Le débat était attendu dimanche 17 septembre à la Fête de l'Humanité en Essonne. Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste, Edouard Philippe ont été accueillis sous les huées du public.
Quelques minutes avant le début des échanges, un militant issu du mouvement des gilets jaunes a réussi à lancer au micro : «Édouard Philippe a sévi durant le mouvement des “gilets jaunes”, il a fait couler le sang, il n’a rien à faire ici. C’est un éborgneur !"
Une affiche inédite pour la 88e édition de la Fête de l'Humanité qui a lieu ce week-end en Essonne. Ce rendez-vous de la gauche a été l'occasion de réunir sur scène Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste et l'ancien Premier ministre Edouard Philippe.
Les deux hommes ont été accueillis sous les huées du public amassé devant la scène. Quelques minutes plus tard, un militant, issu du mouvement des "gilets jaunes" a réussi à s'emparer d'un micro. L'ancien Premier ministre a alors été pris à partie. "Édouard Philippe a sévi durant le mouvement des “gilets jaunes”, il a fait couler le sang, il n’a rien à faire ici. C’est un éborgneur !", a martelé le militant avant d’être vigoureusement évacué par le service de sécurité.
Le débat a tout de même été lancé, après quelques minutes de flottement. "J’ai souhaité avoir ce débat avec Édouard Philippe qui a été premier ministre pendant le premier quinquennat de Macron car je souhaite avoir le débat devant les Français entre deux projets de société différents, de droite et de gauche. C’est ce débat-là que nous devons avoir. Retrouvons ce goût du débat !", a tenté d’apaiser Fabien Roussel.
Sans revenir sur l’incident, le maire du Havre a quant à lui tenu à "remercier" les organisateurs pour son invitation, haussant régulièrement la voix pour tenter de couvrir les sifflets du public.
Sans surprise, ces deux hommes de la même génération ont défendu des idées franchement divergentes, notamment en matière économique. "Une des mauvaises solutions, c'est le blocage des prix", a lancé le maire du Havre et président du parti Horizons, sous les sifflets du public, à propos d'une mesure réclamée par son contradicteur.
"Nous demandons à ce que l'Etat intervienne dans la répartition des marges, depuis le paysan jusqu'au consommateur, de la fourche à la fourchette", a répliqué le député du Nord.
Concernant la question des dépenses publiques, Fabien Roussel a tenté de rassurer son interlocuteur: "Ce ne serait pas responsable de dire que la dette n'est pas un problème et qu'on ne va pas la payer". Quand le patron du PCF a lancé "Le président de la République n'aime pas les Français", Edouard Philippe a volé au secours d'Emmanuel Macron : "Tu ne peux pas dire cela".
Si le désaccord persiste entre les deux hommes sur la réforme des retraites et l'usage du 49.3, on entrevoit une piste de convergence sur la question énergétique. "On ne va pas être très loin d'être d'accord sur l'énergie nucléaire et le développement des énergies renouvelables", a tenté Edouard Philippe. Fabien Roussel a dénoncé la "bêtise sans nom" de l'opposition au nucléaire prônée par d'autres forces de gauche.
Depuis le début du week-end, le secrétaire national du PCF a lui aussi été la cible du mécontentement d'une partie de la gauche. Il a été copieusement hué par des militants de la Nupes, qui lui reprochent de jouer sa propre partition en vue des européennes puis de la prochaine présidentielle. Certains ont entonné "Roussel, casse toi, L’Huma n’est pas à toi", tandis que d’autres se sont affichés avec des tee-shirts sur lesquels était inscrit "Fabien Roussel n'est pas mon camarade".
Le retour du clivage droite/gauche
Le libéral Edouard Philippe et le communiste Fabien Roussel nourrissent tous les deux des ambitions présidentielles pour 2027. La tête de liste communiste aux élections européennes, Léon Deffontaines, a estimé surEurope 1 dimanche 17 septembre que ce débat marquait le retour du clivage droite/gauche.
"Pour moi, c'est le débat de l'avenir du pays. C'est même un avant-goût d'un débat d'entre-deux-tours des prochaines élections présidentielles, c'est l'avenir de la gauche contre l'avenir de la droite", a-t-il souligné.
Edouard Philippe qui peut déjà s'appuyer sur son parti Horizons, membre de la majorité d'Emmanuel Macron, prépare 2027 en toute discrétion.
L'ancien Premier ministre l'a assuré vendredi à Angers en clôture de la rentrée de son parti: Horizons ne doit pas être "obnubilé" par la présidentielle. "Personne ne peut attendre quatre ans" pour relever les défis français et "notre horizon ne peut pas être celui d'une simple élection, fût-elle la plus prestigieuse ou la plus importante", a insisté le maire du Havre. Mais Édouard Philippe qui est en tête des sondages, se positionne déjà sur la route de l’Élysée. [Orange avec Media Services]