LONDRES (Reuters) - Le Royaume-Uni est entré dans la "zone d'urgence" sur le Brexit, a déclaré dimanche la directrice générale de la Confédération britannique de l'industrie (CBI), ajoutant que le risque d'une sortie sans accord de l'Union européenne s'est accru.
"Il semble que le processus parlementaire soit dans une impasse, qu'aucune issue ne puisse être trouvée, et de ce fait, la perspective d'un 'no-deal' semble bien plus élevée", a dit Carolyn Fairbairn sur Sky News.
"Nous sommes véritablement dans la zone d'urgence sur le Brexit désormais", a ajouté la dirigeante de l'organisation patronale.
Invitée elle aussi de Sky News, la secrétaire d'Etat au Trésor, Liz Truss, a jugé pour sa part que la Première ministre Theresa May était encore à même de parvenir à un accord avec les Européens.
Alors que la date du divorce a été fixée au 29 mars prochain au soir, la dirigeante britannique a été chargée par la Chambre des communes de renégocier l'accord conclu avec Bruxelles mais massivement rejeté mi-janvier par le Parlement britannique.
Il s'agit pour May de trouver des "mécanismes alternatifs" au "backstop", la clause de sauvegarde qui doit, en dernier recours, garantir qu'il n'y aura pas de rétablissement d'une frontière physique entre la République d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.
Mais ses interlocuteurs européens lui ont redit la semaine passée qu'il n'était pas question de rouvrir l'Accord de retrait ni de toucher au "backstop".
Ils la poussent en revanche à saisir la main que lui a tendue le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn, qui propose une union douanière permanente entre l'UE et le Royaume-Uni pour sortir de l'impasse sur l'Irlande du Nord.
RETOUR AUX COMMUNES
Theresa May doit informer mercredi prochain les députés de la Chambre des communes de l'état de ses tentatives de renégociation avant un nouveau vote sur des amendements le lendemain.
Selon une source gouvernementale, la dirigeante conservatrice demandera aux parlementaires de réaffirmer à cette occasion qu'ils la soutiennent dans sa tentative de renégocier le "backstop" nord-irlandais.
Elle s'engagera aussi à donner aux parlementaires une nouvelle possibilité de d'exprimer sur le Brexit et de voter sur des "options alternatives" d'ici au 27 février - à condition qu'un accord n'ait pas été trouvé et approuvé d'ici cette date, ajoute cette source.
Le ministre britannique du Brexit, Stephen Barclay, rencontrera lundi le négociateur en chef des Européens, Michel Barnier.
Dans les rangs de l'opposition travailliste, Keir Starmer, spécialiste du dossier, explique dimanche dans le Sunday Times que le Labour redoute que May attende jusqu'à la toute dernière minute.
"Nous ne devrions pas être mis dans une situation où le temps se serait écoulé et où la Première ministre nous dirait: 'C'est soit mon accord, soit c'est le pire'. Ce n'est pas juste en termes de respect dû au Parlement", dit-il.
Un sondage publié dimanche par l'Independent montre que 53% des personnes interrogées sont favorables à un report du Brexit tandis que 33% soutiennent une sortie sans accord même si cela doit nuire à l'économie britannique.