Que les morts me pardonnent, ma tristesse ne saurait se confondre à cette kermesse qui réduit le symbolisme sacral d'un deuil à un épisode de faux conte épique d'une nation sans phare, pour l'éclairer, ni boussole pour la guider, et confinée à répéter les mêmes facéties, parce que refusant son introspection.
Quand Mamadou Diop se fût assassiné, au nom de la défense de la Démocratie, par-delà les larmes de crocodile, les jérémiades de boutefeux, les indignations fantasques et fantasmés de faux éplorés, se disait-on plus jamais ça ! Que son sacrifice ne soit pas vain! Que le sang de ce martyr aurait au moins contribué à graver sur le marbre la vertu républicaine chez nos gouvernants.
Dix ans plus tard, ne sommes-nous pas à déplorer, en sus des exilés de la misère, qui pour se noyer dans le grand bleu, qui pour servir d'Esclaves en Libye s'ils survivent aux affres du désert, d'autres martyrs de la Démocratie ?
Ma tristesse ne se confondra pas à ce choeur national d'une cacophonie symphonique sans maître ni direction artistique. Nous avons fait le choix collectif de refuser d'user des matériaux de la science dont on se revendique, par délégation de notre responsabilité individuelle et collective de notre destinée commune, soit à nos saints, pour ce qui relève de la spiritualité, soit à des imposteurs grandiloquents et finassiers de la manipulation.
Nous avons opté pour la fixité et la répétition discontinue, à travers les âges, des mêmes combats en entretenant les mêmes schèmes, les mêmes habitus et les mêmes faits sociaux, tout en nous pensant risiblement actualisés aux défis du monde et de l'humanité.
N'est-ce pas cocasse que l'argument de la liquidation de Sonko, fondé ou pas, là n'est pas mon propos, se soit corrélé à celui de Mamadou Dia, plus de soixante ans plus tôt?
Que n'aurions-nous pas à proposer, après tout ce parcours, pour un pays qui se gargarise de modèle ou de vitrine démocratique en Afrique, et très sincèrement, c'est une antiphrase, à opposer aux modèles dominants, qui mènent l'humanité à sa perte, une approche de l'économie, une autre littérature politique, économique, socio-culturelle, dans ce monde en quête de sens, au double sens du mot (orientation et signification) ?
De Oumar Blondin Diop à ces douze derniers victimes, mis à part des "avancées" au plan institutionnel et des régulations du jeu politique, bénéfiques au bas mot pour moins de cinq cent personnes, la somme des cadres des partis politiques réunis sur les dix millions que nous sommes, qui pour nous faire le bilan sur les avancées sociales, les performances de la recherche scientifique ou de la performance de nos outils de production ? Qui ?
Au contraire, l'aliénation au sens d'Édouard Saïd, consistant à se définir en se réappropriant les mots des autres, c'est à dire les agents de l'idéologie dominante avec toutes les charges dévalorisantes, est la trame au travers de laquelle nous nous percevons et réduisons notre champ de possibilités.
Non, ce deuil n'est pas le dernier que les compradores et la vulgate observeront pour faire SENS et s'amender, puisque la banalité de notre existence nous est si ancrée que sa translucidité en éblouit nos pires ennemis.
Aguibou DIALLO
Quand Mamadou Diop se fût assassiné, au nom de la défense de la Démocratie, par-delà les larmes de crocodile, les jérémiades de boutefeux, les indignations fantasques et fantasmés de faux éplorés, se disait-on plus jamais ça ! Que son sacrifice ne soit pas vain! Que le sang de ce martyr aurait au moins contribué à graver sur le marbre la vertu républicaine chez nos gouvernants.
Dix ans plus tard, ne sommes-nous pas à déplorer, en sus des exilés de la misère, qui pour se noyer dans le grand bleu, qui pour servir d'Esclaves en Libye s'ils survivent aux affres du désert, d'autres martyrs de la Démocratie ?
Ma tristesse ne se confondra pas à ce choeur national d'une cacophonie symphonique sans maître ni direction artistique. Nous avons fait le choix collectif de refuser d'user des matériaux de la science dont on se revendique, par délégation de notre responsabilité individuelle et collective de notre destinée commune, soit à nos saints, pour ce qui relève de la spiritualité, soit à des imposteurs grandiloquents et finassiers de la manipulation.
Nous avons opté pour la fixité et la répétition discontinue, à travers les âges, des mêmes combats en entretenant les mêmes schèmes, les mêmes habitus et les mêmes faits sociaux, tout en nous pensant risiblement actualisés aux défis du monde et de l'humanité.
N'est-ce pas cocasse que l'argument de la liquidation de Sonko, fondé ou pas, là n'est pas mon propos, se soit corrélé à celui de Mamadou Dia, plus de soixante ans plus tôt?
Que n'aurions-nous pas à proposer, après tout ce parcours, pour un pays qui se gargarise de modèle ou de vitrine démocratique en Afrique, et très sincèrement, c'est une antiphrase, à opposer aux modèles dominants, qui mènent l'humanité à sa perte, une approche de l'économie, une autre littérature politique, économique, socio-culturelle, dans ce monde en quête de sens, au double sens du mot (orientation et signification) ?
De Oumar Blondin Diop à ces douze derniers victimes, mis à part des "avancées" au plan institutionnel et des régulations du jeu politique, bénéfiques au bas mot pour moins de cinq cent personnes, la somme des cadres des partis politiques réunis sur les dix millions que nous sommes, qui pour nous faire le bilan sur les avancées sociales, les performances de la recherche scientifique ou de la performance de nos outils de production ? Qui ?
Au contraire, l'aliénation au sens d'Édouard Saïd, consistant à se définir en se réappropriant les mots des autres, c'est à dire les agents de l'idéologie dominante avec toutes les charges dévalorisantes, est la trame au travers de laquelle nous nous percevons et réduisons notre champ de possibilités.
Non, ce deuil n'est pas le dernier que les compradores et la vulgate observeront pour faire SENS et s'amender, puisque la banalité de notre existence nous est si ancrée que sa translucidité en éblouit nos pires ennemis.
Aguibou DIALLO