Au moins 100 personnes ont péri et 150 autres ont été blessées dans un incendie causé par des feux d’artifice dans une salle de mariage bondée du nord de l’Irak, selon un « bilan préliminaire » annoncé mercredi par les autorités.
Les flammes ont ravagé une salle de réception accueillant mardi soir des centaines d’invités pour un mariage dans la bourgade chrétienne de Qaraqosh, également connue sous le nom de Hamdaniyah.
D’après les secours, des « feux d’artifice » d’intérieur (ou gerbes d’étincelles), « des matériaux de construction hautement inflammables », mais aussi un nombre insuffisant de sorties de secours seraient à l’origine du drame.
Peu après minuit, au principal hôpital de Hamdaniyah, à l’est de la métropole de Mossoul, un photographe de l’AFP a vu plusieurs ambulances arriver, sirènes hurlantes. Des dizaines de personnes étaient massées dans la cour de l’établissement, dont des proches de victimes. Des habitants attendaient aussi devant les portes ouvertes d’un camion frigorifique contenant des victimes dans des sacs mortuaires, selon le photographe.
Les autorités sanitaires de Ninive, la province où se trouve Qaraqosh, « ont recensé 100 morts et plus de 150 blessés dans l’incendie », a annoncé l’agence de presse officielle INA évoquant un « bilan préliminaire » – plusieurs responsables donnant ensuite des chiffres contradictoires.
Mercredi matin, policiers et secouristes inspectaient encore la salle de réception carbonisée, circulant au milieu d’un amas de fer et de tôle tordus, la structure du toit s’étant effondrée, selon un photographe de l’AFP.
« On étouffait »
Peu avant le drame, Martin Idriss, 19 ans, travaillait en cuisine. « J’ai cru qu’il y avait eu une explosion […] les flammes mangeaient toute la salle », raconte-t-il à l’AFP. Il dit avoir vu « trois corps d’enfants brûlés ». Selon lui, les issues de secours « ne suffisaient pas ».
« La plupart des blessés souffrent de brûlures et d’asphyxie », a indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère de la Santé Saif al-Badr, rapportant également des bousculades.
Parmi les victimes figurent « des hommes, des femmes et des enfants », a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Défense civile Jawdat Abdel Rahmane.
La Défense civile a rapporté la présence de panneaux en préfabriqué « hautement inflammables et contrevenant aux normes de sécurité ». « Les informations préliminaires indiquent que des feux d’artifice (d’intérieur, NDLR) ont été utilisés […] ce qui a déclenché un incendie dans la salle », selon un communiqué.
Les flammes ont provoqué « la chute de certaines parties du plafond, en raison de l’utilisation de matériaux de construction hautement inflammables et peu coûteux », selon la même source.
La Défense civile a fait état « d’émissions de gaz toxiques liées à la combustion des panneaux » contenant du plastique.
« Les sorties de secours étaient fermées, il ne restait que l’entrée principale » pour l’évacuation des invités, a indiqué Jawdat Abdel Rahmane.
Brûlée à la main, Rania Waad, 17 ans, se trouve à l’hôpital de Hamdaniyah.
Les mariés « dansaient un slow, les feux d’artifice ont commencé à monter vers le plafond, toute la salle s’est enflammée », raconte l’adolescente d’une voix nouée par les sanglots, précisant que les invités étaient « très nombreux ». « On ne voyait rien, on étouffait, on ne savait pas comment sortir ».
Arrestations
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le général Saad Maan, a indiqué à l’AFP que « neuf employés ont été arrêtés », tandis que « quatre mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre des propriétaires » de la salle.
En Irak, les normes de sécurité sont peu respectées, que ce soit dans le secteur de la construction ou du transport. Le pays aux infrastructures en déliquescence après des décennies de conflit est régulièrement le théâtre d’incendies ou d’accidents domestiques mortels.
En 2021, deux incendies dans des hôpitaux irakiens avaient fait plusieurs dizaines de morts, à quelques mois d’intervalles seulement.
Mercredi dans un communiqué, le premier ministre Mohamed Chia al-Soudani a appelé les ministres de la Santé et de l’Intérieur à « mobiliser tous les efforts de sauvetage » pour venir en aide aux victimes du drame.
Comme de nombreuses localités chrétiennes de la plaine de Ninive, Qaraqosh avait été saccagée par les djihadistes du groupe État islamique lorsqu’ils étaient entrés dans la ville en juin 2014.
La localité avait été lentement reconstruite après la mise en déroute de l’EI en 2017 et avait reçu la visite du pape François en mars 2021. [AFP]