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Brésil: Près de 2 mds USD de «bonus de signature» aux enchères des blocs de pétrole offshore

Vendredi 27 Octobre 2017

Rio de Janeiro - Les enchères de blocs pétroliers offshore au Brésil, auxquelles participaient vendredi les grandes compagnies étrangères, ont atteint 1,89 milliard de dollars et se sont soldées par un résultat avantageux pour un gouvernement soucieux de remplir ses caisses vides.

Le montant de 6,15 milliards de réais de "bonus à la signature" est moins élevé que les 7,75 milliards de réais escomptés par Brasilia, mais l'Etat a obtenu des accords de partage des bénéfices très favorables, allant jusqu'à 80% dans un des huit blocs pré-salifères qui étaient proposés.

Trois blocs de pré-sal -- gisements prometteurs enfouis sous une épaisse couche de sel-- sont partis avec plus de 70% pour l'Etat, parfois près de huit fois plus que le minimum initial fixé. Dans ces trois cas, la compagnie d'État Petrobras a pris part aux consortiums vainqueurs.

Particulièrement actif dans ces enchères, Shell est présent dans trois blocs, l'un d'entre eux en association avec Total.

"Les pourcentages nous ont surpris, ils ont dépassé notre attente,", a déclaré Decio Oddone, le président de l'Agence nationale du pétrole (ANP), "nous sommes très contents, cela se traduira par des resources plus élevées pour l'Etat brésilien".

Très attendues, ces enchères avaient commencé avec plus de deux heures de retard après avoir été bloquées par un juge.

Saisi par un regroupement de syndicats et l'opposition de gauche du Parti des travailleurs (PT) estimant que ces enchères revenaient à brader la richesse nationale, le juge Ricardo Augusto de Sales avait pris une injonction bloquant les adjudications.

Il avait expliqué vouloir éviter "les dommages au patrimoine public, particulièrement au vu des montants envisagés" de mise aux enchères.

Mais le gouvernement a rapidement saisi la justice et a réussi à faire lever cette injonction et les enchères ont démarré immédiatement après.

"Nous avons montré que le Brésil a une sécurité juridique", a lancé le patron de l'ANP à l'égard des nombreux investisseurs étrangers présents dans un hôtel chic de la zone balnéaire de Barra da Tijuca, à l'extérieur de Rio de Janeiro.

Quatre ans après les dernières enchères de pré-salifères, 16 compagnies pétrolières ont participé à ces adjudications, dont les majors ExxonMobil et Shell.

- Enorme potentiel -

Les blocs du pré-sal ont un énorme potentiel, tout en posant d'immenses défis sur le plan technologique pour des forages dans les profondeurs de l'Atlantique à un moment où le marché pétrolier mondial est déprimé.

Mais le président brésilien Michel Temer a modifié les règles pour rendre les enchères plus attrayantes.

Il a mis fin à l'obligation qui était faite jusqu'à présent aux compagnies étrangères de laisser Petrobras -- compagnie étatique qui émerge à peine d'un gigantesque scandale de corruption -- être l'opérateur et détenir au moins 30 % dans les blocs de pré-salifères.

Cette disposition ouvre plus grand la porte pour les compagnies étrangères au Brésil. Les vainqueurs des enchères seront les plus offrants pour le gouvernement dans le cadre des accords de partage de production.

Le produit des enchères doit apporter une bouffée d'oxygène à Brasilia, qui a lancé un vaste programme de mesures d'austérité et de privatisations afin de remettre l'économie sur les rails, après deux années de récession historique.

Ces enchères ont été critiquées par la gauche brésilienne. Jeudi, c'était la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée en 2016, qui était montée au créneau en écrivant dans un tweet: "Le Brésil cède le pétrole aux étrangers au prix des bananes".

Le 27 septembre, Les enchères de 287 blocs pétroliers au Brésil s'étaient soldées par un succès largement supérieur aux attentes du gouvernement, rapportant plus d'un milliard d'euros, un record historique.

L'américain Exxon Mobil avait été l'un des acteurs majeurs de ces enchères, en s'associant notamment à Petrobras pour s'assurer l'obtention de six blocs offshore dans la zone de Campos, où de nombreux spécialistes voient un fort potentiel pour de nouveaux gisements de pré-sal.

Au total, le gouvernement espère obtenir plus de 80 milliards de dollars (environ 68 milliards d'euros) lors des ventes échelonnées jusque fin 2019.
 
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