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Corruption en Espagne: l'ex-trésorier du PP envoyé en prison

Lundi 28 Mai 2018

Madrid - La justice espagnole a envoyé en prison lundi l'ancien grand argentier du parti au pouvoir en Espagne, Luis Barcenas, condamné pour corruption à 33 ans de prison dans un procès qui oblige le gouvernement à faire face à une motion de censure.

L'ancien trésorier du Parti Populaire avait été le prévenu-vedette du procès de l'affaire "Gürtel", le plus compromettant des scandales de corruption ayant affecté le parti conservateur de Mariano Rajoy.
 
 
Le tribunal a suivi le parquet qui avait requis l'incarcération immédiate de M. Barcenas, en évoquant un haut risque de fuite, après sa condamnation à 33 ans de prison et une amende de 44 millions d'euros.

Deux autres anciens élus du parti ont aussi été envoyés en prison, avant même d'avoir fait appel du jugement: l'ancien maire de la ville de Majadahonda dans la banlieue de Madrid, Guillermo Ortega (condamné à 38 ans de prison), et un ex-responsable de la région de Madrid, Alberto López Viejo (31 ans de détention).

Vingt-neuf personnes - dont de nombreux cadres et élus du Parti Populaire (PP) - ont été condamnées dans cette affaire à un total de 351 ans de prison, pour corruption, détournements de fonds publics ou blanchiment.

Le tribunal a conclu qu'entre le parti et un groupe privé s'était créé "un authentique et efficace système de corruption institutionnel à travers des mécanismes de manipulation des marchés publics".

Le parti n'a pas été condamné comme auteur de délits mais comme "bénéficiaire" de fonds obtenus illégalement par des élus, et devra rembourser 250.000 euros.

Mais le tribunal a mis en cause "la crédibilité" comme témoin au procès de M. Rajoy, qui avait "nié l'existence d'une caisse noire au sein du parti", "pleinement accréditée" selon les juges.

Ce jugement a conduit le Parti socialiste, première formation d'opposition, a déposer une motion de censure devant être débattue jeudi et vendredi.

Cette décision intervient alors que d'autres personnalités, comme le beau-frère du roi Inaki Urdangarin et l'ancien directeur général du FMI Rodrigo Rato, également condamnées en 2017 en Espagne à des peines de prison pour corruption, restent en liberté dans l'attente d'un procès un appel.

L'élu qui avait contribué à dévoiler le scandale, Jose Luis Penas, s'est dit pour sa part "fier du jugement" rendu, y compris de sa condamnation à plus de 4 ans de prison.

Un magnétophone caché dans sa veste, ce conseiller municipal de Majadahonda avait enregistré pendant un an les conversations très compromettantes d'un puissant entrepreneur dont il était proche avec des responsables du PP.

Remis à la police, ces enregistrement ont été maintes fois cités dans le jugement comme des preuves accablantes.

La justice a condamné Penas pour avoir reçu de l'argent de cet entrepreneur et favorisé des entreprises. Il espère la clémence de la Cour suprême, en appel tandis que le parquet anti-corruption a fait savoir qu'il appuierait une éventuelle demande de grâce en sa faveur.
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