Après une première étape à Londres, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est arrêté jeudi à Paris dans le cadre d’une mini-tournée chez ses principaux alliés européens destinée à recueillir davantage de soutien face à l’invasion russe, sans évoquer selon lui un quelconque cessez-le-feu.
Le chef de l’État français Emmanuel Macron et son homologue ukrainien ont échangé une longue et chaleureuse poignée de main avant leur entretien bilatéral. Le cessez-le-feu « n’est pas un sujet de nos discussions […] avec nos alliés », a déclaré le président ukrainien à l’issue de cette rencontre, attribuant les informations sur ce sujet à la « désinformation » russe.
Il a aussi, comme partout ailleurs, réclamé un accroissement rapide de l’aide occidentale. « Avant l’hiver, on a besoin de votre soutien », a-t-il martelé.
Emmanuel Macron a pour sa part assuré que l’aide de la France se poursuivait « conformément à ses engagements », et a souligné « l’avancée de la formation et de l’équipement d’une brigade. « C’est aussi un modèle très unique de coopération », a-t-il fait valoir.
Volodymyr Zelensky est désormais attendu à Rome puis vendredi à Berlin, à moins d’un mois de la présidentielle américaine, dont l’issue incertaine fait craindre, à Kyiv, pour la pérennité du soutien américain.
La perspective d’une victoire de Donald Trump a pour autant été minimisée par le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, à Londres. « Arrêtez de vous inquiéter d’une présidence Trump », a-t-il lancé aux journalistes.
« Je suis absolument convaincu que les États-Unis seront partie prenante, parce qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement de l’Ukraine qu’il s’agit, mais aussi d’eux-mêmes », a ajouté le chef de l’OTAN.
À Londres jeudi matin, le président Zelensky a présenté les détails de son « plan de victoire » face à la Russie au premier ministre britannique Keir Starmer et Mark Rutte, selon un communiqué de la présidence ukrainienne.
Ce plan « vise à créer les conditions propices pour une fin juste de la guerre », a déclaré le dirigeant ukrainien dans le communiqué. « L’Ukraine ne peut négocier qu’en ayant une position forte ».
Ce plan doit être dévoilé lors d’un deuxième sommet pour la paix, attendu en novembre, mais dont la date n’a pas été confirmée par Kyiv.
Missiles à longue portée
Volodymyr Zelensky a de nouveau insisté jeudi sur « la nécessité d’obtenir l’autorisation de frapper profondément sur le territoire russe » avec les armes longue portée, fournies notamment par le Royaume-Uni.
Le dirigeant réclame depuis des mois l’autorisation d’utiliser les missiles à longue portée Storm Shadow britanniques pour atteindre des cibles à l’intérieur du territoire russe.
Mais Mark Rutte a appelé, après la rencontre trilatérale, à « ne pas se focaliser sur un seul système d’armes », estimant qu’aucun d’entre eux ne ferait « la différence ».
Le premier ministre britannique a lui « réitéré le soutien sans faille [du Royaume-Uni] à l’Ukraine face à l’agression militaire de la Russie ».
Le Royaume-Uni est l’un des principaux soutiens de Kyiv depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022. C’est la deuxième fois que le président ukrainien vient à Londres depuis que le travailliste est arrivé au pouvoir le 4 juillet.
Coûteux armements
Cette tournée européenne intervient alors que les troupes russes poursuivent leur progression dans l’Est ukrainien.
L’armée russe a affirmé jeudi avoir frappé deux lanceurs de systèmes antiaériens américains Patriot, de coûteux et précieux armements livrés à l’Ukraine pour faire face aux bombardements quotidiens des forces du Kremlin.
Vendredi, le président ukrainien sera reçu à Berlin par le chancelier Olaf Scholz, dont le gouvernement a prévu de réduire de moitié en 2025 son aide militaire bilatérale à l’Ukraine, au grand dam de Kyiv.
L’institut de recherche allemand Kiel Institute a alerté jeudi sur une possible chute de l’aide occidentale à l’Ukraine l’année prochaine.
Le retour éventuel de Donald Trump à la Maison-Blanche « pourrait bloquer de futurs plans d’aide au Congrès », met en garde l’institut, qui recense l’aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l’Ukraine.
Selon ses projections, les aides militaire et financière s’élèveraient respectivement à 59 et 54 milliards d’euros (89 et 81 milliards de dollars canadiens) en 2025 si les donateurs occidentaux maintenaient leur niveau d’aide. A contrario, elles chuteraient de moitié, à 29 et 27 milliards d’euros (43,5 et 40,5 milliards de dollars canadiens), sans nouvelle aide américaine et si les donateurs européens s’alignaient sur l’Allemagne.
Le président Zelensky, qui arpente les chancelleries occidentales depuis plus de deux ans et demi, a déploré ces dernières semaines la lenteur des prises de décision de ses alliés.
En attendant, les forces russes avancent petit à petit dans la région de Donetsk vers Pokrovsk, nœud logistique pour les troupes ukrainiennes.
Sur le champ de bataille, des soldats ukrainiens ont exprimé auprès de l’AFP leurs doutes concernant l’offensive dans la région russe de Koursk.
« S’il s’agit d’une opération à court terme, elle nous renforcera », a dit à l’AFP Bogdan, un soldat interrogé à Druzhkivka, près de Kramatorsk. « S’il s’agit d’une opération à long terme et que nous prévoyons de rester à Koursk, cela épuisera nos principales ressources ». [AFP]