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« Bravo, félicitations à tous ceux et à toutes celles qui lui ont prêté main forte ! »

Mardi 23 Janvier 2024

Le chroniqueur Mody Niang
Le chroniqueur Mody Niang

La décision du Conseil constitutionnel est tombée ce samedi 20 janvier 2024. Comme s’y attendaient nombre de nos compatriotes, en tout cas pour peu qu’ils aient pu lire les événements qui se sont déroulés dans notre pays depuis la création de Pastef (Parti africain pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité) et l’apparition sur la scène politique d’Ousmane Sonko qui en était le président. Il a attiré, dès ses premières activités politiques, l’attention de nos gouvernants qui ont rapidement vu en lui un adversaire, plus tard un ennemi susceptible de mettre en danger leurs privilèges exorbitants de plusieurs années. Et il a très tôt été désigné comme cible à abattre par tous les moyens, notamment « en le réduisant à sa plus simple expression » et, s’il le faut, aller beaucoup plus loin encore avec lui.

 

Le premier acte pris dans cette perspective est ce décret que je considère comme illégal et violant manifestement tant de conventions, de protocoles (des Nations Unies, de l’Union africaine comme de la CÉDÉAO), de notre constitution, du Code de transparence de l’UÉMOA qui avait demandé à tous ses membres de l’introduire dans leurs droits internes. Ce qui fut fait chez nous avec la Loi n° 2012/22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques. Tous ces textes et documents insistent particulièrement sur la nécessité d’informer les populations, en particulier sur la manière dont leurs maigres ressources sont gérées, et de les préparer à savoir lutter contre les actes de corruption. Dans une prochaine contribution, je reviendrai sur cette nécessité d’informer  les populations pour montrer qu’Ousmane Sonko n’était que dans son rôle. Au lieu de le féliciter et de le récompenser pour l’important travail qu’il faisait, conformément aux dispositions des conventions et textes qui viennent d’être évoqués, le président-politicien prend la lourde responsabilité de le radier de la Fonction publique avec pour prétexte fallacieux le « non-respect du devoir de réserves ». Ousmane était alors inspecteur principal des impôts et domaines qui a travaillé quinze longues années à faire verser des milliards de francs CFA dans les caisses de l’État, sans en détourner un seul, jusqu’à preuve du contraire.

 

Les députés d’alors, dont en particulier Moustapha Diakhaté, Aymérou Gning et Cheikh Seck qui ont été pour beaucoup dans la décision du président-politicien, croyaient en avoir terminé définitivement avec lui. Ils se rendront vite compte qu’il n’en était rien car, aux élections législatives du 30 juillet 2017, Ousmane est élu. Avec les plus forts restes (un peu moins de 35.000 voix), ironisaient-ils. Pour aller plus vite et arriver vraiment à l’objet principal de cette contribution, Ousmane est candidat à l’élection présidentielle du 24 février 2019 et en sort troisième, avec un peu plus de 600.000 voix. La peur s’empare encore plus du président-politicien et de ceux qui l’accompagnent dans sa ferme volonté de « le réduire à sa plus simple expression », en faisant surtout de sorte qu’il ne soit jamais candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Madiambal Diagne y joua un rôle déterminant. Je n’insiste pas sur l’accusation particulièrement grave qu’il a portée contre Ousmane pour dresser la communauté mouride contre lui. Sans succès, puisque le jeune Ousmane devenait de plus en plus populaire. Il fallait qu’ils poussent encore plus loin leurs intentions sordides contre le maire de Ziguinchor. Je signale qu’il l’était devenu entre-temps, élu au suffrage universel direct et avait commencé à y faire un excellent travail, qui pouvait déjà donner une idée de comment il allait gouverner le pays si jamais il était élu en février ou mars 2024. Pour le président-politicien comme pour ses acolytes, il n’en état vraiment pas question. Ousmane Sonko président de la République du Sénégal, qui viendrait sûrement faire l’état des lieux et passer à la nécessaire reddition des comptes – qui n’a rien à voir avec la chasse aux sorcières ?  

 

On a alors créé de toute pièce cette rocambolesque affaire de « viols répétés avec armes à feux et menaces de mort ». Je me suis expliqué, et de nombreux compatriotes avec moi, sur ce gros mensonge d’État. Rien que le titre de la plainte en est la preuve manifeste. « Viols répétés avec armes à feux et menaces de mort », dans un endroit où des gens sortent ou entrent à tout moment ? Ousmane Sono qui quitte chez lui, trois, quatre, cinq fois avec au moins deux revolvers (« armes » est au pluriel, il lui en faut au moins deux) ? La petite violée dans ces conditions plusieurs fois, sans qu’elle ne s’en ouvre à personne jusqu’à la quatrième ou la cinquième fois ? Quand même ?

 

Quand ils se décident finalement à passer aux choses sérieuses, un Sidy Mouhamded Ndiaye vient la chercher pour, avec l’aide d’un autre dont je ne me connais pas du nom, ils prennent le chemin de Hôpital général Idrissa Pouye de Grand Yoff, pour qu’elle soit consultée et se fasse délivrer un certificat médical qui confirme le viol. Il convient quand même de signaler, que la veille, un ami de Mamour Diallo – c’est de lui qu’il s’agit  – qui connaissait le gynécologue, l’a appelé pour s’assurer qu’il serait au travail le lendemain. Le médecin répond naturellement oui et le lendemain ils se présentent avec leur fille « victime » de « viols répétés ». Je n’ai rien inventé. Après l’examen médical, nos amis ont voulu connaître le contenu du certificat. Ce que le médecin n’a naturellement pas accepté. Les comploteurs sont même allés plus loin en voulant faire changer le contenu du certificat médical qui ne les arrangeait pas du tout. Par la corruption s’il y a lieu. Encore une fois, je n’ai rien inventé. Oserais-je, moi modeste membre de la famille de Kër Kumba amul ndey ? C’est le médecin lui-même qu’on a entendu à plusieurs reprises devant les micros de radios et sur les plateaux de télévisions. Sans compter la conversation fuitée entre la jeune dame et Mamour Diallo, à laquelle on peut ajouter celle qu’elle aurait eue avec son marabout, un Niasse de Kaolack, qui a d’ailleurs quitté le pays.

 

Ce qui est plus grave, plus suspect, plus compromettant et plus méchant encore, ce sont les insanités que Madiambal Diagne écrit avec joie dans ses « lundis », chroniques où il ne rate jamais l’occasion de charger le pauvre Ousmane Sonko. On se rappelle qu’il avait donné le ton, annoncé la couleur et sonné la charge dans son «Lundi » du 15 mars 2021. « L’ami », le bras armé du couple présidentiel n’y avait pas ménagé la cible privilégiée, l’ennemi à abattre coûte que coûte et par tous les moyens, et l’avait alors copieusement chargé. On pouvait lire ainsi dans ce fameux «Lundi » : « (…) Des personnes sont arrêtées et détenues pour avoir participé aux actions subversives. Il semble moralement inacceptable que les exécutants paient seuls, alors que le commanditaire, l’instigateur, le donneur d’ordres, Ousmane Sonko, clairement identifié, soit épargné par le glaive de la justice. La seule chose qui pouvait arriver à Ousmane Sonko était d’être traduit en justice pour ces faits et de lui faire application de la rigueur de la loi pénale. Mais il semble acquis que rien ne lui arrivera de ce point de vue et qu’il pourra continuer à se calfeutrer dans sa maison, avec sa famille, et donner des mots d’ordre que vont exécuter à la lettre des hordes de militants. » 

 

On sent la haine, une haine sourde à travers tous ses mots et expressions. Ainsi donc pour lui, Ousmane Sonko est manifestement coupable et le glaive de la justice devrait lui tomber lourdement dessus. Mais il craignait que peut-être rien ne lui arriverait et il « pourra continuer à se calfeutrer dans sa maison, avec sa famille, et donner des mots d’ordre que vont exécuter à la lettre des hordes de militants ». Il faudrait alors envisager un autre moyen  qui est tout trouvé dans le « Lundi » de l’ancien « ami » du vieux président-politicien Wade. Voici comment il développe le moyen, la stratégie : « (…) Au terme de son instruction, le juge Samba Sall pourrait décider d’un non-lieu, s’il trouvait les charges insuffisantes et une telle décision laisserait la latitude aux parties d’user de leurs droits de recours judiciaires. Á l’inverse, il pourrait décider du renvoi devant le Tribunal correctionnel. La perspective d’un procès public semble être fortement redoutée par Ousmane Sonko qui manifestement ne souhaiterait pas voir étaler sur la place publique le récit de ses contacts intimes avec la dame Adji Sarr dans cette sorte de lupanar qu’est le salon’’Sweet Beauté’’. Aussi, certaines fuites dans la presse de l’audition par le juge d’instruction de la dame Adji Sarr révèlent des faits et actes sexuels qui ne manqueraient pas d’avoir un impact on ne peut plus négatif sur la moralité de Ousmane Sonko, qui a quelque part travaillé à asseoir une image immaculée de ‘’musulman modèle’’. On peut se demander si certaines révélations circonstanciées devant le public ne terniraient pas l’image de ce leader politique, plus que ne le ferait une condamnation pénale. Même s’il sortait d’un procès avec une relaxe, Ousmane Sonko n’y laisserait pas moins de grosses éclaboussures sur sa réputation ». 

 

C’est terrible, c’est énorme, c’est au moins clair comme l’eau de roche. Comment peut-on haïr à ce point un compatriote et le présenter comme coupable de tous les faits qui lui sont reprochés, alors qu’il n’est pas encore jugé ? Ce n’était donc plus un secret pour personne : Madiambal Diagne était manifestement dans la logique, la dynamique du message fuité, disait-on, d’une certaine avocate, dont les premiers mots étaient : « Il faut ternir l’image de ce leader politique, plus que ne le ferait une condamnation pénale » et faire de sorte qu’il laisse dans l’affaire de « grosses éclaboussures sur sa réputation »

 

Le coup d’envoi de la campagne de dénigrements était donc ainsi lancé et le mercredi 17 mars 2021, la présumée victime « sortait enfin de son silence », de la manière que tout le monde se rappelle. Ce théâtre organisé par son tonitruant avocat avec un scénario mal assimilé, a été largement commenté et je ne m’y appesantirai pas, sinon pour préciser que, pendant plus de deux ans, cette affaire de « viols répétés avec armes à feux et menaces de mort » était le thème privilégié des débats organisés dans les différents médias. Ousmane Sonko qui est quand même père de famille, a des parents encore vivants, des amis et de nombreux militants et sympathisants qui croient en lui et en son Projet, fera les choux gras de d’une certaine presse, de loin la plus nombreuse, pendant toute cette période. Il sera ainsi traité de tous les noms d’oiseaux, avec des mots des plus abjects. On annonçait çà et là de preuves qui le confondraient le jour du procès tant attendu par ses comploteurs et pires ennemis. Parmi eux deux journalistes dont l’information a circulé qu’ils envoyaient chacun 50 à 60.000 francs à la « violée » privilégiée, et par mois.
 

Le jour « J » tant attendu arrive alors, et sans la présence de ni de Sonko, ni de ses avocats. La plaignante prend la parole et pendant plusieurs heures, n’a pu apporter aucune preuve, ni faire intervenir  aucun témoin. Il ne devrait rester alors qu’à le relaxer, même absent. Il n’en fut malheureusement rien car une telle décision ne s’inscrirait certainement pas dans la volonté rageuse du président-politicien de réaliser son objectif, qui était d’éliminer coûte que coûte Ousmane Sonko de l’importante élection présidentielle du 25 février 2024. Élection qu’il gagnerait sûrement, ce qui serait plus qu’une catastrophe pour les hommes et les femmes qui nous gouvernent depuis le 1er avril 2000. Pas seulement d’ailleurs, mais qui le serait encore pour de nombreux compatriotes occupant des postes parfois stratégiques, avec des contrats juteux qu’ils ne doivent qu’à leur appartenance à l’APR, à la coalition Bennoo Bokk Yaakaar ou à leur proximité avec les deux premiers membres de la fameuse dynastie. Parmi ces compatriotes qui craignent aussi comme la peste l’arrivée d’un Sonko au pouvoir, on peut en compter des fainéants, des roublards, des gens qui entendent vivre décemment sans lever le plus doigt, en ne comptant que sur leur courtisanerie.

 

Donc, pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, Ousmane Sonko ne pouvait pas  être relaxé ce 1er juin 2023, et un nouveau délit qui n’a jamais figuré sur le dossier – selon les spécialistes – fut évoqué pour le lui coller et le condamner à deux ans de prison ferme. On connaît la suite avec cette fameuse contumace qu’Ismaïla Madior Fall, alors Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, déclara publiquement définitive. Position publique qu’aucun ministre de la Justice d’un pays sérieux ne se hasarderait à prendre. Avant son arrestation pour « vol de portable » qui n’aurait rien à voir, toujours selon eux, avec la contumace, ils l’auront barricadé chez lui pendant 55 jours, en ne se fondant sur aucun document (ni administratif, ni judiciaire) justifiant cette grave décision de la part d’un État.

 

On connaît la suite, avec les deux ordonnances importantes du juge de Ziguinchor et de celui du Tribunal de Grande Instance de Dakar immédiatement exécutoires. Or, les responsables de la Direction générale des Élections (DGE) et de celle de l’Automatisation du fichier (DAF) du Ministère de l’Intérieur refusèrent carrément d’obtempérer. Le Directeur général de la Caisse des Dépôts et consignations, membre de l’APR et maire de Mbour en fit autant. Il n’avait pas le choix, lui comme les deux précédents. Ils ne font qu’appliquer des instructions de leurs supérieurs qui, pour eux, sont de loin plus importantes que les décisions de justice, et d’où qu’elles viennent. 

 

Malgré toutes ces violations flagrantes des droits d’Ousmane Sonko et son long séjour en prison, les gens s’attachaient de plus en plus à lui et à son Projet. L’État alors corse  la note et l’accable de chefs d’inculpations qui n’ont vraiment rien à envier à ceux que les Américains faisaient peser sur Oussama Ben Ladin avant sa mort. Tout cela, pour justifier « légalement » son élimination le moment venu. Et ce moment est bien venu ce samedi 20 janvier 2024. Ousmane Sonoko a été donc éliminé, et c’est le contraire qui eût étonné, avec tout l’État qui a été mobilisé depuis sa radiation par décret n°2016-1239 du 29 août 2016. Pourtant, ce que l’on nous a fait vivre de façon presqu’horrible pendant tout ce temps pourrait nous être épargné et le pays serait aujourd’hui en train de préparer tranquillement l’élection présidentielle du 25 février 2024 et le président-sortant son départ paisible. 

 

Il suffisait de quelques conditions : 

  • S’il avait respecté ses engagements plusieurs fois pris, de façon solennelle et pendant trois longues années, tant au Sénégal qu’à l’extérieur ; s’il ne les avait pas carrément reniés et mis effectivement en place cette gouvernance « transparente, sobre et vertueuses » qu’il nous promettait ; s’il s’était comporté en homme d’État, en président de tous les Sénégalais et de toutes les Sénégalaises comme il s’y était engagé lors de son premier serment (le 2 avril 2012) plutôt qu’en président-politicien dont la seule préoccupation a été de « réduire son opposition à sa plus simple expression » et de « (lui) faire subir (sa) politique que ça lui plaise ou non », Ousmane Sonko ne serait peut-être même connu et encore moins PASTEF. 
  • S’il était ce président-là, Ousmane sonko ne serait jamais radié de la Fonction publique et cette affaire de « viols répétés avec armes à feux et menaces de mort » n’existerait même pas et ne nous ferait pas perdre trois longues années que nous pourrions utiliser à développer notre pauvre pays.
  • Nous ne connaitrions sûrement pas ce parrainage très contesté, géré par le Conseil constitutionnel qui ne semble pas faire l’unanimité, qui en est peut-être loin, avec surtout à sa tête ce Monsieur Badio Camara, dont de nombreux compatriotes pensait qu’il ne prendrait jamais ou laisserait prendre une décision qui n’aille pas dans le sens de la volonté connue du président-politicien d’éliminer son ennemi Ousmane Sonko de l’importante élection présidentielle du 25 février 2024.

 

Tout cela est-il vrai ? Je ne dispose pas de suffisamment de moyens pour l’affirmer de façon formelle. Cependant, ce dont je suis presque sûr, c’est que j’ai de plus en plus de réserves par rapport à ce Conseil constitutionnel et à la justice en général. Dans une toute prochaine contribution, je tenterai d’expliquer, à ma manière, ces réserves. Une autre suivra, et qui sera dédiée à cette plainte-bidon d’un Mame Mbaye Niang pour « diffamations et injures », dont le rapport est visible presque partout aujourd’hui. Il suffit d’aller à Google pour en avoir le cœur net. Une plainte-bidon au terme de laquelle Ousmane Sonko est condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis, en n’étant ainsi ni électeur ni éligible pendant cinq ans. Pourtant, si le Sénégal était un pays de droit, une véritable démocratie avec une justice indépendante, ce Mame Mbaye Nang serait aujourd’hui plus préoccupé à défendre sa peau qu’à porter plainte contre Ousmane Sonko. Peut-être même, serait-il en prison depuis lors. Même profane, je tenterai de le démontrer.

Dakar, le 22 janvier 2024

Mody Niang

 



 
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