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Cote d’ Ivoire : les populations toujours sous le choc au lendemain de la mort du premier ministre Hamed Bakayoko

Jeudi 11 Mars 2021

Le décès en Allemagne des suites d’un cancer de celui que les Ivoiriens appelaient « Hambak » à l’âge de 56 ans, est survenu quatre jours après les législatives du 6 mars qui se sont déroulées dans le calme et dont les résultats donnant la victoire au parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), n’ont pas été contestés dans la rue.
 
Une exception en Côte d’Ivoire où les récents scrutins ont été émaillés de violences, en particulier la dernière présidentielle, le 31 octobre, boycottée par l’opposition et largement gagnée par le sortant Alassane Ouattara, réélu à un troisième mandat controversé : avant et après l’élection, ces violences ont fait 87 morts et 500 blessés.
 
Mais pour la première fois depuis dix ans, l’ensemble des forces politiques qui comptent ont décidé de participer aux législatives, à l’issue desquelles l’opposition a obtenu 91 élus contre 137 au parti au pouvoir.
 
De par ses connexions et le respect qu’il inspirait dans l’ensemble de la classe politique, M. Bakayoko a contribué à l’apaisement de la vie politique ivoirienne.
 
Sa mort n’a pas été une réelle surprise, puisqu’il avait été évacué à Paris pour y être hospitalisé le 18 février, alimentant les plus folles rumeurs sur son état de santé et la nature de son mal.
 
« La Côte d’Ivoire perd un homme de convictions et de compromis », a réagi l’ex-président Henri Konan Bédié, chef de la principale formation d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).
 
Le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo, rival d’Alassane Ouattara, « s’incline avec respect devant la mémoire du grand serviteur de l’État qu’a été » Hamed Bakayoko. Il ajoute que sa mort « est ressentie » par Laurent Gbagbo comme celle « d’un jeune frère ».
 
C’était « un homme avenant, flexible, capable de franchir des lignes pour obtenir des résultats », note le politologue ivoirien Jean Alabro.
 
Très à l’aise dans tous les milieux, il rencontrait régulièrement à travers le pays les leaders religieux de toutes les communautés et ethnies, les dirigeants politiques, les jeunes et les acteurs de la vie associative, pour les exhorter à s’écouter et se respecter, à ne pas recourir à la violence.
 
« La Nation pleure »

« La Côte d’Ivoire en deuil », « La Nation pleure », « Ouattara pleure un autre fils » : jeudi, tous les titres de la presse ivoirienne étaient bien sûr consacrés à sa mort et des dizaines de personnes, l’air grave, se regroupaient devant les kiosques à journaux pour les lire. 
 
« Les gens sont abattus, ça fait mal. On a perdu un parent, un homme, un frère », déclare Franck Oulaï, la quarantaine. « C’était un modèle pour la jeunesse », estime Massongué Cissé, employée de bureau, qui confie éprouver « beaucoup de peine ».
 
En annonçant la mort de son premier ministre mercredi soir, le président Ouattara a dit perdre un « fils et un proche collaborateur ».
 
Ce terme de « fils », il l’avait déjà utilisé à la mort en juillet 2020 d’Amadou Gon Coulibaly, prédécesseur de Hamed Bakayoko, décédé à 62 ans quelques jours après son retour d’une hospitalisation et d’une convalescence de deux mois en France.
 
Également très proche du chef de l’État, c’est Amadou Gon Coulibaly qu’il avait choisi pour se présenter à la présidentielle, mais sa mort avait poussé Alassane Ouattara à se représenter alors qu’il avait annoncé ne pas vouloir briguer de troisième mandat.
 
« Cette perte plonge à nouveau le RHDP dans une dure épreuve », a reconnu jeudi Adama Bictogo, directeur exécutif du parti.
 
La charge de premier ministre est actuellement assurée par Patrick Achi, ex-secrétaire général de la présidence nommé lundi à titre intérimaire.
 
Hamed Bakayoko occupait également le poste de ministre de la Défense, et y sera remplacé temporairement par Téné Birahima Ouattara, ministre des Affaires présidentielles et frère cadet du président.
 
Les dates du retour de la dépouille de Hamed Bakayoko, ainsi que le deuil national qui devrait être décrété et des funérailles n’ont pas encore été déterminées et le seront en accord avec sa famille, indique-t-on de source proche de la présidence. (AFP)
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