« Nous espérons que vous serez des ailes et des ambassadeurs (vigilants) pour une utilisation responsable des biotechnologies émergentes » dans l’espace africain.
En clôturant l’atelier international de trois jours sur « Sensibilisation et compréhension accrues du biocontrôle génétique en Afrique », Dr Agnes Yemisi Asagbra, directrice générale de l’Agence nationale de gestion de la biosécurité du Nigeria (NBMA), a mis en relief le rôle essentiel qui est attendu des scientifiques, chargés de communication et journalistes face aux controverses passionnantes et - souvent - passionnées nées de l’usage des biotechnologies émergentes.
L’atelier s’est tenu du 19 au 21 août 2024 à Abuja (Nigeria) sous l’égide du Consortium africain de biocontrôle génétique (AGBC), une plateforme supérieure dédiée à la collaboration entre experts et institutions africaines intervenant dans le biocontrôle génétique sur le continent. Les travaux ont été conduits par le Dr Willy Tonui, chef du Secrétariat de l’AGBC. Ancien directeur général de l'Autorité nationale de biosécurité (NBA) du Kenya, Tonui dirige également Environmental Health Safety (EHS), une société de conseil basée à Nairobi.
A ses cotés, il y avait Dr Agha Ukpai Agha, actuel directeur intérimaire du département de biosécurité à la NBMA. Dans cette agence fédérale, Agha a déjà dirigé deux autres départements : celui de la sécurité alimentaire et de l’économie sociale, et celui de la biosécurité environnementale et de la dissémination générale. Il est crédité d’une grande expérience universitaire et professionnelle grâce à ses séjours un peu partout dans le monde (Australie, Etats-Unis, Indonésie, Afrique du Sud, Italie, Suisse et Ghana),
L’objectif visé par les organisateurs est d’« encourager les scientifiques, les communicateurs scientifiques et les journalistes à réfléchir de manière critique aux dimensions sociales, historiques, culturelles et éthiques de la science », souligne la note introductive de l’activité…
Aujourd’hui, les biotechnologies émergentes touchent de plus en plus au quotidien des populations et dans beaucoup de domaines. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) en sont un des porte-drapeaux en raison de leur impact prétendu sur l’agriculture, la santé, l’environnement, etc. D’où l’importance et la place du Protocole de Cartagena dans les politiques nationales et transfrontalières de prévention contre les risques biotechnologiques.
Le Protocole de Cartagena est défini comme « un accord international qui vise à garantir la sécurité de la manipulation, du transport et de l’utilisation des organismes vivants modifiés (OVM) issus de la biotechnologie moderne ». Car ces OVM « peuvent avoir des effets néfastes sur la diversité biologique…» Il a été signé en janvier 2000, huit ans après la Convention mondiale sur la diversité biologique paraphée à Rio (Brésil). Son entrée en vigueur date du 11 septembre 2003.
Par rapport au Protocole de Cartagena, le Dr Agnes Yemisi Asagbra a expliqué avec force détails le fonctionnement de l’agence fédérale NBMA qu’elle dirige, les contraintes auxquelles elle doit faire face, les modalités d’application du principe de précaution. Dans le cadre des rapports entretenus avec d’autres institutions fédérales ou locales, elle a mis en exergue la place centrale qu’occupent les organismes génétiquement modifiés dans le travail de régulation qui échoit au NBMA. Une mission qu’elle rapproche de l’article 16 du Protocole de Cartagena (Carthagène) qui souligne que « des mesures fondées sur l’évaluation des risques sont imposées dans la mesure nécessaire pour prévenir les effets défavorables de l’organisme vivant modifié sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique, y compris les risques pour la santé humaine…»
Du reste, certaines dispositions du Protocole de Cartagena en lien avec le thème de l’atelier ont été explorées par le Pr Dorington Ogoyi, du département de Biochimie/Biotechnologie de l’Université Technique du Kenya (TUK). Au terme d’une démonstration sous forme de diapositives, l’ancien représentant de l’Afrique au Comité de conformité du Protocole de Cartagena a présenté les cadres internationaux de biosécurité et exposé les différentes stratégies régionales en vigueur concernant le management des technologies émergentes en Afrique.
A travers plusieurs panels de discussions et des groupes mixtes de scientifiques, communicateurs et journalistes, les participants ont planché sur divers sujets dont certains en situation réelle. L’un, transversal à plusieurs groupes, a porté sur « les exigences et le renforcement des capacités en matière de communication scientifique pour le biocontrôle génétique en Afrique ». Ainsi, des modules de formation détaillés à la communication scientifique ont été proposés, enrichis et partagés par les participants sous la direction des facilitateurs.
En amont de ces exercices, Gloria Ogbaki, la patronne de l’information et de la communication à la NBMA, Rosalia Omungo, journaliste et directrice générale de la Kenya Editors'Guild, une association professionnelle d'éditeurs au Kenya, et la journaliste et experte en communication Mary Ama Kudom-Agyemang du Ghana, ont délivré, chacune sur un thème précis, d’intéressants cours de perfectionnement visant à une meilleure promotion scientifique en Afrique.
Au Sénégal, depuis juillet 2009, c’est l'autorité nationale de biosécurité (ANB) qui assure la régulation « des activités de mise au point, d’utilisation d’utilisation en milieu confiné, d’importation, d’exportation, de transit, de transports de dissémination volontaire dans l’environnement et de mise sur le marché d’organismes génétiquement modifiés ou produits dérivés. »
Les pays participants à l'atelier d'Abuja étaient : Nigeria, Kenya, Ghana, Ouganda, Cameroun, Mali et Sénégal.