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Chronique d’Albert : Silence, Macky Sall gouverne !

Mercredi 23 Octobre 2019

Chronique d’Albert : Silence, Macky Sall gouverne !
Le deuxième mandat du Président de la République en exercice, annonce les couleurs d’une nouvelle approche de la gouvernance avec la concentration du pouvoir étatique entre les mains du chef de l’Etat et la volonté affichée de réduire au silence  les fonctionnaires de l’Etat et ses partisans tentés par un discours discordant avec celui du maître du jeu. La  préservation de la  suprématie de la parole présidentielle dans l’échiquier politique va se mesurer certainement aux capacités de réduction   au silence des acteurs  du paysage politique.
 
Le Président de la République, Macky Sall est un homme d’Etat imprévisible dans ses choix stratégiques  et ses actions dans la conduite des affaires de l’Etat, de son parti et du jeu politique Sénégalais. Tout au long du premier mandat présidentiel, il a surpris plus d’un observateur par certaines de ses options et décisions politiques. La substitution de son  programme électoral à la Présidentielle de 2012 originellement inspiré par axé  chemin du progrès par celui tardif décliné sous la forme axiologique du « Sénégal Emergent », le renoncement au mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, constituent des signes de l’empreinte indélébile de l’arrivée au pouvoir  d’un homme d’Etat capable à tout moment de changer son approche analytique et ses caps.
 
La suppression du Poste de Premier Ministre dès sa reconduction à la tête de l’Etat en  2019, témoigne du caractère imprévisible devenant plus prononcé ces derniers mois. Le nouveau cours politique marqué par la grâce présidentielle accordée  au potentiel candidat-Président en 2024, Khalifa Ababacar Sall, et les retrouvailles avec l’ancien Président de la République, Me Abdoulaye Wade, traduisent les marques de cette  personnalité politique flexible. Le chef de l’Etat est capable ainsi de conjuguer l’adversité à des moments cruciaux des batailles de pouvoir et la tolérance ou l’ouverture à des moments de recherche de la paix  sociale et de la stabilité institutionnelle et du jeu politique.
 
Les dernières décisions prises par le Président de la République se traduisant par le  limogeage de fonctionnaires du Ministère de la Justice et un agent du Ministère des Affaires étrangères prolongent d’autres actes posés antérieurement par l’imprévisible maître du jeu. Il a limogé au cours de son premier mandat présidentiel ses collaborateurs, ses proches compagnons politiques, des Ministres de la République, des Directeurs généraux, des fonctionnaires. Tous ces acteurs ont été les premiers surpris par les décisions présidentielles mettant fin brutalement sans état d’âme à des  fonctions administratives et /ou politiques.
 
Au-delà des orientations politiques changeantes suivant  la flexibilité associant la sanction politique ou administrative, le chef de l’Etat serait-il de tenter de réduire au silence les fonctionnaires, ses partisans et ses adversaires irréductibles tentés par un discours discordant avec le Super Président de la République ?  La réponse est affirmative au regard du dispositif institutionnel que le chef de l’Etat met  progressivement en place. Le  mode de gouvernance fast-tract répond à  cet état d’esprit de gouvernance.
 
Le Président de la République est désormais le chef indiscutable du gouvernement. Il est l’unique souverain décideur du Parti présidentiel et de la majorité présidentielle. C’est lui, et lui seul, qui négocie avec  son homologue, Abdoulaye Wade de la sortie de crise de confiance entre les républicains et les libéraux. Le Président de la République exercice à la fois l’autorité gouvernementale, l’autorité administrative et politique. La gouvernance politique et économique dépend exclusivement du désir personnel et de la volonté politique de son chef.
 
L’affaire encombrante du Pds et de son Candidat-Président en exil, Karim Meïssa Wade, le troisième mandat présidentiel, les questions gênantes affectant la gouvernance décriée du pétrole et du gaz, les relations diplomatiques entre le Sénégal et ses partenaires stratégiques, sont désormais la chasse gardée du Président de la République. La volonté de réduire au silence les adversaires les plus radicaux du pouvoir ne fait guère de doute dans les esprits.
 
Le traitement du Président du Pastef, Ousmane Sonko, et des révoltés de la société civile se transformant en  des bannis de la République, constitue  des exemples de ce bras de fer entre la marche du  pouvoir personnalisé et ses adversaires politiques conscients du reste  de l’épée de Damoclès du Président de la République. Le scénario du deuxième mandat est relativement clair et cohérent  par  sa démarche politique et sa finalité ultime : laisser le Président de la République gouverner pleinement ou subir à tout moment la sanction. Les effets de cette conduite des affaires de  la République seront imprévisibles dans le jeu politique. Les adversaires du régime et l’opinion publique nationale et internationale peuvent peut-être rompre le silence en  brisant le dispositif institutionnel présidentiel. Sauver le Sénégal du musellement des fonctionnaires et des acteurs politiques  ou accepter de subir la loi du maître du jeu, est le nouveau dilemme des adversaires du Président de la République.
Mamadou Sy Albert
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