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Fermeture de bases militaires : Les Etats-Unis "pas concernés" mais ont hâte de poursuivre la coopération avec le Sénégal (diplomate)

Vendredi 3 Janvier 2025

La décision des autorités sénégalaises de fermer toutes les bases militaires étrangères sur leur sol fait une victime de taille, la France. Sur les flancs, les Etats-Unis soutiennent ne pas être concernés. Ils tablent plutôt sur une intensification des rapports militaires avec le Sénégal auquel le lie un accord de coopération en matière de défense depuis 2016.

Le président Bassirou Diomaye Faye recevant en audience le sous-secrétaire d'Etat américain Kurt Campbell (photo: ambassade des Usa)
Le président Bassirou Diomaye Faye recevant en audience le sous-secrétaire d'Etat américain Kurt Campbell (photo: ambassade des Usa)

« Il n’y a pas de bases militaires américaines au Sénégal. Et il n’y en a jamais eu. » La précision émane du porte-parole de l’ambassade américaine à Dakar interpellé par le site www.impact.sn après l’annonce par le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye de la fermeture en 2025 de toutes les bases militaires de pays étrangers. 

 

Dans un discours solennel délivré au soir du 31 décembre 2024, le chef de l’Etat sénégalais a décrété « la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025. » En filigrane, l’objectif visé par les autorités sénégalaises est la restitution intégrale de toutes les bases militaires étrangères et de leurs emprises à l’Etat du Sénégal. Une formule sans appel qui éviterait l’installation continue de zones grises autour des bases récupérées. 

 

Cette décision est à mettre en corrélation avec la production annoncée d’une « nouvelle doctrine en matière de défense et sécurité » plus en phase avec les options et orientations souverainistes du pays depuis le changement de régime d’avril 2024. La nouvelle architecture de défense et de sécurité sera proposée par le ministre des Forces armées, le général Birame Diop. 

 

Du point de vue des Etats-Unis d’Amérique, la décision souveraine du gouvernement sénégalais ne changera pas substantiellement la poursuite de la coopération  militaire entre les deux pays. En effet, Washington, contrairement à la France, ne se sent pas concernée. 

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Certes, dans la zone militaire de Ouakam-Yoff, les soldats américains sont bien présents, en particulier dans l’emprise militaire de l’aéroport Leopold Sédar Senghor contrôlée par l’armée de l’Air sénégalaise depuis l’ouverture de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Diass en décembre 2017. A cet égard, le diplomate américain fait le commentaire suivant :

 

« Il n'y a pas de base militaire américaine dans la zone militaire de Ouakam. L'Aéroport International Léopold Sédar Senghor de Dakar joue un rôle important dans le soutien des opérations logistiques conjointes entre nos deux pays, mais l'aéroport et la zone militaire sont entièrement détenus et gérés par le gouvernement du Sénégal. Le personnel militaire américain mène périodiquement des activités en soutien à notre partenariat de sécurité bilatéral sur la base de l'Armée de l'air sénégalaise, avec l'accord et l'autorisation complets de nos partenaires sénégalais et conformément aux accords de coopération en matière de défense entre le Sénégal et les États-Unis. »

 

Depuis mai 2016, le Sénégal et les Etats-Unis sont liés par un accord de coopération militaire à long terme voté par l’assemblée nationale et ratifié par le président Macky Sall. Il permet le déploiement de troupes américaines sur le territoire sénégalais en cas d’attaques terroristes, pour juguler des crises humanitaires ou répondre à des catastrophes naturelles. C’était dans le contexte d’une recrudescence forte du terrorisme dans le Sahel. 

 

« Cet accord concerne la coopération en matière de défense, le statut des forces des Etats-Unis et l’accès aux installations et zones convenues ainsi que leur utilisation en République du Sénégal », indique l’Exposé des motifs de la loi entrée en vigueur en 2016. 

 
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Le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko et l'ambassadeur des USA à Dakar Michael Raynor, le 21 mai 2024 au cours d'une audience à la Primature.

Pour l’ambassade américaine à Dakar, le meilleur pour les deux pays est à venir. « Nous avons hâte de poursuivre notre partenariat de sécurité solide et dynamique avec le Sénégal pendant de nombreuses années à venir », assure le porte-parole de la mission  diplomatique Us.

 
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Dans ses propos du 31 décembre 2024, le président Bassirou Diomaye Faye a souligné que « tous les amis du Sénégal seront traités comme des partenaires stratégiques, dans le cadre d’une coopération ouverte, diversifiée et décomplexée. » 

 

Pour le porte-parole de l’ambassade américaine, c’est une aubaine. « Les militaires américains et sénégalais participent régulièrement à des formations et des exercices conjoints qui se déroulent aux Etats-Unis, au Sénégal et dans d’autres pays de la région de l’Afrique de l’Ouest. » 

 

Aujourd’hui, Washington revendique la formation de « plus de 1000 militaires sénégalais » depuis 1965 à travers le Programme international de formation et d’entrainement militaire (IMET), « l’un des plus solides en Afrique Subsaharienne », lit-on sur le site de l’ambassade Us au Sénégal. 

 

A en croire le porte-parole diplomatique américain, « ces activités collaboratives font partie de notre partenariat en matière de sécurité.» Elles ont pour objectif de « renforcer les capacités de nos deux armées pour relever des défis communs et améliorer la stabilité régionale. » 

 

A moins que l’incontrôlable Donald Trump qui s’apprête à reprendre possession de l’Amérique à travers une nouvelle Administration le 20 janvier 2025 ne bouscule tout. 

 

« Rassurez-vous, nous confiait un diplomate américain de passage à Dakar en 2024, Trump fait du business à sa manière. Il ne touchera à rien qui soit compatible avec l’intérêt direct des Etats-Unis dans le monde. »

 
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