Connectez-vous

Corée du Sud : le président proclame la loi martiale, l'opposition appelle à manifester

Mardi 3 Décembre 2024

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a proclamé mardi la loi martiale, dans un contexte de débat parlementaire houleux sur le budget, une décision jugée "illégale" par le chef de l'opposition qui a appelé la population à manifester.

 

"Pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l'Etat (...), je déclare la loi martiale d'urgence", a déclaré le président en direct dans une allocution télévisée surprise.

 

"Sans se soucier des moyens de subsistance du peuple, le parti d'opposition a paralysé le gouvernement, à des fins de destitutions, d'enquêtes spéciales et pour protéger son leader de poursuites judiciaires", a-t-il poursuivi.

 

Toutes les activités politiques ont été interdites et les médias sont placés sous la surveillance du gouvernement, a déclaré le chef de l'armée Park An-su dans un communiqué. Des hélicoptères ont atterri sur le toit du parlement à Séoul, d'après des images en direct diffusées par les chaînes de télévision.

 

Le chef de l'opposition sud-coréenne Lee Jae-myung a qualifié la loi martiale d'"illégale" et a appelé la population à se rassembler devant le parlement en signe de protestation.

 

"L'imposition illégale de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol est invalide", a déclaré M. Lee, qui a perdu de justesse face à Yoon lors des élections de 2022. "Venez à l'Assemblée nationale maintenant. Je m'y rends également", a-t-il ajouté.

 

- "Ouvrez la porte !" -

 

Des centaines de personnes ont entendu son appel et commençaient à affluer devant le Parlement, vers une heure du matin (16H00 GMT), selon des images de télévision.

 

"Ouvrez la porte, s'il vous plaît. Votre travail est de protéger l'Assemblée nationale. Pourquoi restez-vous les bras croisés pendant que des députés sont piétinés ?", a crié un homme à un groupe de policiers gardant les portes du bâtiment placé sous scellés.

 

Des membres des forces spéciales sud-coréennes tentaient au même moment d'entrer dans le Parlement, d'après la télévision.

 

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont déclaré "suivre la situation de près", tandis que la Chine a appelé ses concitoyens en Corée du Sud à la "prudence".

 

Le Parti du Pouvoir au Peuple de M. Yoon continue de batailler avec le principal parti d'opposition, le Parti Démocrate, sur le projet de budget de l'année prochaine.

 

Les députés de l'opposition ont approuvé la semaine dernière, à travers une commission, un programme budgétaire considérablement réduit.

 

- "Refuge de criminels" -

 

"Notre Assemblée nationale est devenue un refuge de criminels, un repaire de dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes administratif et judiciaire et à renverser notre ordre démocratique libéral", a encore déclaré M. Yoon.

 

Il a accusé les élus de l'opposition de couper "tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation qui sont la lutte contre les crimes liés à la drogue et le maintien de la sécurité publique (...) transformant le pays en un paradis de la drogue et en un lieu de chaos pour la sécurité publique".

 

M. Yoon a poursuivi en qualifiant l'opposition, qui détient une majorité au Parlement, de "forces hostiles à l'Etat ayant l'intention de renverser le régime". Il a assuré que sa décision était "inévitable".

 

"Je rétablirai la normalité dans le pays en me débarrassant de ces forces hostile à l'Etat dès que possible", a ajouté le président sud-coréen.

 

La loi martiale n'avait plus été instaurée en Corée du Sud depuis le processus de démocratisation enclenché à la fin des années 1980, y compris à des périodes de vives tensions, comme en 2016, lorsque des millions de manifestants ont obtenu la destitution de la présidente Park Geun-Hye, sur fonds de scandale de corruption.

 

Elle avait été décrétée pour la dernière fois le 17 mai 1980, lors du coup d'Etat militaire du général Chun Doo-hwan.

 

Le lendemain, des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues de Gwangju (Sud-Ouest), haut lieu traditionnel de la contestation, pour protester contre le coup d'Etat. M. Chun voulait remplir le vide du pouvoir après l'assassinat du dictateur Park Chung-hee. Les manifestations avaient été réprimées dans un bain de sang. [AFP]

 
Nombre de lectures : 123 fois











Inscription à la newsletter