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Etats-Unis : le procès de Derek chauvin débute avec des jurés sélectionnés

Mercredi 10 Mars 2021

Le policier blanc Derek Chauvin est accusé d’avoir tué le quadragénaire noir le 25 mai à Minneapolis, en maintenant son genou sur son cou pendant près de neuf minutes. Il est poursuivi pour « meurtre » et « homicide involontaire ».

Remis en liberté sous caution, il s’est présenté mardi devant la justice vêtu d’un costume gris et armé d’un carnet, sur lequel il a consciencieusement pris des notes, tandis que les jurés potentiels passaient sur le gril.  

Compte-tenu des passions suscitées par ce dossier, qui a déclenché un débat de fond sur la police et le racisme aux États-Unis, la sélection du jury relève du casse-tête.

Sur les neuf premières personnes auditionnées mardi, toutes ont reconnu avoir eu vent de l’affaire. « C’était tout le temps à la télé », a souligné l’une d’elles. Certaines ont admis avoir forgé leur opinion, ont critiqué la police. D’autres ont au contraire salué son travail.

Plusieurs jurés potentiels ont confié être inquiets pour leur sécurité. Leur anonymat est pourtant protégé et les caméras qui filment les audiences doivent les garder hors-cadre. Seuls deux hommes blancs et une jeune femme métisse ayant un oncle policier ont convaincu les parties de leur impartialité. Ils reviendront devant le tribunal le 29 mars pour le début des débats de fond.

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« Nous sommes contents que la procédure judiciaire ait commencé », a déclaré à l’AFP Shareeduh Tate, une cousine de George Floyd qui représentait sa famille dans la salle d’audience.

Cette femme de 50 ans, venue exprès du Texas, a rappelé que la mort de son cousin avait déclenché des manifestations monstres dans tous les États-Unis et au delà. « Cette réaction, le mouvement créé, me rendent optimiste dans le fait que l’issue du procès sera différente » du passé, a-t-elle confié.

Jusqu’ici, les policiers américains faisaient rarement l’objet de poursuites pour usage excessif de la force et étaient encore moins souvent condamnés, les jurés ayant souvent tendance à leur accorder le bénéfice du doute.

Mais, après la mobilisation de l’été, « j’ai confiance dans les procureurs et je suis à peu près sûre qu’on aura un jury juste et impartial », a estimé Mme Tate. Elle a toutefois admis que « la simple vidéo du drame ne suffirait pas à obtenir d’emblée la condamnation » de Derek Chauvin.

Le 25 mai, cet homme de 44 ans, dont 19 dans les rangs de la police de Minneapolis, était intervenu avec trois collègues afin d’arrêter George Floyd, soupçonné d’avoir utilisé un faux billet de vingt dollars pour s’acheter un paquet de cigarettes.

Le policier était resté agenouillé sur le quadragénaire, menotté et plaqué au sol, malgré ses supplications et celles de passants effarés. Alertées par une vidéo du drame, des foules sont descendues dans les rues, de Miami à Los Angeles, mais aussi à Londres, Paris ou Sydney en clamant « Black Lives matter » (Les vies noires comptent).

La phase d’examen des jurés potentiels, dite « voir dire », reprendra mercredi et durera trois semaines. Elle permet aux parties d’écarter « les dangers potentiels pour leur cause » mais aussi de tester leurs arguments, selon Steve Tuller, un consultant spécialisé dans cet exercice.

« La cause de la mort de George Floyd fait l’objet d’une forte controverse », a de fait déclaré mardi Eric Nelson, l’avocat de Derek Chauvin. Il compte plaider que son client n’est pas responsable du décès de l’Afro-Américain, mort, selon lui, d’une overdose au fentanyl.

L’autopsie a montré qu’il avait consommé cet opiacé de synthèse, mais identifié la « compression de son cou » comme cause de la mort. L’accusation soutiendra pour sa part que Derek Chauvin a fait un usage excessif de la force en connaissance de cause.  

Dans des documents judiciaires, elle a notamment souligné qu’il avait maintenu son genou sur le cou du quadragénaire, même une fois celui-ci inconscient et son pouls indétectable.

Le verdict ne devrait pas être rendu avant fin avril. (AFP)
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