Le choix de Donald Trump comme chef du Pentagone, Pete Hegseth, a prêté serment samedi matin après avoir été approuvé de justesse la veille par le Sénat américain.
« C’est l’honneur d’une vie », a-t-il déclaré, lors d’une cérémonie sous les auspices du vice-président J. D. Vance.
Accusation d’agression sexuelle, consommation excessive d’alcool, manque d’expérience : malgré les critiques, M. Hegseth a été approuvé vendredi par les sénateurs à l’issue d’un vote très serré.
La Constitution américaine exige que les nominations de ministres et autres hauts responsables soient confirmées par le Sénat.
Mais malgré une majorité républicaine de 53 sièges sur 100 à la chambre haute du Congrès, le nouveau vice-président, J.D. Vance, a dû – chose rare – se rendre sur place pour lever un blocage de 50 voix contre 50 avec son vote déterminant.
Car dans son propre camp, trois élus ont voté contre dont, de manière surprenante, Mitch McConnell, ancien chef de file des sénateurs républicains. Lisa Murkowski, qui a aussi voté contre, avait affirmé plus tôt que cette nomination suscitait « des inquiétudes considérables » sur lesquelles elle ne pouvait pas « fermer les yeux ».
Elle a cité aussi l’opposition exprimée par Pete Hegseth à la présence de femmes dans les troupes combattantes. Depuis ses déclarations en novembre, l’ancien militaire a affirmé être revenu sur cette opposition.
Lors de la prestation de serment de M. Hegseth samedi, J.D. Vance a filé la métaphore sportive pour revenir sur ce scrutin : « Lorsque vous gagnez le championnat, vous vous fichez du score », a-t-il dit.
« Nous avons gagné le championnat sur ce coup-là, nous avons un grand secrétaire à la Défense », a ajouté le vice-président, se disant « fier » de lui.
Pete Hegseth s’est fait connaître des Américains ces dix dernières années comme présentateur chez Fox News, la chaîne préférée des conservateurs aux États-Unis.
À 44 ans, il doit prendre la tête d’un ministère doté d’un budget pharaonique de 850 milliards de dollars annuels et employant quelque trois millions de soldats, réservistes, et civils.
« Culture du guerrier »
Sa mission principale, a déclaré Pete Hegseth mi-janvier lors de son audition de confirmation devant une commission du Sénat, sera de « ramener la culture du guerrier » au Pentagone.
Il a assuré à de nombreuses reprises vouloir réformer le Pentagone de fond en comble, devenu trop « woke » et acquis à une idéologie trop à gauche selon lui.
L’annonce de sa nomination en novembre avait suscité une levée de boucliers dans l’opposition.
Face à la commission des forces armées, les sénateurs démocrates l’avaient notamment interrogé sur une accusation d’agression sexuelle remontant à 2017, qui avait émergé après l’annonce de ce choix.
L’ancien militaire, qui dément toute relation non consentie, était parvenu à un accord financier de 50 000 dollars quelques années plus tard avec celle qui l’accusait, pour empêcher des poursuites.
Les élus de l’opposition avaient également décrié lors de l’audition son manque d’expérience pour un portefeuille aussi important.
« M. Hegseth, vous n’êtes pas qualifié », avait lancé la sénatrice Tammy Duckworth, ancienne pilote d’hélicoptère de combat dans l’armée, amputée des deux jambes après un tir de roquette contre son appareil en Irak en 2004.
Pete Hegseth est aussi soupçonné de consommation d’alcool régulièrement excessive.
« L’un de vos collègues a dit que vous étiez tellement bourré à un évènement dans un bar que vous avez chanté “Tuez tous les musulmans” », a asséné la sénatrice Elizabeth Warren lors de l’audition. Malgré les polémiques, Donald Trump a maintenu coûte que coûte son choix.
La secrétaire à la Sécurité intérieure de Trump approuvée par le Sénat
Le Sénat américain a approuvé samedi le choix de Donald Trump à la tête du département américain de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, qui sera notamment chargée de mettre en œuvre son programme d’expulsions massives d’immigrés en situation irrégulière.
À la chambre haute du Congrès, où les républicains détiennent une courte majorité, la nomination de Mme Noem a été approuvée par 59 sénateurs tandis que 34 ont voté contre.
Âgée de 53 ans, Kristi Noem est la gouverneure du Dakota du Sud depuis 2019.
Désormais à la tête du département de la Sécurité intérieure, elle a la responsabilité de plus de 260 000 employés fédéraux, soit le troisième plus gros département des États-Unis, derrière le Pentagone et les Anciens combattants.
Mme Noem prend notamment la tête des agences chargées du programme d’expulsions de Donald Trump mais aussi de la sécurité des frontières, de la cybersécurité, ou encore de la réponse aux catastrophes naturelles.
Donald Trump a promis pendant sa campagne de lancer « le plus grand programme d’expulsions de l’histoire américaine », en utilisant les forces armées si nécessaire. La Maison-Blanche s’est targuée cette semaine de l’arrestation de centaines de « migrants criminels illégaux », soulignant qu’ils avaient été expulsés par avions militaires plutôt que civils, comme c’était le cas précédemment.
Kristi Noem avait été pressentie un temps pour devenir la colistière du milliardaire républicain à la présidentielle de novembre. Mais ses chances avaient pris du plomb dans l’aile en avril avec la publication d’extraits de ses mémoires.
La gouverneure y écrivait avoir tué par balle sa chienne Cricket, âgée d’un peu plus d’un an, parce qu’elle était « indomptable ».
Lors de son audition mi-janvier devant les sénateurs, Kristi Noem avait déclaré que la frontière avec le Mexique était « la menace no1 pour notre sécurité intérieure ».
« Sous ma direction au département de la Sécurité intérieure, il n’y aura aucun parti pris politique sur la manière dont l’aide aux sinistrés sera fournie », avait-elle par ailleurs assuré, en réponse aux interrogations sur la distribution d’aide financière fédérale après une catastrophe naturelle.
Un engagement qui a semblé sujet à caution après les récentes menaces de Donald Trump de suspendre l’aide à la Californie – État démocrate actuellement ravagé par des incendies – si cette dernière ne se pliait pas à certaines exigences, notamment la mise en place de réformes voulues par le camp conservateur. [AFP]