nous allons mourir debout en défendant notre patrie, mais jamais à genoux devant les tyrans", lançait-il dans une autre. Sur les images on pouvait apercevoir d'autres hommes armés de fusils.

"Je veux demander aux Vénézuéliens qu'ils ne baissent pas les bras, qu'ils luttent, qu'ils sortent dans les rues, il est temps que nous soyons libres. Vous êtes les seuls à détenir le pouvoir à présent", poursuivait le pilote.

Après l'annonce du ministre l'Intérieur, l'épouse du pilote, Dana Vivas, qui quelque heures avant avait exigé une "preuve de vie", a demandé sur Twitter aux autorités de pouvoir identifier le cadavre.

Aminta Pérez, la mère d'Oscar Pérez, a qualifié l'opération de "massacre".

Après l'intervention, les forces de l'ordre ont dispersé avec des bombes lacrymogènes une manifestation spontanée d'une trentaine de personnes en faveur du pilote et contre le chef de l'Etat socialiste.

"Dehors!", "Liberté!", ont crié les manifestants à l'adresse de Nicolas Maduro, tandis qu'ils brûlaient des pneus et des détritus, a constaté l'AFP. "Oscar!, Oscar!", ont-ils également scandé. (AFP)
 
 
 
 
 
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