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De l’indépendance à la servitude.

Samedi 8 Avril 2017

Les autorités de la République se réjouissent de célébrer la fête de l’indépendance du 4 avril avec son cortège de festivités tout en couleurs et en grande pompe comme si le sort des citoyens sénégalais s’était considérablement amélioré dans tous les domaines de la vie d’une nation ( prospérité, recul net et significatif de la pauvreté, le respect et la défense des droits inaliénables garantis par la Constitution,  un système éducatif performant en adéquation  avec nos valeurs culturelles et vecteur de développement économique et social, un système de santé viable et sécurisant pour nos malades, etc.) depuis le départ du colon français.
 
Comme à  l’accoutumée, le chef de l’Etat s’adresse à la nation sénégalaise soit pour dresser un tableau exhaustif de ses réalisations soit nous chanter les vertus de sa politique ou nous rappeler notre devoir de fidélité à  l’héritage de nos illustres prédécesseurs. Le président Macky Sall n’a pas failli à cette tradition républicaine bien ancrée dans nos contrées de pays aliéné à l’Occident et pauvre.
 
A travers son discours, le président Macky Sall interpelle directement le peuple sénégalais sur le sens de l’indépendance. Cinquante sept ans (57) après la souveraineté du pays, il trouve encore  normal de tenir ces propos aux simples gens du peuple, qui pour l’essentiel d’entre elles, sont  dignes et courageuses. « L’indépendance signifie et magnifie notre vocation naturelle à être et rester un peuple libre. En même temps, elle crée la responsabilité qui nous met seuls face à notre destin. C’est par nos propres efforts que nous la conforterons en gagnant la bataille du développement économique et social. C’est ainsi que nous accomplirons notre destin de peuple libre ».
 
Le chef de l’Etat Macky Sall a servi principalement un véritable plaidoyer pour nos gouvernants et autorités publiques. Les vertus et privilèges de l’indépendance s’adressent directement à eux qui sont chargés de définir et de conduire la politique de la nation sénégalaise. Ce discours est révélateur de l'état d'esprit de nos politiciens professionnels. Ils sont maîtres dans l’art d’évacuer les questions cruciales dans la vie d’une nation, de refuser de prendre leurs responsabilités et très enclins à  faire porter la faute ou le retard de développement économique et social sur le dos du pauvre contribuable.
 
Si ce discours avait pour but de mobiliser davantage le peuple vers la voie du progrès, vers l’effort dans l’unité, il risque de ne pas atteindre sa cible car les citoyens sénégalais savent parfaitement que nos autorités publiques ne produisent ce genre de message que pour nous mystifier. En vérité, le premier et seul combat immanquablement à mener en vue de l’émergence est celui de la liberté et de son corollaire l’autonomie et la responsabilité dans la pratique quotidienne de la bonne gouvernance.
 
Êtes-vous raisonnable, monsieur le président, pour épiloguer sur l’indépendance du Sénégal alors que depuis que vous êtes au pouvoir toutes vos décisions vont dans le sens d’asservir le pays dans le souci de défendre les intérêts économiques de la France ? Tout le monde peut parler d’indépendance ou de liberté sauf vous. Votre gestion quotidienne du pouvoir trahit vos paroles solennelles.
 
En effet, les exemples de votre soumission à l’ancienne puissance coloniale sont encore vivaces dans notre mémoire. On peut citer entre autres sans risque de nous tromper le cas des appels entrants. C’est une perte sèche que vous aviez décidé unilatéralement de faire subir à l’économie sénégalaise dès votre arrivée à la magistrature suprême du pays afin de témoigner de votre fidélité à votre parrain la France et in fine d'apporter votre soutien et votre solidarité à la multinationale Orange, qui d’ailleurs s'était insurgée contre la mesure de maître Abdoulaye Wade sans résultat. L’ancien président de la République jugeait injustes les profits engrangés indûment par Orange, la maison mère de la Sonatel sur le dos du contribuable sénégalais.
 
Il y a aussi le cas des accords de défense signés dare dare avec l’ancien président français Nicolas Sarkozy. La majorité des citoyens sénégalais étaient très déçus de votre prestation. On dirait que vous étiez intimidé de vous trouver au palais de l’Elysée en tordant même par endroits la langue officielle du pays. Tous vos autres prédécesseurs ont toujours dignement représenté le Sénégal en conférence de presse aussi bien au pays qu’à l'étranger.

Ils avaient une certaine prestance, une bonne culture générale qui inspirent profondément le respect malgré quelques manquements graves à leurs charges présidentielles. Le président français Nicolas Sarkozy s’est même permis de vous tutoyer, ce qu’il n’a jamais osé faire devant un autre président. A ce  jour, les citoyens sénégalais ignorent réellement le contenu véritable de ces accords.
 
A la suite de cet engagement de la France d’assurer la défense du Sénégal contre d’éventuelles attaques terroristes, vous avez accordé beaucoup de faveurs et de privilèges aux militaires français présents sur notre sol, contrairement à la décision du président Abdoulaye Wade de récupérer nos terres.
 
Un autre exemple de votre soumission aveugle à la France et qui est en porte à faux avec votre exigence d’une indépendance réelle du pays , est le projet TER. C’est d’ailleurs (…) le journaliste Madiambal Diagne qui informe courageusement le peuple en pointant du doigt votre décision incompréhensible de confier la réalisation du projet à Alstom au détriment du consortium chinois dont l’offre était de loin plus avantageuse. Dans cette affaire, vous avez choisi de privilégier les intérêts de la France au détriment de ceux de la nation sénégalaise. 
 
S’agissant de l'exploitation de nos ressources pétrolières, vous n’avez pas jugé utile voire nécessaire dans le cadre de votre programme de bonne gouvernance sobre et vertueuse de procéder à un appel d'offres international afin de choisir le meilleur partenaire dans le but de maximiser et de protéger les intérêts supérieurs de la nation. Que nenni, vous avez décidé (…) lors de votre conférence au plais de l’Elysée en compagnie du président français François Hollande d’annoncer un partenariat stratégique avec la firme internationale Total.
 
On peut également citer le cas du Port de Dakar que vous avez remis au groupe Bolloré au détriment des intérêts du peuple sénégalais. Hélas, les exemples comme ceux-ci sont nombreux pour être cités tous ici
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Monsieur le président, proclamer à haute voix par ci et là la liberté et son corollaire ne veut point signifier que l’on est libre et indépendant. La liberté n’est pas un vain mot. C’est d’abord une exigence de penser par soi même. Elle est ensuite un besoin réel d'autonomie, et enfin elle fait appel à notre devoir de responsabilité devant l’histoire et face à nos engagements avec la nation entière. Au plus, on ne peut pas revendiquer la liberté si on éprouve un sentiment de peur devant l’adversité ou devant une autorité d’une nation plus développée que la nôtre, en l’occurrence la France.
 
Depuis 1960, nos élus ont très souvent fait preuve de faiblesse devant l’ancienne puissance coloniale pour refuser de défendre intrinsèquement les intérêts du Sénégal. Nos présidents de la République, de Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par le docile Abdou Diouf qui a mis le pays en lambeaux, se sont comportés comme des valets de leur homologue français. Ils se démenaient quotidiennement pour propager l'idéologie du pays de Marianne au détriment de notre corpus socio-culturel à l'exception notable de l’ancien président du Conseil feu Mamadou Dia et de maître Abdoulaye Wade, qui plus d’une fois ont privilégié les intérêts du peuple sénégalais.
 
L’indépendance du pays de la Teranga ne sera jamais effective tant que nos dirigeants ne tournent pas le dos à l’ancienne puissance coloniale, la France, qui tient énormément à garder le Sénégal dans son carré d'influence internationale. C’est justement pour cette raison que les autorités françaises placent leurs hommes de main dans nos administrations et au cœur même du palais présidentiel afin qu’ils travaillent insidieusement nos autorités publiques dans le sens de la défense des intérêts de l'Hexagone. A ce titre, la France honore toujours  par la légion d’honneur ses plus fidèles serviteurs sénégalais.
 
Au final, ce n’est pas agir de la sorte pour reprendre les mots du président Macky Sall que : « nous réaliserons le rêve de nos ancêtres et que nous mériterons leurs sacrifices. C’est ainsi que nos enfants et des générations après eux, seront fiers de l’héritage que nous leur aurons légué. L’œuvre est noble et grandiose ».
 
Patati patata, les sénégalais retiendront de votre passage à la tête du pays une immense déception pour un homme né après les indépendances et ayant appris à l’école même de Jules Ferry l’histoire ignoble et criminelle de la colonisation française et qui, malgré tout cela, favorise  contre vents et marées les intérêts économiques et civilisationnels de la France au détriment du pays qui l’a vu naître.
 
Il appartient dorénavant à nos compatriotes soucieux de l’émergence d’un Sénégal juste et indépendant à la hauteur de nos espérances de nation libre de se mobiliser et de porter à la présidence de la République un homme ou une femme qui ne se nourrit d’ambitions que pour la défense des intérêts exclusifs du pays de la Teranga afin de propulser un développement économique et social endogène profitable à l’ensemble de la société sénégalaise
massambandiaye2012@gmail.com
 
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