A force de frauder en catimini en manipulant la loi dans un but partisan et en violant le principe fondamental de l'intérêt général, simplement parce que l'on dispose - en temps T - d’une majorité parlementaire outrageusement mécanisée et dressée, il arrive forcément un moment où l'on se perd dans ses propres magouilles.
Guy Marius Sagna et Mamadou Lamine Diallo ont solennellement interpellé Amadou Mame Diop, (déjà et encore président de l'assemblée nationale) sur la nécessité de remettre de l'ordre dans les textes afin de rétablir la connexion entre la Constitution et le Règlement intérieur de l'AN. Le monsieur n'a pas bougé d'un demi iota, encore moins ses camarades de parti et de coalition englués dans leur bulle d’arrogance et de suffisance. Il savait bien que ce n'est pas lui, simple exécutant bombardé 2e personnalité de l'Etat, qui décidait des stratagèmes à dérouler à cette époque et aujourd’hui encore !
Que cherchaient Macky Sall et ses ouailles en fermant les yeux sur l’évidence et le bon sens qui commandaient de réécrire le règlement intérieur de l’institution parlementaire après que le poste de premier ministre a été rétabli par Sall lui-même au bout du temps d’errance qu’il s’était donné pour tester ou alléger on ne sait quel système de gouvernance ? Cette affaire est incompréhensible et inacceptable. Elle avait peut-être des buts inavouables. Mais elle est significative des pratiques politiques malsaines instaurées par l’ancien régime.
La réalité est que la fraude en politique peut payer un moment, peut-être même pendant longtemps. Mais cela suppose que l’on maitrise autant les manettes et ficelles qui la rendent possible : personnel exécutant disponible pour frauder, volonté partagée de frauder, disposer des moyens politiques de frauder… Et après, dérouler des Plans B ou C pour se tirer de son propre guêpier.
Dans l’absolu, il est préférable que le premier ministre Ousmane Sonko délivre sa Déclaration de politique générale devant la représentation nationale comme l’y contraint la Constitution. Devoir de transparence, disent en choeur beaucoup d’acteurs politiques et de la société civile. La plupart de ceux-ci sont sans doute mus par la bonne foi en la nécessité de protéger l’essence démocratique de nos institutions en donnant une vraie dignité et réalité au dialogue entre l’Exécutif et le Législatif.
Faut-il pour autant passer par pertes et profits les trucs et astuces de cette entreprise diabolique de démolition des fondements démocratiques de notre pays tentée (sans succès) par Macky Sall durant ses 12 ans de règne sur les Sénégalais ? Qui se souvient qu’en juillet 2023, ce politicien professionnel a retiré in extremis un projet de loi qui lui aurait permis de dissoudre l’assemblée nationale par décret, à sa guise ?