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Coalition d'opposition "Yewwi Askan Wi" : un pari audacieux, des garanties fragiles

Vendredi 3 Septembre 2021

C’est un grand défi politique que l’opposition initiatrice de la coalition «Yewwi Askan Wi» («Libérer le pays») s’est lancée à elle-même pour mener un projet alternatif au pouvoir en place et qui reste à imaginer. Cette volonté de rassemblement, préalable à tout renversement éventuel des rapports de forces en vigueur et chronométré sur l’horizon des trois prochaines années, est pétrie de bon sens. Elle résulte de plusieurs ambitions dont celle de rendre possible « le contrôle effectif du processus électoral (pour) garantir au peuple sénégalais une expression libre, transparente et démocratique de son suffrage », comme indiqué au point 5 de la Charte signée par une vingtaine de partis et de mouvements politiques. Du reste, cette jeune coalition (seulement) électorale concrétise plusieurs mois de tractations secrètes, difficiles, laborieuses dont l’aboutissement espéré par les signataires devrait être un changement de régime à l’élection présidentielle de février-mars 2024. Mais là, on entre dans une autre histoire…
 
Pour l’heure, la crédibilité de «Yewwi Askan Wi» se joue dans sa capacité immédiate à trouver une réponse globale cohérente au casse-tête des élections municipales et départementales de janvier 2022 avec un système électoral dont la cruauté n’a d’égale que la clarté. La guerre des places y fera rage, les suspicions d’accaparement du processus de décision n’y manqueront pas, les procès en sorcellerie autour du thème des « grands et petits partis » s’y poseront. Pire, les chantages publics assis sur le refrain «retenez-moi ou je pars et je balance» pourraient l’affaiblir ; les frêles d’épaules, les convaincus fragiles et les petits capricieux se feront un plaisir malin à transformer en bulles médiatiques des points mineurs ou accessoires liés au fonctionnement des instances appelées à être mises en place ; et certains trouveront les moyens d’aller voir ailleurs sous mille et un prétextes après quelques exercices de grand écartement... Ces scénarii sont objectivement prévisibles car la diversité des origines, des profils et des histoires qui composent l’entité le préfigure, et ce ne serait pas une nouveauté. Cela aussi, c’est une autre histoire…
 
Au-delà d’une défaite ou victoire éventuelles à ces joutes locales, c’est la maîtrise de son destin triennal qui se joue pour «Yewwi Askan Wi». C’est le degré de maturité, de responsabilité et d’engagement dont ses membres sauront faire preuve ou pas qui déterminerait l’avenir de la coalition. Comment se projeter aux législatives cruciales de juillet 2022 si l’expérience fait pschitt quelques mois seulement après son inauguration ?
 
Entrent alors en compte divers facteurs liés au management de cet instrument politique au service d’ambitions plurielles et légitimes. Le respect de la dignité des uns et des autres, grands et petits partis, groupuscules et mouvements, l’équité dans la distribution des rôles et responsabilités, la discipline totale par rapport au respect des principes de la charte et l’implication effective et optimale des forces disponibles pour tirer le meilleur de chacun et de tous constitueront en gros le substrat fondamental par lequel cette coalition pourra entrevoir l’avenir avec un optimisme mesuré. C’est le minimum d’efforts à faire pour s’éviter les coups de boutoirs d’une majorité présidentielle théoriquement plus forte, pratiquement mieux préparée, décidée à prolonger le plus longtemps possible sa mainmise absolue sur le pouvoir local en amont des législatives et de la présidentielle à venir.
 
En fin de compte, l’entreprise «Yewwi Askan Wi» est assurément périlleuse dans un contexte de divergences profondes entre pouvoir et oppositions relatives à la conduite du processus électoral. Pour les élections locales de janvier prochain, la coalition Benno Bokk Yaakaar part favorite, grâce ou à cause de la prédominance d’un système majoritaire impitoyable, mais aussi et surtout grâce à son monolithisme, à ses moyens financiers quasi illimités, à l’influence qu’elle peut exercer sur les administrations déconcentrées corrompues qui, à l’échelle du territoire, sont enclines à jouer le jeu antirépublicain du pouvoir central. C’est une constante du fonctionnement des joutes politiques sénégalaises. C’est toute l’ambigüité et l’escroquerie que peut supporter la démocratie sénégalaise dans ses heures sombres parrainées par des potentats avides de puissance éternelle.
 
Mais l’histoire n’est jamais totalement ingrate : en 2009, c’est à des élections locales que le Président Abdoulaye Wade a entamé la descente aux enfers qui allait faire le lit de sa chute trois ans plus tard. Autre temps, autre contexte, autres acteurs… Autant d’éléments qui fragilisent a priori le pari du « Grand Soir » que portent les « rêveurs » qui ambitionnent de «libérer le pays» et ses habitants… Là, c’est une vraie histoire qui demande à naître.
 
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1.Posté par Yaya DIAW le 04/09/2021 11:32
Bravo Momar!
Votre analyse est on ne peut plus pertinente et objective.
L'histoire récente des jeux d'alliance politique à la veille des joutes électorales sur fond d'intérêts divergents, a toujours présenté ces scénarii de cette façon.
Dommage l'histoire politique du Sénégal bégaie de la période pré coloniale à nos jours.
De la SFIO à aujourd'hui, la recomposition politique reste toujours une réalité dans notre très cher Sénégal.

2.Posté par Me François JURAIN le 13/09/2021 10:40
Oui, belle analyse, mais qui suscitent tant de questions!
La mienne sera beaucoup plus simple et directe:
D'un côté, un homme, qui dès le début, est rentré, un peu par effraction, avec un but détermine: mettre un système, une machine à fric perpétuelle. Un homme, un fauteuil, tous les pouvoirs. Cela a au moins le mérite d'être simple: il a trahi dès le 03 Avril 2012: qui s'en souvient encore? Il a installé une double tuyauterie pour siphonner les caisses de l'Etat: qui cela dérange-t-il?
De l'autre côté, différents partis politiques, avec à leur tête la même ambition: le fauteuil! Mais nous parlons d'un fauteuil, pas d'un canapé, d'où déjà une première complication!
Qui plus est, tout ce beau monde a décidé de se regrouper pour former un seul bloc de l'opposition: c'est bien, c'est exactement ce qu'il faut faire! Sauf que, déjà, ce qui passe pour être le poids lourd de l'opposition, le PDS, il faudrait déjà arriver à déterminer ce qu'est le PDS aujourd'hui! Un parti qui est la propriété d'un vieillard que l'on dit sénile aujourd'hui, dirigé par un golden boy en exil doré au Qatar, qui ne veut pas rentrer dans son pays qu'il entend diriger un jour, bien qu'il n'en ait aucune compétence, mais dont le seul but est de ne pas payer ce à quoi il a été condamné par la justice de ce même pays, c'est-à-dire en clair rendre une toute petite partie de l'argent qu'il a volé au peuple sénégalais, seul propriétaire de cet argent! Ca commence à se compliquer!
Si l'on rajoute à cela, une issue plus que probable de la fin de ce mélo-comico-drame, c'est-à-dire que le premier nommé, sachant très bien qu'il n'est pas majoritaire en voix, a probablement finalisé le contrat avec le second, à savoir, "tu rentres au pays, quand je le déciderai, c'est-à-dire quand ça m'arrangera, j'efface ta dette, tu fais emblant de rester dans l'opposition, et pour 2024, au dernier moment, tu me rejoins, comme ca, il n'y aura plus d'opposition". Finalement, d'une complication, on en arrive à une simplification!
Donc, que reste-t-il? A dire vrai pas grand chose! Un Pastef qui se cherche et mettra beaucoup de temps à se trouver (et surtout trouver un autre leader), quelques partis sans charisme ni assise réelle, et surtout, un peuple fatigué de toute cette corruption, ce magouillage, ces trahisons: la seule chose dont le peuple est arrivé à s'habituer, c'est la misère et l'analphabétisme.
Donc, pour moi, les choses sont très claires, et j'ai bien peur que l'histoire s'écrive ainsi:
troisième mandat, plébiscite pour le dictateur en place: proche de 70%, et après...après, ce sera à l'histoire d'écrire la suite.
je sais, elle est pas belle mon histoire, mais c'est malheureusement celle à laquelle je crois: je n'en suis ni fier, ni heureux. Et il est difficile de refuser d'accepter de regarder la réalité en face trop longtemps. A moins que l'histoire n'en décide autrement???
Me François JURAIN

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