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CHRONIQUE D’ALBERT : Wade et Macky au cœur d’un compromis historique

Mardi 1 Octobre 2019

CHRONIQUE D’ALBERT : Wade et Macky au cœur d’un compromis historique
La réconciliation entre l’ancien Président de la République, Abdoulaye Wade et le Président de la République en exercice, Macky Sall, a été actée le 27 septembre dernier, à l’occasion de l’inauguration de la mosquée Massalikul Jinaan par le Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké.
 
Les retrouvailles entre les deux hommes sont désormais du domaine du possible politique. Ils devront franchir ensemble une étape décisive dans le processus de pacification des relations personnelles et l’amorce d’un dialogue sincère au sujet de l’avenir du Parti démocratique sénégalais dans le jeu politique et de la gouvernance concertée entre les acteurs de la famille libérale. Un compromis historique dynamique pourrait ouvrir le chemin de la préservation du pouvoir par la famille libérale réunifiée.
 
Le Khalife général des Mourides, Serigne Mountatha Mbacké, construit incontestablement son projet de gouvernance de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké autour des principes sacrés de l’Islam, des fondements du Mouridisme et du dialogue politique autour de la stabilité du Sénégal et de l’unité nationale. Par son engagement personnel dans le processus de réconciliation effective entre les frères libéraux devenus des ennemis intimes depuis la défaite du Pati démocratique sénégalais en mars 2012, Serigne Mountakha Macké vient de poser un jalon décisif de son pouvoir d’influence sur le jeu politique à l’occasion de l’inauguration de la mosquée Massalikul Jinaan.
 
La paix des braves sanctionne, sans nul, doute l’influence morale et politique du Khalife général des Mouride sur les acteurs politiques au Sénégal se réclamant de la communauté mouride. Les Présidents Wade et Sall ont pris l’engagement solennel dans une maison de Dieu, pour tourner la page des conflits personnels, des incompréhensions, de la haine et du rejet de l’autre. C’est probablement un pas significatif dans le dialogue indispensable entre le Président de la République en exercice et son prédécesseur au pouvoir.
 
Il est pour autant difficile d’envisager la suite politique de cette réconciliation entre deux hommes d’État différents par la personnalité, par les expériences de gouvernance conflictuelle et par les tempéraments. L’un est au pouvoir. L’autre est encore dans l’opposition radicale au pouvoir étatique. Les questions majeures auxquelles les futures retrouvailles entre les deux hommes devront faire face sont relativement claires et bien identifiées au plan politique. Le Parti démocratique sénégalais n’a cessé de subir une stratégie du démantèlement de son appareil politique depuis mars 2012. L’emprisonnement du candidat-président des libéraux, les arrestations et les emprisonnements des fidèles compagnons du Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais, les tirs groupés contre le fils de l’ancien chef de l’État et la haine politique entretenue au sujet des libéraux par les républicains et certains de leurs alliés du «Benno bokk yakaar», ont naturellement laissé des traces indélébiles sur la trajectoire mouvementée du Pds.
 
La transhumance des libéraux vers le camp présidentiel, singulièrement, vers l’Alliance pour la République fait aussi partie de cette stratégie d’anéantissement et d’affaiblissement du Pds par le jeu du pouvoir. En dépit de cette pression politique du pouvoir, le Pds a pu se maintenir politiquement. Il demeure la principale force de l’opposition parlementaire. La réconciliation entre le Président de la République Macky Sall et l’ancien Président de la République, Abdoulaye Wade, devrait ouvrir la réflexion au sujet de ce passif, de l’avenir politique du Pds au cours du deuxième mandat présidentiel.
 
Wade ne mettra pas ce passif sur les comptes des pertes et des profits des luttes naturelles entre un pouvoir et son opposition. Il réclamera des droits et peut-être des récompenses morales et éthiques. L’ancien président de la République sera-t-il le chef incontesté de l’opposition sous le deuxième mandat présidentiel ? Le futur Secrétaire général potentiel du Pds en l’occurrence, Karim Meïssa Wade sera-t-il réhabilité politiquement par le Président de la République, Macky Sall, son pouvoir et ses alliés ? Ces questions nodales de la réconciliation politique se conjuguent à la place du Pds dans la gouvernance républicaine. La réconciliation se traduira-t-elle par un gouvernement élargi aux libéraux du Pds ?
 
Ces questions ouvertes par la réconciliation posent en réalité le sens du compromis historique probable entre le Président Macky Sall et son homologue, le Président Abdoulaye Wade. Les deux partis peuvent trouver un accord politique. Le rapport de forces politiques entre la famille libérale et la famille socialiste, d’un côté, et le rapport de force entre ces deux pôles et les obédiences sociales-démocratiques des progressistes et de l’ancienne gauche, devraient  permettre d’envisager une préservation du pouvoir par la famille libérale reconstruite autour d’un projet commun et d’un chef.
 
C’est une hypothèse à intégrer d’autant que les Socialistes, les Progressistes et les Militants de gauche se préparent à présenter leurs candidats-présidents en 2024. Après la réconciliation entre les Présidents Sall et Wade, le Sénégal ouvre la page de la recomposition et du réalisme politique et religieux. Aucun des partis se réclamant du libéralisme social, de l’idéal socialiste, progressiste ou  des aspirations de la gauche n’est capable, à l’état actuel, de l’opinion publique nationale de préserver ou de conquérir seul le pouvoir étatique. Le réalisme passerait par une stratégie de regroupement des pôles politiques en fonction des clivages traditionnels : libéraux, socialistes et de gauche. Le champ politique gagnerait en visibilité, en clarté, mais également, en  intelligence.
Mamadou SY Albert
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