La vision humaniste du « Li nieup bok nieup diot si » est en danger lorsque « le don de soi pour la patrie » risque de devenir « le don de soi pour le parti ».
Éradiquer la pratique partisane dans l'exercice de l'action publique
En cette période de possible reprise de l'initiative, la pratique partisane dans l'exercice de l'action publique ne peut servir de boussole. Elle nous éclaire sur les défauts profonds des systèmes partisans, consumés par des logiques d’appareil et des prises de position individualistes délétères contre la volonté générale. Et en empêchant de pallier ces tares, ses effets toxiques épuisent le peuple et érodent toute vitalité démocratique chez les citoyens.
Le gros des 54% des suffrages exprimés à la présidentielle de 2024 a emporté la conviction des électeurs pour le projet souverainiste sans qu'il soit affilié à aucun parti ni à un passé politique. D’autre part, l’option de l’engagement citoyen et militant qui a recueilli plus largement l’approbation de cet électorat de jeunes doit continuer à servir de réceptacle à leur contestation ainsi qu’à leurs discours et revendications politiques.
Par conséquent, est-il nécessaire de rappeler que nous sommes nombreux à nous considérer comme de légitimes actionnaires de ce projet pour avoir, chacun à sa manière contribuer à le rendre visible, désirable et opérationnel, souvent à nos risques et périls?
Immuniser les corps politiques et sociaux
Il importe de résister à ces tendances de caporalisation si l’on veut que la promotion de la démocratie atteigne son potentiel en tant que force positive et idéal de vie en commun.
Dans la pensée dominante, l’agir en commun, en dépit d’un désordre ou d’un mécompte originaire, suppose un moment d’unité qui écarte les exclusivités et qui pose d’emblée la multiplicité, la «pluriversalité » au cœur de l’action politique.
Ce serait regrettable que la nouvelle équipe en selle reproduise les mêmes travers que le système de pouvoir précédent, connu pour sécréter des anticorps pour atténuer, voire anéantir, toute tentative de remise à plat... D'où une nécessaire immunisation des corps sociaux et politiques contre les désirs d'accaparement de la chose publique.
Imprimer notre projet patriotique et souverainiste dans l'imaginaire collectif des sénégalais pour sa pérennité souligne la nécessité de démocratiser en profondeur nos institutions et cela passe par une immunisation de nos corps sociaux et politiques contre les dérives institutionnelles.
A nous de produire ce vaccin, une véritable posture de défense et de préservation des acquis récents mais ô combien fragiles qui délimitent clairement les droits et libertés de nos gouvernants mais qui fixe également les devoirs et obligations de tous ceux qui interviennent dans l'espace public.
Il ne s'agit rien d'autre que de rééquilibrer les pouvoirs afin de rendre possible l’alternance au sommet de l’État dans un climat dédramatisé et redonner au citoyen la plénitude du mandat qu'il a confié à des tiers.
Rouvrir les espaces démocratiques
Toujours est-il qu'il est utile et pédagogique de rappeler aux tenants du pouvoir actuel, qu'ils ne sont pas les leaders d'un clan ou d'une faction mais de ceux de tous les Sénégalais. Il nous faut rouvrir des espaces démocratiques, pour reprendre l’offensive, pour récupérer des marges de manœuvre et d’action dans la construction du monde auquel nous aspirons...
L’acte politique comme acte éthique consiste à engager et transformer leur désir au nom d’un imaginaire collectif. Il s’agit bien de trouver les points de levier : ils sont nombreux et ils supposent des agencements individuels et collectifs, éventuellement contradictoires ou inconciliables.
Il est inutile de les opposer, inutile de s’épuiser, mais définir un horizon commun, telle est l’urgence de cet ethos démocratique.
Khady Gadiaga, 18 septembre 2024
#jubjubaljubbanti
#Linieupboknieupdiotsi
#diomayemooysonko