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Ecoles, lieux de culte : A bâtons rompus avec Moustapha Diakhaté autour de la Covid-19

Mercredi 13 Mai 2020

NOTA BENE : Cet entretien a eu lieu avant l'annonce des mesures d'assouplissement de l'état d'urgence par le Président de la République dans son discours du 11 mai 2020.


PRECONISATIONS POUR LA REOUVERTURE DES CLASSES DU 2 JUIN
 
La réouverture des classes d’examens prévue le 2 juin 2020 est une équation à plusieurs inconnues relatives à la prise en charge de la protection des élèves, enseignants et autres personnels de l’éducation et de la formation. 
 
Les inquiétudes des syndicats d’enseignants et des associations des parents d’élèves sont légitimes dans la mesure où la reprise des enseignements pour les  classes d’examens est envisagée au moment où le Sénégal vient de franchir la barre des mille cinq cents infections et une vingtaine de décès  alors qu’il n’y avait que huit malades avec zéro décès lors de la suspension des enseignements.
 
(…) En fait, si la France, que les autorités sénégalaises imitent exagérément dans la gestion de la crise de la Covid-19, avait en 60 jours des cas positifs en valeur relative de 0,006% de sa population, une létalité moins élevée que la mortalité routière avec une vingtaine de décès, elle ne se hasarderait point à déclarer l’Etat d’urgence assorti d’un couvre feu. Elle ne confinerait pas non plus sa population de 20 heures à 06 heures du matin. Elle n’interdirait ni les déplacements interurbains encore moins les vols internationaux. Aucune de ses frontières terrestres ou aériennes ne serait fermée.
 
En terme de préconisation pour la prise en charge des craintes des enseignants, personnels des écoles  et parents d’élèves, il faut rendre effective la généralisation et l’obligation du port du masque, en plus du respect strict des gestes et mesures barrières en dotant les établissements de lave-mains et de solutions hydro alcooliques tout en prohibant la présence des élèves dans les cours des établissements. 
 
Il s’agit de ne pas envisager de rouvrir les écoles tant que la sécurité des enfants et des enseignants ne serait pas certaine à 100%. 
 
LIEUX DE CULTE ET EQUITE DE TRAITEMENT
 
Au rythme où vont les choses la fermeture sélective des  mosquées risque de remettre en cause le vivre ensemble sénégalais. Un ordre pour être respecté doit être juste.  La fermeture des mosquées doit être de portée générale et valable sur l’ensemble du territoire national.
 
Le Président Macky Sall doit rapporter la mesure s’il n’est pas capable d’assurer la fermeture de toutes les Mosquées partout au Sénégal.
 
Comme dans les écoles, le gouvernement doit revenir sur la fermeture des lieux de cultes et rendre effective la généralisation et l’obligation du port du masque dans toutes les Mosquées et Eglises, en plus du respect strict des gestes et mesures barrières en les dotant de lave-mains et de solutions hydro alcooliques.
 
L’absence d’équité dans le traitement de la fermeture des mosquées relève de l’évidence. Pourtant au Sénégal comme ailleurs, pour obéir à un ordre, il faut faire confiance à celui qui donne les consignes. C’est la seule condition pour éviter le développement de  la méfiance déviante qui est en train de s’installer dans le pays.
 
Le gouvernement doit s’imposer le principe selon lequel dans un Etat de droit, tout le monde, y compris l’Etat, doit être soumis à la Loi.
 
Malheureusement, le gouvernement du Sénégal a tout faux en fermant les yeux devant la violation de la mesure de fermeture des Mosquée dans plusieurs localités du pays. Cette attitude est aux antipodes de ce principe fondateur de la République. Elle est la principale source des légitimes frustrations.
 
Ce qui explique le fait que des pans entiers de la communauté musulmane commencent à contester publiquement la mesure prise par l’Etat. La gestion actuelle de la fermeture des mosquées risque de créer plus de problèmes que la transmission de la Covid-19 : la généralisation des actes de rebellions notés  à l’occasion de la convocation par la Police de l’imam de Léona Niassène à Kaolack. 
 
ETAT DE L’OPINION FACE A LA GOUVERNANCE DE LA CRISE SANITAIRE.
 
Il y a de plus en plus des signes d’agacement voire de retournement dans l’opinion pour plusieurs raisons. 
 
Aujourd’hui les entreprises publiques comme privées sont presque toutes à l’arrêt. Les appareils productifs  fonctionnent de moins en moins. Cette situation touche tous les secteurs comme l’industrie, la pêche, le transport, le tourisme, l’hôtellerie, la culture, l’artisanat, les agences de voyage, le loisir, la publicité, les commerces de vêtements, l’événementiel et d’autres activités connexes. 
 
Face à cette situation, les ressources financières du fonds de 1000 milliards de francs, Force Covid-19 ne sont pas non seulement insuffisantes mais en réalité ne concernent que les secteurs dits modernes qui pourtant ne représentent que 3% du tissu économique national.
 
Les populations commencent à manifester des signes de lassitude en raison de l’absence de perspectives de sortie de la pandémie du Covid-19 et surtout d’assurances dans la  gouvernance de la crise sanitaire. 
 
Pour l’heure, le Président de la République doit revenir sur l’Etat d’urgence et le couvre-feu et  veiller à la généralisation et l’obligation du port du masque, en plus du respect des recommandations sur les gestes et mesures barrières. Il est à la portée des Sénégalais d’atténuer voire couper, sereinement, la chaine de transmission du covid-19 et de reprendre la vie normale.
 
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