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Catalogne : l'ancien vice-président dénonce un procès politique

Jeudi 14 Février 2019

Le principal accusé au procès de la tentative de sécession de la Catalogne, Oriol Junqueras, a utilisé jeudi la Cour suprême espagnole comme tribune pour dénoncer un procès "politique" contre un mouvement indépendantiste "pacifique".
 
Accusé de rébellion et de détournement de fonds, l'ancien vice-président du gouvernement régional catalan risque jusqu'à 25 ans de prison. C'est le premier des douze accusés à déposer, depuis l'ouverture mardi d'un procès historique qui enflamme les esprits et domine l'agenda politique en Espagne.
 
L'historien de 49 ans, président du parti indépendantiste Esquerra republicana catalana (Gauche républicaine de Catalogne), a invoqué son droit à ne pas répondre aux questions de l'accusation, dans un "procès politique".
"On me poursuit pour mes idées et non pour mes actes", a-t-il affirmé.
 
En détention préventive depuis 15 mois, il s'est présenté "comme un prisonnier politique" et a expliqué la "passion" dans ses réponses à son avocat par "un an et demi de silence forcé".
 
Il a assuré que les séparatistes catalans continueraient à réclamer l'indépendance de façon pacifique "quel que soit le résultat de ce procès". La question catalane, a-t-il affirmé, "ne se résoudra pas en jetant les gens en prison".
 
Les prévenus sont poursuivis pour avoir organisé le 1er octobre 2017 un référendum d'autodétermination interdit par la justice et pour avoir proclamé le 27 octobre l'indépendance de cette riche région du nord-est de l'Espagne. Sans résultat, puisque le gouvernement espagnol avait immédiatement suspendu l'autonomie de la Catalogne, démis son exécutif et dissous son parlement.
 
"Rien de ce que nous avons fait n'est un délit. Rien, absolument rien. Voter lors d'un référendum n'est pas un délit. Travailler à l'indépendance pacifiquement n'est pas un délit".
 
Et il a en outre démenti tout recours à la violence, notion clé sur laquelle repose le chef d'accusation de rébellion retenu contre lui et huit autres prévenus dans ce procès retransmis intégralement à la télévision.
 
"Si l'on nous lit, si l'on nous écoute, si l'on observe nos actions, personne ne peut avoir le moindre doute du fait que nous avons toujours rejeté la violence", a assuré l'ancien professeur d'université.
 
Parmi les étudiants en droit dans l'assistance, Maria Leon Millan, 20 ans, s'est dit convaincue que les accusés seraient condamnés. "Mais ce qu'il faut voir, c'est à quel degré, s'ils ont utilisé la violence, ce qui n'est pas si évident".
 
Le parquet soutient notamment que les meneurs du "processus" indépendantiste ont utilisé les électeurs comme "boucliers humains", pour paralyser l'action de la police chargée d'empêcher le référendum. Les images de la riposte violente des policiers ont fait le tour du monde.
 
L'Etat espagnol est sur la défensive à l'ouverture de ce procès et tente de défendre l'indépendance et l'impartialité de sa justice, mises en doute en Espagne comme à l'étranger.
 
La secrétaire d'Etat chargée de défendre l'image de l'Espagne, Irene Lozano, a comparé à un viol le référendum d'autodétermination, que les tribunaux avaient interdit en vertu de la constitution.
 
"Une relation sexuelle non consentie est un viol. Voter sans en avoir l'autorisation est un délit en Espagne", a-t-elle déclaré mercredi à la chaîne de télévision britannique Sky News.
 
Le grand absent de ce procès, l'ancien président Carles Puigdemont, avait fui en Belgique pour échapper aux poursuites qui s'annonçaient avec quelques ministres mais sans son vice-président.
Il lui a envoyé jeudi un message de soutien sur twitter: "nous ne céderons pas devant une justice ignominieuse. Courage Oriol!"
 
L'Espagne a échoué à obtenir son extradition et retiré les mandats d'arrêts européens contre lui et les autres exilés mais elle ne juge personne en absence pour les délits graves.
 
Le conflit catalan continue de peser sur toute la politique espagnole. Le nouveau Premier ministre Pedro Sanchez vient de renoncer à négocier avec les séparatistes catalans et obtenir leur appui pour faire voter le budget. Au pouvoir depuis huit mois, il devrait convoquer vendredi des élections anticipées. (euronews)
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