Connectez-vous

Dans l'est de l'Ukraine, des larmes de soulagement dans un village repris aux Russes

Lundi 19 Septembre 2022

Habituée aux larmes de désespoir depuis que l'armée russe occupait son village de Troïtské, dans l'est de l'Ukraine, Olga Valkova n'a pu contenir celles de soulagement lorsque les troupes de Kiev l'ont repris.
 
Sur le visage de cette femme de 64 ans, la délivrance. Elle embrasse et serre fort dans ses bras son frère, Leonid Kandaourov, de quatre ans son cadet, et sa belle-soeur Lidia, qu'elle retrouve après plus de six mois de séparation.
 
Niché dans des champs de tournesols, Troïtské n'est qu'à 80 kilomètres de la frontière russe, dans la région de Kharkiv, et était occupé par l'armée russe depuis le 25 février, le lendemain du début de l'invasion ordonnée par le président russe Vladimir Poutine.
 
Avant la guerre, Olga et son mari Alex Vachtchenko, 65 ans, se rendaient régulièrement pour cultiver leur potager dans ce petit village comptant quelques rangées de maisons et un lac poissonneux avec ses canards.
 
A l'intérieur de leur datcha, trois pièces, un four en brique et un petit grenier où sont stockés des oignons.
 
- "Terrifiant" -
 
Olga n'était pas là le jour de l'arrivée de l'armée russe, mais son amie, Anna Kryvonossova, 65 ans, peut témoigner. 
 
"Pendant trois jours, les blindés russes passaient ici, sur cette route", raconte-t-elle à l'AFP.
"C'était terrifiant. Les soldats, postés sur les blindés, pointaient leurs armes sur nous, sur nos maisons. C'était une vraie occupation", raconte-t-elle. "Ils sont entrés dans nos maisons, vérifiaient nos documents, fouillaient partout, absolument partout".
 
La contre-attaque ukrainienne a commencé par d'effrayantes explosions entendues depuis la ville voisine de Chevtchenkové. Puis ce sont des chars mystérieux aux tourelles pivotantes qui sont entrés dans Troïtské.
 
Peu après, l'arrivée de l'infanterie de la 92e brigade de l'armée ukrainienne a rassuré les habitants: la bourgade, tout comme l'essentiel de la région de Kharkiv, ont été repris au terme d'une contre-offensive fulgurante lancée début septembre.
 
Le mari d'Anna, Nikolaï Kryvonossov, est désormais libre d'accueillir des journalistes chez lui, gnôle faite maison à la main. Le moustachu de 67 ans porte un toast: "A notre victoire! Que Poutine crève et qu'il aille se faire foutre!". Puis il descend son verre d'une traite.
 
Lors de l'occupation du village, l'armée russe utilisait Troïtské comme voie de transit pour approvisionner ses hommes sur le front. Elle n'y avait pas de base, mais y avait fortifié un atelier pour tracteurs qui va désormais être converti en checkpoint ukrainien.
 
Dans cette région à majorité russophone, Troïtské s'est révélée fervente défenseure de la souveraineté ukrainienne, alors même que M. Poutine n'a de cesse d'affirmer vouloir sauver les hanitants du joug russophobe du pouvoir en place à Kiev.
 
Des habitants assurent fièrement avoir appelé leurs proches à Kharkiv, capitale régionale restée sous contrôle ukrainien, pour transmettre les positions russes au renseignement ukrainien.
 
Des familles interrogées par l'AFP affirment aussi avoir gardé leurs drapeaux ukrainiens chez eux, malgré la présence russe.
 
- Fête -
 
Le 7 septembre, la contre-offensive avait repoussé les Russes plus à l'est. Une dizaine de jours plus tard, Olga et Alex ont retrouvé leur datcha.
 
A son arrivée, Olga s'est jetée sur son lit: "C'est ma maison, c'est mon lit!"
Leonid et Lidia, le frère et la belle-soeur d'Olga, sont restés pendant l'occupation. Les Russes avaient confisqué les armes de cet ancien garde forestier.
 
L'armée de Moscou étant partie et leurs proches revenant, le couple a préparé une fête. Sur la table, du fromage, du saucisson, des tomates et des concombres. Dans les verres, de l'alcool fait maison.
A côté, les chiens de chasse de Leonid se délectent du spectacle.
 
Les toasts à "la victoire" s'enchaînent. Olga et Lidia entonnent l'hymne ukrainien : "Ni la gloire ni la liberté de l'Ukraine ne sont encore mortes".
 
Puis leurs larmes ruissellent sur leurs visages lorsqu'elles se montrent les vidéos envoyés par leurs fils, qui combattent sur les autres fronts. (AFP)
 
 
Nombre de lectures : 101 fois











Inscription à la newsletter