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Carte diplomatique du Sénégal : la rationalisation en mode flou !

Mardi 14 Février 2017

C’était une promesse à l’orée de l’élection présidentielle de 2012. Faire de sorte que la carte diplomatique du Sénégal soit mieux adaptée aux orientations prônées par le futur chef de l’Etat. Cinq ans plus tard, au ministère des Affaires étrangères, c’est l’omerta totale sur les résultats de la rationalisation promise. A la question de savoir combien de représentations diplomatiques ont été créées et/ou supprimées depuis 2012, aucune réponse n’a pu être fournie à Nouvel Hebdo. Alors, on s’est souvenu de la formule de Martine Aubry : « quand c’est flou, il y a un loup ».


Dans son discours à l’Institut français des relations internationales (Ifri) de Paris, le 29 novembre 2011, Macky Sall, candidat à l’élection présidentielle qui allait être organisée trois mois plus tars, avait insisté sur l’urgent besoin d’efficacité qui s’imposait à la diplomatie sénégalaise pour être à la hauteur des changements qu’il envisageait en tant que candidat à l’élection présidentielle de 2012.
 
«Un premier calcul fait sur la carte diplomatique actuelle m’inspire que nous avons une quinzaine d’ambassades dont le rôle est limité et dont nous pouvons faire l’économie. Le but ultime de notre diplomatie est de servir au véritable développement du Sénégal.»
 
Dans la foulée, l’ex-futur président de la république ajoutait : « Notre pays n’a pas les moyens de mener des opérations de prestige », c’est pourquoi le « principe de rationalisation des dépenses publiques doit s’opérer pour tous les secteurs de notre administration, y compris les outils de politique étrangère. »
 
Depuis avril 2012 et son arrivée au pouvoir, une chose est certaine: Macky Sall semble avoir fait plusieurs fois le tour du monde. Il est vrai qu’au contact de l’exercice du pouvoir, il est entré petit à petit dans la bureaucratie corporatiste mise en place dans ce secteur depuis plusieurs années, bureaucratie à laquelle appartient Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères depuis septembre 2013 suite au limogeage d’Alioune Badara Cissé.
 
Il n’est pas surprenant que l’une des premières mesures spectaculaires prises par le chef de l’Etat ait été l’allocation, par décret présidentiel, d’une indemnité mensuelle de 500 000 francs Cfa aux épouses des ambassadeurs et consuls du Sénégal. Soit un budget annuel d’environ 400 millions de francs Cfa.
 
Concernant la carte diplomatique proprement dite, elle semble avoir évolué de manière notable entre le départ de Me Abdoulaye Wade en avril 2012, et aujourd’hui. Plusieurs nouvelles ambassades ont été ouvertes, notamment en Afrique, mais aussi ailleurs dans le monde dont certaines jugées peu pertinentes. Mais nos questions concrètes sur cette évolution présumée est restée lettre morte.
 
Par rapport au nombre de représentations diplomatiques existantes au départ d’Abdoulaye Wade, à l’existant d’aujourd’hui, au nombre de postes créés et/ou supprimés depuis l’arrivée de Macky Sall, aucune réponse ou tentative de réponse ne nous a été fournie, en dépit de nos sollicitations formulées depuis plusieurs mois.
 
Lomé et Malabo
Deux ambassades ont été créées à Lomé (Togo) et à Malabo (Guinée Equatoriale). Pour le cas de la capitale togolaise, sa pertinence est sujette à caution car il existe une ambassade à Accra, distante seulement de 190 km ! A ce titre, la capitale ghanéenne aurait pu être la tête de pont du triangle Bénin-Ghana-Togo avec une mission diplomatique unique.
 
Ce schéma est en vigueur concernant un triangle situé en Afrique australe. L’Afrique du Sud, géant incontestable du continent, héberge également les représentations diplomatiques du Sénégal avec la Namibie et la Zambie.
 
Deux autres ambassades vont être bientôt ouvertes : celle de Niamey (Niger) qui « sera fonctionnelle dans quelques semaines », avait révélé le ministre Ndiaye à l’agence de presse sénégalaise ; celle de Kinshasa (République démocratique du Congo) ne devrait pas trop attendre. En attendant, la mission diplomatique sénégalaise de Brazzaville a été renforcée par un Consulat général à Pointe-Noire, la deuxième grande ville du Congo.
 
Avec l’un des pays qui montent sur le continent, le Rwanda, le Sénégal entretient désormais des relations diplomatiques. C’est son ambassadeur à Nairobi qui assure cette représentation depuis la capitale kenyane.
 
Omerta au ministère des Affaires étrangères
En Europe centrale, une ambassade a été inaugurée en avril 2015 à Varsovie (Pologne). Selon des informations de la presse sénégalaise, il n’y aurait qu’une centaine de nos compatriotes vivant dans cet ex-satellite de la défunte Union soviétique. D’où les interrogations concernant la pertinence de cette option. Le président de la république y a effectué une visite de quelques jours au mois d’octobre 2016. Il semble que des perspectives économiques se soient dessinées avec le pays de Lech Walesa et du pape Jean-Paul II.
 
Au ministère des Affaires étrangères, la carte diplomatique du Sénégal datant du départ de Me Wade est introuvable pour ceux qui souhaitent en disposer, même pour des besoins professionnels. L’objectif recherché est simplement d’établir une comparaison en ce qui concerne l’état de la mise en œuvre du principe de rationalisation évoqué par le chef de l’Etat.
 
Ce dernier, lors de la cinquième conférence des ambassadeurs et consuls généraux tenue à Dakar, avait réaffirmé cet objectif en ces termes : « je ne suis pas pour l’ouverture d’autres ambassades ou consulats généraux en Afrique ou dans le monde. Mais, par contre, on peut renforcer les capacités et les moyens de travail des ambassadeurs et consuls. » Ces propos datent de décembre 2015.
 
Un an plus tard, comme pour prendre le contrepied du président de la république, le ministre des Affaires étrangères précise : « nous avons regardé la carte diplomatique et nous avons constaté que sur l’espace de l’Amérique Latine et des Caraïbes, nous n’avons qu’une seule représentation diplomatique qui est au Brésil. » Il ajoute : « nous pensons que c’est très insuffisant et que nous devons renforcer notre présence dans cette partie (du monde. »  D’après Mankeur Ndiaye, le Sénégal est « sous-représenté en Europe centrale et orientale. »
 
Au total en Afrique, l’adaptation de la carte diplomatique a eu comme conséquence la création de nouveaux postes entre 2012 et aujourd’hui. Ce sont : Lomé, Niamey, Malabo, Pointe- Noire, Kinshasa, Kigali (sous couvert de Nairobi), Varsovie ; en attendant les bureaux consulaires de Naples, de New York et de Houston. Il est également question d’un consulat en Chine, dans la région de Shanxi.
 
Selon le quotidien « Le Parisien », le consulat général du Sénégal à Paris et la ville de Mantes-la-Jolie (……) ont signé en septembre dernier une convention qui va permettre l’ouverture d’un bureau consulaire sénégalais sur la dalle du Val-Fourré dans le courant de l’année 2017. Cette commune des Yvelines est située à moins de 60 km de Paris et abrite un nombre important de ressortissants sénégalais dont de nombreux binationaux. Le consul général du Sénégal à Paris est Amadou Diallo, responsable du parti présidentiel sénégalais et frère du ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo. (Momar DIENG)
 
 
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