Au mois de mai dernier, David Cameron, alors Premier ministre britannique, était l’hôte d’une cinquantaine d’Etats ayant accepté de participer à un Sommet mondial contre la corruption à Londres. Le Sénégal y était représenté, selon nos sources, par Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Industrie et des Mines.
A cette occasion, le Document présenté par notre pays et intitulé «Sommet sur la lutte contre la corruption – Déclaration de la République du Sénégal – Londres, le 12 mai 2016» est assez significatif de l’écart qui existe entre les intentions politiques proclamées et la réalité concrète de la corruption.
En juillet, la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) était relevée de son poste par le président de la république. Au-delà du bruit médiatique ayant entouré ce limogeage, il est de notoriété publique que Nafi Ngom Keïta enquêtait depuis plusieurs mois sur des cas présumés de corruption touchant des proches du chef de l’Etat dont son frère (Aliou Sall) dans le cadre de l’affaire Petro-Tim/ Timis Corporation, le directeur du Coud (Cheikh Oumar Hanne, à gauche sur la photo) et l’ex directeur national des Transports terrestres (El hadj Seck Ndiaye Wade, à droite). Ce dernier, arrêté et emprisonné, a obtenu une liberté provisoire puis a été nommé président du conseil de surveillance du Fonds d’entretien routier autonome.
La création de l’Ofnac en tant qu’organe national indépendant dédié à l’anti-corruption résulte certes de l’article 6 de la Convention des Nations Unies contre la Corruption (CNUCC). Mais aujourd’hui, il est à craindre que les chemins balisés déjà par l’ex-présidente de l’office soient «déminés» et «normalisés» suivant des critères strictement politiciens.
La duplicité du discours politique des autorités sénégalaises est flagrante. En effet, les dossiers bouclés par les enquêteurs de l’Ofnac ont été transmis à l’Autorité judiciaire compétente. Mais celle-ci – le Parquet - est directement placée sous la tutelle du ministre de la Justice laquelle est à son tour sous la dépendance du président de la république. A partir de ce schéma de relations verticales, il est possible que rien ne bouge, où à tout le moins que tout ce qui est susceptible de bouger n’émane que de la volonté du chef de l’Etat. Du reste, Macky Sall a depuis longtemps donné un avant-goût de ce qu’est sa conception de la justice : mettre le coude sur des dossiers touchant ses intérêts (amis, obligés, transhumants, etc.), et laisser faire sur d’autres… Ce qui arrive à l’ancien premier ministre Abdoul Mbaye ressemble à un cas d’école à cet égard.
«Le Sénégal s’engage à veiller à ce que les organismes d'application de la loi aient un accès complet et efficace à l'information sur la propriété véritable des sociétés et autres personnes morales enregistrées dans leur juridiction.» (Déclaration)
Difficile de donner du crédit à une telle affirmation quand on sait que les organisations de la société civile et les organes de presse demandent depuis plusieurs années le vote d’une loi en bonne et due forme sur l’accès à l’information du public, en vain. De fait, la réalité vécue est que l’on est davantage dans la consolidation du verrouillage des possibilités d’accès à l’information concernant certaines sociétés que dans une improbable ère d’ouverture et de transparence.
«Les marchés et budgets publics doivent être ouverts et transparents pour prévenir et dénoncer le vol de l'argent des contribuables ou les abus commis au détriment des ressources publiques.»
Dans le monde réel des entreprises qui interviennent sur le terrain, il est établi que le volume financier des marchés par entente directe (appelés aussi gré à gré) a atteint près de 300 milliards de francs Cfa rien que pour le premier trimestre de l’année en cours. En termes de proportion, cela représente environ 64% de toute la commande publique durant cette période. Les plaintes et complaintes des entreprises sénégalaises, notamment les PME, devant la confiscation organisée des marchés publics sous le couvert de la légalité du système des ententes directes ne s’entendent même plus car ces entreprises périclitent de jour en jour et en grand nombre. Du reste, le gouvernement ne communique presque jamais sur la quantité déprimante de petites et moyennes entreprises qui ferment boutique…
A cette occasion, le Document présenté par notre pays et intitulé «Sommet sur la lutte contre la corruption – Déclaration de la République du Sénégal – Londres, le 12 mai 2016» est assez significatif de l’écart qui existe entre les intentions politiques proclamées et la réalité concrète de la corruption.
En juillet, la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) était relevée de son poste par le président de la république. Au-delà du bruit médiatique ayant entouré ce limogeage, il est de notoriété publique que Nafi Ngom Keïta enquêtait depuis plusieurs mois sur des cas présumés de corruption touchant des proches du chef de l’Etat dont son frère (Aliou Sall) dans le cadre de l’affaire Petro-Tim/ Timis Corporation, le directeur du Coud (Cheikh Oumar Hanne, à gauche sur la photo) et l’ex directeur national des Transports terrestres (El hadj Seck Ndiaye Wade, à droite). Ce dernier, arrêté et emprisonné, a obtenu une liberté provisoire puis a été nommé président du conseil de surveillance du Fonds d’entretien routier autonome.
La création de l’Ofnac en tant qu’organe national indépendant dédié à l’anti-corruption résulte certes de l’article 6 de la Convention des Nations Unies contre la Corruption (CNUCC). Mais aujourd’hui, il est à craindre que les chemins balisés déjà par l’ex-présidente de l’office soient «déminés» et «normalisés» suivant des critères strictement politiciens.
La duplicité du discours politique des autorités sénégalaises est flagrante. En effet, les dossiers bouclés par les enquêteurs de l’Ofnac ont été transmis à l’Autorité judiciaire compétente. Mais celle-ci – le Parquet - est directement placée sous la tutelle du ministre de la Justice laquelle est à son tour sous la dépendance du président de la république. A partir de ce schéma de relations verticales, il est possible que rien ne bouge, où à tout le moins que tout ce qui est susceptible de bouger n’émane que de la volonté du chef de l’Etat. Du reste, Macky Sall a depuis longtemps donné un avant-goût de ce qu’est sa conception de la justice : mettre le coude sur des dossiers touchant ses intérêts (amis, obligés, transhumants, etc.), et laisser faire sur d’autres… Ce qui arrive à l’ancien premier ministre Abdoul Mbaye ressemble à un cas d’école à cet égard.
«Le Sénégal s’engage à veiller à ce que les organismes d'application de la loi aient un accès complet et efficace à l'information sur la propriété véritable des sociétés et autres personnes morales enregistrées dans leur juridiction.» (Déclaration)
Difficile de donner du crédit à une telle affirmation quand on sait que les organisations de la société civile et les organes de presse demandent depuis plusieurs années le vote d’une loi en bonne et due forme sur l’accès à l’information du public, en vain. De fait, la réalité vécue est que l’on est davantage dans la consolidation du verrouillage des possibilités d’accès à l’information concernant certaines sociétés que dans une improbable ère d’ouverture et de transparence.
«Les marchés et budgets publics doivent être ouverts et transparents pour prévenir et dénoncer le vol de l'argent des contribuables ou les abus commis au détriment des ressources publiques.»
Dans le monde réel des entreprises qui interviennent sur le terrain, il est établi que le volume financier des marchés par entente directe (appelés aussi gré à gré) a atteint près de 300 milliards de francs Cfa rien que pour le premier trimestre de l’année en cours. En termes de proportion, cela représente environ 64% de toute la commande publique durant cette période. Les plaintes et complaintes des entreprises sénégalaises, notamment les PME, devant la confiscation organisée des marchés publics sous le couvert de la légalité du système des ententes directes ne s’entendent même plus car ces entreprises périclitent de jour en jour et en grand nombre. Du reste, le gouvernement ne communique presque jamais sur la quantité déprimante de petites et moyennes entreprises qui ferment boutique…