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Boubacar Boris Diop : « Adji Sarr et les vrais responsables de la dizaine de morts…» (Kirinapost)

Vendredi 12 Mars 2021

Elle est aussi une victime mais en aucun cas, selon moi, de Sonko. J’entends des amis ou des gens que j’aime bien dire : « Seuls Adji Sarr et Sonko savent ce qui s’est passé dans cette cabine, alors suspendons notre jugement. » C’est à mourir de rire, ça, c’est vraiment le genre d’argument que l’on sert quand on ne sait plus quoi dire. À partir du moment où l’un des deux protagonistes raconte aux enquêteurs sa version des faits, ce tête-à-tête commence à n’en être plus un, chacun de nous a des éléments lui permettant de se faire une idée de ce qui a pu réellement se passer. C’est une simple question de bon sens.
 
Il y a eu mieux ensuite, les témoignages de tous ceux qui pouvaient aider à corroborer ou infirmer l’accusation et il se trouve que tous ont disculpé Sonko. Et si on ajoute à cela que la déposition d’Adji Sarr est un tissu d’incohérences hallucinantes, on se dit que seul un juge cynique, absolument décidé à liquider un homme politique peut aller jusqu’à demander la levée de son immunité parlementaire sur une base aussi légère. Sonko avait la possibilité de ne pas leur faciliter la tâche à ces gens et il a bien fait de jouer cette carte, autant pour son salut personnel que pour celui de son projet politique. Cela dit, si Adji Sarr s’est retrouvée au centre de cette machination, c’est surtout par inexpérience, les vrais responsables de la dizaine de morts et des milliards de francs de dégâts, ce sont les adultes sans scrupules qui l’ont manipulée.
 
On entend dire que le président Sall a été mis devant le fait accompli. En toute rigueur, l’hypothèse n’est pas à exclure mais cela voudrait également dire que les femmes et les hommes qu’il a placés à des postes stratégiques n’ont aucun respect pour lui et ne craignent pas d’avoir à rendre compte de leurs graves errements.
 
Pour en revenir à Adji Sarr, les obscénités que l’on déverse sur elles via les réseaux sociaux doivent cesser. Dans le climat de relatif apaisement qui prévaut depuis quelques heures, je pense qu’il faut qu’elle revienne parmi nous. On attend de toute personne qu’elle soit vivante ou morte, on ne peut pas rester suspendu entre les deux, surtout à un si jeune âge, ce n’est bon ni pour sa santé mentale ni pour sa sécurité. J’utilise ce dernier mot à dessein, bien évidemment. » (Entretien avec Kirinapost)
 
 
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