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Faux billets de 10 000 CFA en circulation : les clients otages des banques

Lundi 24 Juillet 2017

Dur d’être client des banques en ces temps où les «manipulations» sur l’existence de vrais faux billets sont dénoncées par la Bceao dans un communiqué, avec des agences qui avouent ne pas disposer de détecteur de faux billets. Mais entre les fantasmes et la réalité, la vérité n’est jamais loin. Ci-dessous, l’histoire d’un vrai client de la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs) à qui une caissière en chair et en os a remis un vrai faux billet faufilé entre plusieurs liasses… Voici les faits.


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A quel billet de dix mille francs Cfa se fier ? La situation n’est pas alarmante à ce sujet mais elle requiert désormais une autre attention des autorités en charge du contrôle de la qualité de la masse monétaire en circulation. Nouvel Hebdo a eu accès à un cas concret qui mérite plus que de simples déclarations de presse.
 
Le mardi 4 juillet 2017 dernier, un client franco-sénégalais de la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs), en vacances à Dakar, fait un retrait de 20 millions de francs Cfa à l’agence située entre Sacré-Cœur 2 et Sacré-Cœur 3.
 
Le lendemain, il se rend à la Bicis Place de l’Indépendance pour y déposer le même paquet de billets. Au cours de la vérification, un des billets de la liasse est rejeté par le détecteur de billets : c’est un faux. Le reste de la somme mise en dépôt est encaissée par l’agent de la banque.
 
Le surlendemain, soit jeudi 6 juillet, le client retourne à l’agence de la Sgbs pour faire une réclamation auprès du chef d’agence. Ce dernier lui présente ses excuses, certes, reconnaît notre source. Mais cela s’arrête là.
 
«Il ne m’a fait aucune proposition de remboursement.» On passe… Et afin que le faux billet ne fasse plus le malheur d’un autre usager, le client dit avoir fortement insisté pour sa destruction séance tenante, ce qui serait une règle écrite que le banquier ne peut ignorer, se justifie-t-il. Pour toute réponse, le chef d’agence estampille un «Faux» sur la coupure, puis lui remet un exemplaire photocopié… Un geste que les ultras de la billetophilie auraient certainement peu apprécié.
 
Pour les besoins d’une autre opération, notre fameux client retourne à la même agence de la Sgbs le mercredi 12 juillet. Il refait un retrait de 2,2 millions de francs Cfa. «La caissière m’a remis la somme sans passer par le processus de détection de faux billets éventuellement enfouis entre les liasses», explique-t-il. 
 
Ce procédé pose problème. Il pénalise gravement les clients et eux seuls: autant la banque passe systématiquement au crible les billets qui lui sont versés, autant elle se donne le droit de ne pas s’entourer de ce même principe de précaution lorsque c’est elle qui libère des liasses au profit de ses clients. « Les banquiers se protègent bien, mais ils n’en font pas de même avec leurs clients », constate notre interlocuteur. A juste raison d’ailleurs.
 
Car, dès que les 2,2 millions de francs Cfa lui sont remis, il insiste pour qu’ils soient passés au détecteur. Mais la caissière lui rétorque: «l’agence n’en est pas équipée, monsieur. » Peu satisfait par cette réplique, le client revient à la charge.
 
«Madame, et s’il y avait encore des faux billets dans la somme que vous venez de me remettre, on ferait quoi ? ». Elle ne rétracte pas : «(encore une fois, monsieur), nous n’avons pas de détecteur ici. Allez voir le chef d’agence.»
 
Ce dernier, interpellé dans son bureau, tente de rassurer son client: «ce sont des billets qui nous viennent exclusivement de la Banque centrale (Bceao). Donc s’il y a des faux billets, la responsabilité leur incombe exclusivement.» Fermez le ban !
 
La Bceao : «c’est compliqué ! »
Le jeudi 13 juillet, nous sommes entrés en contact avec la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. En lieu et place du service de communication réclamé, c’est une dame des «services généraux» qui nous sert d’interlocutrice. Nos préoccupations lui sont exposées en détail. «Comment se fait-il qu’une banque puisse remettre des faux billets à un client ? »
 
De manière lapidaire, elle répond: «c’est compliqué, ce que vous me racontez là. Normalement, la banque doit disposer d’un appareil de détection.» Elle n’en dira pas plus, sa gêne étant nettement perceptible au bout du fil.
 
Dans la foulée, nous tentons de joindre la Bicis de l’avenue Senghor. Sans succès en dépit de plusieurs tentatives avec des numéros de téléphone dont l’un nous a été communiqué par un agent de la banque.
 
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