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Brexit: Theresa May perd un vote crucial au Parlement

Mercredi 13 Décembre 2017

Victime de la rébellion d'une partie de son propre camp, la Première ministre britannique Theresa May a perdu mercredi, à quatre voix près, un vote crucial sur le Brexit au Parlement, exposant sa faiblesse à la veille d'un sommet européen.

Malgré les efforts intenses déployés tout au long de la journée par le gouvernement pour s'y opposer, l'amendement a été adopté par 309 voix contre 305 à l'issue d'un débat de plusieurs heures organisé dans le cadre de l'examen du projet de loi gouvernemental sur la sortie de l'UE.

Cet amendement, soumis par un député de la majorité conservatrice, l'ancien procureur général Dominic Grieve, prévoit que tout accord final conclu avec Bruxelles soit ratifié par un vote contraignant du Parlement de Westminster.

Son adoption, rendue possible grâce aux voix de 11 députés conservateurs rebelles, illustre plus que jamais la fragilité de Theresa May, qui, depuis son revers aux dernières législatives de juin et la perte de la majorité absolue, est à la merci d'une fronde parlementaire.

Cette défaite, humiliante, sa première depuis le début des travaux parlementaires sur ce projet de loi, vient ternir une des rares séquences positives sur laquelle surfait la dirigeante après la conclusion vendredi d'un compromis avec Bruxelles sur les conditions du Brexit.

Elle tombe également fort mal pour la Première ministre alors que s'ouvre jeudi à Bruxelles un sommet européen de deux jours, qui doit décider de passer à la deuxième phase des discussions du Brexit, sur les futures relations commerciales entre Londres et l'UE.

- 'Déçus' -

"Nous sommes déçus que le Parlement ait voté en faveur de cet amendement", a réagi dans un communiqué un porte-parole du ministère du Brexit.

"Nous allons maintenant déterminer si d'autres modifications sont nécessaires", a-t-il ajouté, quand, dans le même temps, les tories rebelles et l'opposition travailliste, qui a très largement voté pour l'amendement, criaient victoire.

"Ce soir, le Parlement a repris le contrôle du processus de sortie de l'UE", a tweeté la députée conservatrice Nicky Morgan, pro-UE.

Cette "défaite est une humiliante perte d'autorité pour le gouvernement", a taclé de son côté le patron du Labour, Jeremy Corbyn.

Pour la militante anti-Brexit Gina Miller, l'adoption de l'amendement est une "victoire" de la "souveraineté parlementaire".

La bataille parlementaire s'est focalisée sur une clause du projet de loi accordant au gouvernement les "Pouvoirs d'Henry VIII", une disposition lui permettant de modifier une loi en s'exonérant du plein contrôle du Parlement, mais qui fait tiquer nombre de députés craignant qu'elle ne s'applique plus largement aux termes de la sortie de l'UE.

Défendant son amendement, Dominic Grieve avait appelé la représentation parlementaire à ne pas donner de "chèque en blanc" au gouvernement.

- 'Trop tard!' -

Jusqu'au dernier moment, le gouvernement avait tenté de faire pencher la balance, Theresa May et son ministre chargé de la sortie de l'UE, David Davis, montant au front pour tenter de convaincre les députés rebelles.

"Nous soumettrons l'accord final de retrait conclu entre le Royaume-Uni et l'UE à un vote au sein des deux chambres du Parlement avant qu'il n'entre en vigueur", avait déclaré May devant la Chambre des Communes.

Un vote sur l'accord final aura lieu "dès que possible après la fin des négociations", avait indiqué de son côté David Davis.

Et quelques instants avant le vote, le secrétaire d'Etat à la Justice Dominic Raab s'était lancé dans une ultime tentative pour amadouer les députés rebelles, mais pour finalement s'entendre sèchement signifier par Dominic Grieve: "Trop tard!".

L'introduction de l'amendement avait provoqué la colère de partisans d'un Brexit dur, à l'instar du député conservateur Iain Duncan Smith, qui avait accusé M. Grieve de "chercher des moyens de faire dérailler le projet de loi".

L'amendement, a-t-il argumenté, liera "les mains du gouvernement" dans ses négociations avec l'Union européenne.

Alors que le vote de mercredi promet d'attiser encore davantage les divisions au sein des conservateurs sur le Brexit, le gouvernement n'a pas tardé à riposter en limogeant l'un des rebelles, Stephen Hammond, de son poste de vice-président du parti.
 
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