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Dans Kherson libérée, les Ukrainiens déminent, réparent et enquêtent sur des "crimes" russes

Dimanche 13 Novembre 2022

Au lendemain de la reprise de Kherson par Kiev, l'heure était samedi au déminage, à la réparation des infrastructures et à la documentation de "crimes" imputables à Moscou dans la grande ville du sud, dont la perte constitue un revers de taille pour le Kremlin.
 
Pour Kiev, l'Occident est sur la voie d'une "victoire commune" sur la Russie après la reconquête de Kherson, où l'hymne national ukrainien a retenti vendredi après le retrait des troupes russes. 
 
Kherson, annexée fin septembre par Moscou, avait été la première grande ville à tomber après l'invasion russe déclenchée fin février.
 
Sur des images diffusées par les forces armées de Kiev, des Ukrainiens dansent en ronde, autour d'un feu, au rythme de "Chervona Kalyna", un chant patriotique.
 
Le chef de l'administration militaire ukrainienne de la région de Kherson, Yaroslav Yanouchevytch, a publié samedi plusieurs vidéos où il se dit "très heureux d'être ici (à Kherson) aujourd'hui, en ce moment historique". Il a dit que tout était fait pour "revenir à la vie normale".
 
Derrière lui, des personnes massées sur la place principale célèbrent le retour des forces ukrainiennes dans la ville.
 
Non loin, dans le village de Pravdyné, les habitants de retour serrent leurs voisins dans les bras. Certains ne peuvent retenir leurs larmes.
 
"Nous avons compris que les Russes étaient partis parce que nos soldats passaient en voiture. J'ai eu des larmes de bonheur, que finalement l'Ukraine soit libérée", dit à l'AFP Svitlana Galak, une femme de 43 ans qui a perdu sa fille de 15 ans dans un bombardement sur le village.
 
Son mari, Viktor (44 ans), ne veut plus entendre parler des Russes: "Nous ne voulons pas qu'ils reviennent et tirent sur tout le monde. Laissez-nous vivre comme avant. Nous vivions dans de mauvaises conditions mais c'était l'Ukraine".
 
- "Mesures de stabilisation" -
 
"Nous sommes tous fous de joie", a déclaré samedi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a aussi fait état d'importantes destructions dans la région. 
 
"Avant de fuir Kherson, les occupants ont détruit toutes les infrastructures essentielles - communication, fourniture d'eau, de chauffage, électricité", a-t-il ajouté, précisant en outre que 2.000 engins explosifs avaient été neutralisés.
 
Selon lui, les forces armées ukrainiennes ont repris le contrôle de près de 60 localités dans la région de Kherson.
 
L'armée y applique des "mesures de stabilisation", a affirmé son état-major samedi soir, en ajoutant que "les représentants de l'administration militaire de l'oblast sont retournés à Kherson et ont commencé à y travailler".
 
Après huit mois d'occupation par les forces russes, les programmes de la télévision nationale sont à nouveau visibles à Kherson. Et le fournisseur d'énergie de la région a annoncé qu'il travaillait à rétablir l'approvisionnement en électricité.

Quelque 200 policiers ont également été déployés à Kherson pour ériger des barrages et documenter "les crimes des occupants russes", a annoncé le chef de la police nationale, Igor Klymenko, dans un communiqué.
 
Il a également alerté les habitants de la ville sur la présence d'engins explosifs laissés par les forces russes, les appelant à "se déplacer avec précaution". Selon M. Klymenko, un policier a été blessé lors d'une opération de déminage dans un bâtiment à Kherson.
 
Une femme et deux enfants ont été blessés par une explosion près de leur voiture dans le village de Mylove, dans la région de Kherson, selon la police, qui a également fait état de bombardements russes sur le district de Berislav.
 
- "Sur la bonne voie" -
 
"Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons l'emporter et chasser la Russie d'Ukraine. Nous sommes sur la bonne voie", a déclaré samedi le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba lors d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken en marge d'un sommet de l'Asie du Sud-Est à Phnom Penh. 
 
Le retrait russe de Kherson marque "un nouvel échec stratégique" de la part de Moscou, s'est réjoui le ministre de la Défense britannique Ben Wallace dans un communiqué samedi.
 
Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden a qualifié de "victoire extraordinaire", "tout à fait remarquable", la reprise de la ville par l'armée de Kiev.
 
Ce repli russe est le troisième d'ampleur depuis le début de l'invasion le 24 février, la Russie ayant dû renoncer au printemps à prendre Kiev face à la résistance acharnée des Ukrainiens, avant d'être chassée de la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) en septembre.
 
Vendredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir achevé "le redéploiement" de ses unités de la rive droite (occidentale) du Dniepr, sur laquelle se trouve Kherson, vers la rive gauche, assurant n'avoir subi aucune perte, ni abandonné de matériel militaire.
 
Selon Moscou, "plus de 30.000" soldats russes et "près de 5.000 unités d'armements et de véhicules militaires ont été retirés" de la rive occidentale du Dniepr.
 
Samedi soir, c'est sur la rive orientale du fleuve, dans le district de Kakhovka, qu'un ordre d'évacuation a été lancé par les autorités locales prorusses pour leurs employés, vers la région russe de Krasnodar, proche de la Crimée.
 
"Aujourd'hui, l'administration est la cible numéro un des attaques terroristes des forces armées ukrainiennes. C'est pourquoi, sur ordre du gouvernement de la région de Kherson, en tant qu'organe du pouvoir, nous déménageons vers un territoire plus sûr, d'où nous gouvernerons la zone", a écrit sur Telegram cette administration prorusse, qui appelle également les "résidents" à évacuer.
 
L'état-major de l'armée ukrainienne a avancé de son côté samedi soir que les forces russes étaient actuellement en train de "renforcer l'équipement de fortification des lignes défensives sur la rive gauche du Dniepr".
 
Ce repli a tout du camouflet, le président russe Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson.
 
Samedi, il s'est entretenu avec son homologue iranien Ebrahim Raïssi, au moment où Téhéran apparaît comme un allié majeur de Moscou dans son intervention en Ukraine. Les deux dirigeants ont mis "l'accent sur une intensification de la coopération dans les domaines politique, économique et commercial", a indiqué le Kremlin.
 
De son côté, l'ancien président russe Dmitri Medvedev a agité la menace de l'arme nucléaire. "Pour des raisons qui sont évidentes pour tous les gens raisonnables, la Russie n'a pas encore fait usage de tout son arsenal de moyens de destruction possibles", a-t-il écrit sur Telegram, en précisant: "Il y a un temps pour tout". (AFP)
 
 
 
 
 
 
 
 
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