Un chêne planté dans l’hôtel de ville de Bordeaux : le roi Charles III a clos vendredi, sur une note verte, sa visite d’État en France au cours de laquelle il a plaidé pour une nouvelle « Entente » franco-britannique pour lutter contre le réchauffement climatique.
L’acte est symbolique au lendemain d’un discours devant le Sénat français où le roi Charles avait également appelé à répondre « plus efficacement » à « l’urgence mondiale en matière de climat et de biodiversisté ».
Vendredi à Bordeaux, Charles III a pris la pelle tendue par le maire écologiste de la ville, Pierre Hurmic pour planter un chêne nèfle (ou à feuilles craquelées), « choisi pour sa capacité d’adaptation au changement climatique », selon Buckingham.
« Ce chêne nous donne des obligations : moi, d’en prendre soin, et lui d’en prendre des nouvelles », a déclaré l’édile du Sud-Ouest, saluant cette alliance impromptue d’un « roi forestier » et d’un « maire jardinier ».
« Je lui ai dit que nous essayons de limiter la place de la voiture en ville, que l’on plante même des arbres à la place des stationnements, et il a pointé les deux pouces vers le haut en signe d’approbation », a ajouté le maire qui a offert à la reine une lampe confectionnée par un designer local et au roi une bouteille de château Palmer 2018.
Bains de foule
Le plaidoyer pour le climat de Charles III tranche avec le revirement très critiqué de Downing Street mercredi sur ses engagements environnementaux mais il n’est pas nouveau. À la COP de Glasgow fin 2021, le futur roi avait déjà exhorté les chefs d’État à redoubler d’efforts contre le réchauffement climatique.
Promoteur d’un mode de vie plus durable, il a créé une ferme biologique, converti les propriétés royales aux énergies renouvelables et fait rouler sa vieille Aston Martin avec du surplus de vin blanc anglais et du lactosérum provenant du processus de fabrication du fromage.
C’est à bord d’un véhicule plus classique que le couple royal était arrivé à l’hôtel de ville de Bordeaux.
Tramway
Charles et Camilla ont ensuite gagné la frégate HMS Iron Duke, amarrée sur le fleuve de la Garonne, à bord de laquelle le prince William avait suivi une formation militaire en 2008.
Puis ils ont brièvement emprunté le tramway pour gagner la place de la Bourse où un village temporaire d’artisans et une scène d’artistes ont été installés pour célébrer les liens culturels et commerciaux britanniques.
En 1152, le mariage d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, avec le comte d’Anjou et futur roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt a marqué le début de trois siècles de domination anglaise dans la province qui demeure la terre d’élection d’un quart des Britanniques résidant en France, selon les statistiques officielles.
Dans le centre-ville, le roi a multiplié les courts bains de foule, après avoir célébré mercredi à Versailles l’amitié franco-britannique et plaidé en faveur de liens renforcés entre les deux pays.
Marella Hoffman, Irlandaise habitant Sauternes, a été « surprise par sa gentillesse ».
Chant fidjien
« C’est quelque chose d’impressionnant, c’est à voir au moins une fois dans sa vie », s’est extasiée Julie, étudiante de 20 ans.
Le roi et la reine ont quitté la place de la Bourse au milieu d’une haie d’honneur formée par les rugbymen de l’équipe des Fidji, installés à Bordeaux depuis le début de la Coupe du monde, qui ont même entonné un chant religieux.
Camilla a ensuite visité une association d’aide aux plus démunis, Le Pain de l’Amitié, pendant que Charles III franchissait le fleuve pour découvrir une forêt expérimentale à Floirac.
Fondé au XIVe siècle et portant le nom d’un ancien propriétaire écossais, George Smith, la réussite de ce château tranche avec la grave crise de surproduction dans laquelle est plongé le plus grand vignoble de France (110 000 hectares cultivés). [AFP]